Avocate des femmes et des homosexuels en Afrique, Osvalde Lewat est devenue la première lauréate du Grand Prix panafricain de littérature avec Les Aquatiques, son premier roman.
Grand Prix panafricain de littérature: Osvalde Lewat empoche une cagnotte de 30 000 dollars de récompense
Photographe et documentariste, Osvalde Lewat signe avec Les Aquatiques une récompense majeure comme lauréate du « Grand Prix panafricain de littérature ». Le prix a été attribué lundi 24 janvier à Kinshasa, au Congo, à l’occasion de la Journée mondiale de la culture africaine et afrodescendante.
Lancée par la présidence congolaise de l’Union africaine (UA), la première édition de ce prix, récompense l’écrivaine franco-camerounaise pour son engagement en faveur de la tortueuse émancipation de la femme en Afrique.
Osvalde Lewat ose affronter avec ce premier roman l’un des tabous ultimes des sociétés africaines contemporaines : l’homosexualité. D’une écriture au scalpel, elle dépeint cette folie collective qui se déchaîne lorsqu’une communauté se croit menacée par les mutations du monde.
Le roman raconte les errements d’une « épouse de », prisonnière des ambitions d’un mari dévolu à l’Etat imaginaire du Zambuena. Plongée dans la cruauté d’une dictature qui ne dit pas son nom. L’écrivaine franco-camerounaise suit les trajectoires de Katmé Abbia. Vingt ans après la mort de sa mère, l’enseignante apprend que sa tombe doit être déplacée.
Son mari, Tashun, préfet de Yaoundé, voit là l’occasion inespérée de réparer ses erreurs et de donner un nouvel élan à sa carrière politique. Mais avec l’arrestation de son meilleur ami Samy, un artiste tourmenté, la vie de Katmé et les ambitions de Tashun entrent en collision.
« L’affaire Samuel Pankeu » tourne à la chasse aux sorcières à travers tout le pays. Le verrou de la violence explose des semaines plus tard, le jour de la libération de l’artiste : manipulée par les médias, la population des Aquatiques déverse sa haine contre lui. Ni Samuel, ni Katmé ne s’en remettront.
L’écrivaine née le 17 septembre 1976 à Garoua au Cameroun est auteure de plusieurs films documentaires et œuvres photographiques.
Fille d’un directeur d’une filiale du groupe français Pechiney spécialisée dans la transformation de l’aluminium, à Douala, grâce à sa mère, l’adolescente se passionne pour la lecture et le cinéma. Après le baccalauréat, elle intègre une école de journalisme.
Elle est diplômée de Sciences Po Paris et de l’École supérieure des sciences et techniques de l’information et de communication de Yaoundé (ESSTIC).
Elle suit des stages de formation à l’image à la Femis à Paris et à Institut national de l’image et du son (INIS) de Montréal. Lors de son stage à l’INIS, en 2000, elle tourne Le Calumet de l’espoir, son premier court-métrage, avec des Amérindiens.
En 2003, elle réalise Au-delà de la peine, le portrait d’un prisonnier condamné à quatre ans de prison et laissé dans les geôles de son pays, le Cameroun, pendant trente-trois ans. Deux ans plus tard, au Congo-Kinshasa, la situation des femmes violées pendant la guerre est le sujet d’Un amour pendant la guerre, qui dénonce la démission et la passivité de l’État devant les horreurs dont sont victimes les femmes.
En 2007, son long-métrage documentaire, Une affaire de nègres, revient sur l’histoire d’une unité spéciale des forces de l’ordre au Cameroun qui a fait plus d’un millier de victimes : face au banditisme qui sévit à Douala, cette unité paramilitaire de la police a pour mission de terroriser les acteurs d’actes illégaux et procède à des exécutions sommaires sans chercher à établir au préalable une éventuelle culpabilité, ce qui est considéré par une partie de la population comme des dommages collatéraux inévitables.
Notons que le Grand prix panafricain de littérature de l’Union africaine qui a pour ambition de récompenser chaque année la meilleure œuvre littéraire de fiction (roman, conte, nouvelle, poésie, théâtre…) est doté d’une cagnotte de 30 000 dollars.