Par la voix de son Premier ministre, Colonel Abdoulaye MAIGA, le Mali a sèchement répondu au président ivoirien Alassane Ouattara, suite à son discours tenu, le mercredi 21 septembre 2022 à New York, lors du Débat général de la 77ème Session de l’Assemblée générale des Nations unies sur le thème « Un tournant décisif : des solutions transformatrices face à des défis intriqués».
Colonel Abdoulaye MAIGA, Premier ministre malien: « Excellence M. le Président Ouattara, vos conseils nous rappellent la triste histoire du chameau qui se moque de la bosse du dromadaire »
Intervenant lors de la 77ème Assemblée générale de l’ONU, le Président Alassane Ouattara a, à nouveau, appelé la junte militaire au pouvoir au Mali à libérer, sans délai, les 46 soldats ivoiriens injustement détenus depuis le 10 juillet 2022 alors qu’ils étaient en déploiement en qualité de 8ème détachement de l’Élément de soutien national (NSE) au sein de la MINUSMA au Mali.
Dans ce contexte de lutte contre le terrorisme, Alassane Ouattara s’est réjoui de la participation de la Côte d’Ivoire à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA) et à la Mission des Nations Unies en République Centrafricaine (MINURCA).
« Je salue le professionnalisme des contingents ivoiriens déployés dans ces opérations. Je m’incline devant la mémoire des soldats ivoiriens morts pour servir la cause de la paix dans le pays frère du Mali, qui a résolument besoin de l’engagement de tous à ses côtés dans sa lutte contre les groupes terroristes armés », a-t-il relevé.
Alassane Ouattara a ainsi encouragé les autorités maliennes à concentrer leurs efforts sur la lutte contre le terrorisme et à mettre en œuvre, de façon résolue, les différentes étapes du chronogramme de la transition, ainsi que les réformes politiques et institutionnelles en vue des élections présidentielles prévues en février 2024, pour le bien-être du peuple malien.
À son tour de parole ce samedi 24 septembre 2022, Colonel Abdoulaye MAIGA, Premier ministre, Chef du Gouvernement du Mali, n’a pas du tout été tendre avec le chef de l’Etat ivoirien. Ci-dessous, de larges extraits de son speech musclé contre le président Alassane Ouattara.
La réponse musclée du Mali au président ivoirien Alassane Ouattara
« (…) Je saisis cette opportunité qui m’est offerte pour remercier chaleureusement notre respecté aîné, SE le Président Alassane Ouattara pour les sages et éclairés conseils, qu’il nous a prodigués dans son allocution mémorable à cette 77ème session de l’Assemblée Générale des Nations Unies.
Je voudrais le rassurer que les Autorités de la Transition malienne, n’ont d’autres objectifs que de faire des réformes politiques et institutionnelles, avant d’organiser des élections, tout en luttant obstinément contre le terrorisme. Ces réformes permettront d’améliorer la gouvernance et toutes les dispositions seront prises pour que la démocratie malienne soit la plus enviée au monde.
Dans ce chantier, nous prêterons une attention particulière au 3ème mandat qui ne sera pas possible. Pour un public moins averti, le 3ème mandat consiste pour un Président de la République d’effectuer une manœuvre en 4 temps, en vue de conserver le pouvoir pour lui seul et son clan :
– Premier temps: Presqu’en fin de second mandat, donc en principe, non rééligible, il s’agit pour le Président de la République sortant, de déclencher une révision constitutionnelle de manière non consensuelle ;
– Deuxième temps : au cours de cette révision constitutionnelle, le Président de la République sortant modifiera quelques dispositions constitutionnelles ;
– Troisième temps : une fois la nouvelle Constitution adoptée, sur fond de crise politique naturellement, le Président sortant devient candidat, en violation de la limitation du nombre de mandat à deux. Sa candidature est alors justifiée par l’adoption de la nouvelle constitution et le prétexte est tout trouvé : la limitation du nombre de mandat à deux concernait l’ancienne constitution. Par conséquent, il est candidat au regard de la nouvelle Constitution adoptée.
– Quatrième temps : une farce électorale est organisée. Forcément, il remporte les élections et s’en suit une chasse impitoyable aux opposants politiques, dont certains sont arrêtés, d’autres s’exilent, et d’autres assassinés. Les allégeances sont obtenues grâce au pouvoir de l’argent, le clientélisme et les intimidations. Dans un langage plus simplifié et en référence à une métaphore footballistique, le 3ème mandat est une magie, c’est l’art de se dribbler soi-même tout en gardant le ballon.
Excellence M. le Président Ouattara, vos conseils nous rappellent la triste histoire du chameau qui se moque de la bosse du dromadaire(…) ».