Au Togo, la dette publique a atteint un niveau préoccupant à la fin de l’année 2024, s’établissant à 4217,73 milliards de francs CFA. Ce montant représente 69,16 % du Produit Intérieur Brut (PIB) du pays, selon les récentes données publiées par le ministère des Finances dans son rapport annuel. Cette situation place la dette togolaise à un niveau très proche du seuil communautaire de 70 % fixé par l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA).
Hausse significative de la dette publique
L’augmentation de la dette publique togolaise de 2,51 points de pourcentage entre 2023 (66,65 %) et 2024 s’explique principalement par deux facteurs majeurs. Le ministère des Finances souligne que les besoins de financement liés à la crise sécuritaire persistante dans les régions septentrionales du pays ont exercé une pression considérable sur les finances publiques. De plus, les mesures sociales mises en œuvre par le gouvernement pour atténuer les effets de la vie chère sur la population ont également contribué à cette augmentation.
Sur une période plus longue, de 2020 à 2024, la dette totale du Togo a connu une croissance soutenue et significative. Elle est passée de 2555,45 milliards de francs CFA à 4217,73 milliards de francs CFA en seulement quatre ans. « Cette progression est particulièrement marquée au niveau de la dette extérieure », indique le rapport, qui a bondi de 981,28 à 1785,17 milliards de francs CFA, soit une augmentation de 82 %.
En comparaison, l’accroissement de la dette intérieure s’est avéré plus modéré au cours de cette même période. Elle a atteint 2432,56 milliards de francs CFA en 2024, contre 1574,17 milliards de francs CFA en 2020. Cette évolution met en lumière une dépendance croissante du Togo vis-à-vis du financement extérieur pour ses besoins budgétaires et ses projets de développement.
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Impact sur le service de la dette
L’augmentation substantielle de la dette publique a naturellement entraîné une hausse du service de la dette pour le Togo. Le service de la dette représente les sommes qu’un État doit débourser pour rembourser le capital emprunté et payer les intérêts correspondants. En 2023, le Togo a ainsi payé 797,19 milliards de francs CFA au titre du service de sa dette.
Ce montant est supérieur de 12,91 % à celui enregistré en 2022, ce qui témoigne d’une pression financière grandissante. Ces paiements se sont répartis entre le remboursement du principal, qui s’est élevé à 399,17 milliards de francs CFA, et les charges d’intérêts et commissions, qui ont représenté 153,02 milliards de francs CFA. « Cette situation traduit une pression croissante sur les finances publiques du pays », note le ministère des Finances.
Malgré cette trajectoire ascendante de la dette, les autorités togolaises affirment leur détermination à maintenir la dette dans des limites jugées viables. Une stratégie de consolidation budgétaire a été engagée dans cette optique. L’objectif principal de cette stratégie est de contenir le déficit budgétaire à 3 % du PIB dès l’année 2025. Le gouvernement considère cette mesure comme essentielle pour préserver la soutenabilité de la dette à moyen et long terme.
Dans le cadre de sa stratégie de financement, le Togo continue de solliciter les marchés financiers. En 2024, le pays a levé un montant de 486,77 milliards de francs CFA sur ces marchés. Pour l’année en cours, les prévisions indiquent une intention de mobiliser 332 milliards de francs CFA spécifiquement sur le marché financier régional de l’UEMOA. Cette démarche vise à diversifier les sources de financement tout en s’appuyant sur les ressources disponibles au sein de l’Union.