Avocat de Charles Blé Goudé, Me Kouadio N’Dri Claver se souvient de la « pression » qui montait en chacun et qui « se percevait sur nos visages » lors de l’ouverture du procès en janvier 2016 dans l’affaire Le Procureur c. Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé à la Cour pénale internationale (CPI).
Me N’Dri Claver: « Ce n’est pas facile d’être un avocat pénaliste dans des dossiers pareils »
Le procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, alors poursuivis pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, commis lors de la crise postélectorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire, s’est ouvert, le 28 janvier 2016, à la CPI à La Haye (Pays-Bas). Le procès s’était ouvert avec la lecture des charges retenues à l’encontre de MM. Gbagbo et Blé Goudé. Il s’était agi, ce jour-là, pour le juge président Cuno Tarfusser, de s’assurer auprès du Conseil de la Défense de M. Gbagbo, Emmanuel Altit, et du Conseil de la Défense de M. Blé Goudé, Geert-Jan Alexander Knoops, que les accusés avaient bien compris la nature des charges portées à leur encontre. 5 années plus tard, Me N’Dri Claver qui a participé à ce procès achevé par l’acquittement définitif des deux Ivoiriens, revient sur les temps forts de la première journée dans une publication sur les réseaux sociaux. Récit.
Me N’Dri Claver: « La pression montait en chacun et cela se percevait sur nos visages »
Ce 28 janvier 2016, lorsque je me suis réveillé après un court sommeil, j’ai fait ma prière habituelle. Après ce rendez-vous quotidien avec le Créateur incréé, je suis allé sur YouTube pour écouter quelques chants chrétiens de louanges. Cela me donnait du tonus. Les chants me plongeaient dans un univers du Tout est possible à celui qui croit. Le hasard existe-t-il ? C’est possible. Mais moi j’ai toujours pensé que tout avait un sens. Une explication que les initiés décodent. Ce 28 janvier 2016, lorsque j’ai ouvert YouTube, j’ai vu afficher le titre d’une chanson qui m’a accroché: « Ils ont échoué » d’un homme de Dieu appelé Olivier Boni. J’écoute les paroles. Elles me font du bien. Pourquoi est-ce que c’est seulement ce matin que je découvre ce chant ? Il y a pourtant cinq ans qu’il était en ligne ( https://youtu.be/Oxy78AKxWFo). La nature est une messagère.
C’est dommage que nos esprits ne soient plus disposés à l’écouter. Les circonstances nous parlent. « Ils ont échoué ». Quel message en ce premier jour de ce procès historique ? Je n’ai pas commandé spécialement ce chant. La Nature me parle. Le hasard n’existe pas. J’en suis convaincu. « Ils ont échoué », ce chant chrétien ne m’annonce-t-il pas un événement déjà conçu dans les hauteurs spirituelles et qui ne restent plus qu’à se manifester au temps fixé ? C’est avec ce chant, écouté plusieurs fois, que je suis entré dans l’auguste bâtiment de la Cour Pénale Internationale. « Ils ont échoué ». J’aperçois une foule immense. Ce sont des Ivoiriens et des Africains qui sont venus de partout pour assister à ce grand rendez-vous. Les journalistes sont bien sûr présents. Il y a du beau monde à la Haye dans ce froid terrible. Mais le froid ne peut pas arrêter les passionnés de la justice.
« Je n’ai jamais plaidé devant une juridiction internationale »
Ils veulent savoir ce que la Cour Pénale Internationale va décider dans la crise Ivoirienne. Pour éviter la foule, j’ai contourné le bâtiment pour une entrée spécialement réservée au personnel de la Cour. L’équipe de défense avait prévu une rencontre pour les derniers réglages avant le début du procès. La pression montait en chacun et cela se percevait sur nos visages. Ce n’est pas facile d’être un avocat pénaliste dans des dossiers pareils. La vie de vos clients se joue avec votre expertise. Tout ce qui sort de notre bouche doit être mesuré. Toutes les hypothèses défilent dans mon imagination. Pour atténuer cette pression qui ne cesse pas de monter, j’ai mon casque et j’écoute cette chanson: « Ils ont échoué ». Elle me fait du bien. Elle m’apaise. Elle me donne la force. Je la répète. C’est mon stimulant. J’ai Dieu avec moi. Je n’échouerai pas. Je soulèverai cette montagne.
Je la briserai car Celui qui est en moi est le plus fort. La confiance s’installe au fur et à mesure. Ceux qui sont habitués à ces grandes rencontres savent de quoi je parle. Les footballeurs dans une finale comprennent très bien ce que je dis. Je pénètre dans la salle d’audience. Tout le monde est là. Le bureau du procureur est présent. Une bonne équipe. Les bruits de couloir nous sont parvenus. Il semblerait que les meilleurs éléments de ce bureau ont été choisis pour notre affaire. Les rompus de la procédure judiciaire internationale. Ceux qui ont été dans les tribunaux pénaux spéciaux. Contre ces palmarès éloquents, je présente ma petitesse devant Yahvé. Je viens de l’université d’Abidjan Cocody. J’appartiens au barreau de Côte d’Ivoire. Je n’ai jamais plaidé devant une juridiction internationale. Mais…(rendez-vous le 02 février 2022 pour la suite sur ma page Facebook).
KNC
Y a Dieu dedans.