L’ouverture de l’audience relative à l’examen des restrictions imposées à la libération de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé a donné lieu à une intense bataille juridique entre les avocats de l’ancien président ivoirien et les représentants de l’État de Côte d’Ivoire.
Procès Gbagbo: Me Jennifer Naouri déchire les arguments de l’ Etat de Côte d’Ivoire
Ils ne se sont pas fait de cadeau à l’entame de l’audience relative à l’examen des conditions imposées à la libération de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé jeudi 6 février 2020, devant la chambre d’appel de la Cour pénale internationale.
La défense de l’ancien président ivoirien et les représentants de l’État de Côte d’Ivoire se sont livrés à une intense bataille juridique devant cette cour, selon la position défendue par chaque camp.
Pour Me Jennifer Naouri, au nom de la défense de Laurent Gbagbo, Me Jean-Pierre Benoît et son équipe d’avocats se fondent sur des narratifs des partisans de l’actuel chef de l’État ivoirien, pour prétexter qu’un retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo, pourrait être source de désordre.
« L’argument selon lequel le retour de Gbagbo sera facteur de désordre en Côte d’Ivoire est un faux argument », a-t-elle indiqué.
Selon elle, derrière leur intention (les représentants de l’État de Côte d’Ivoire), se cache une volonté manifeste de s’opposer au retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo.
Ce qui ferait à coup sûr les affaires de leur mandant, l’actuel chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara, dans le cadre de la prochaine élection présidentielle.
« Oui Alassane Ouattara veut empêcher tous les opposants de se présenter aux élections présidentielles en Côte d’Ivoire. C’est pourquoi les députés sont arrêtés et jetés en prison, et même M. Soro Guillaume, allié de Ouattara, pourchassé », a-t-elle soutenu.
Le vrai sens de l’intervention des avocats de l’Etat de Côte d’Ivoire à la CPI, a poursuivi Me Jennifer Naouri, est d’empêcher Laurent Gbagbo de retourner dans son pays et de jouir de ses droits inaliénables.
«M. le juge, nous vous demandons d’ignorer purement l’intervention et les arguments des avocats du gouvernement de Côte d’Ivoire », a-t-elledéclaré.
Soutenant, vidéo à l’appui, que le chef de l’État Alassane Ouattara avait lui-même récemment indiqué qu’il n’avait jamais mandaté des avocats à intervenir à la CPI.
Pour rappel, les avocats de l’État ivoirien disent être opposés à une liberté totale accordée à Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé au motif que la mise en liberté sans conditions de l’ancien président pourrait non seulement affecter gravement le droit des victimes, mais aussi être facteur de désordre.