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- Ces affirmations visaient à faire croire que la liste électorale est truffée d’irrégularités, et à faire douter de la fiabilité du processus électoral.
- Qui est ciblé par cette prolifération des « fake news » : le pouvoir bien sûr, mais aussi les institutions, l’armée et la France, l’alliée historique de la Côte d’Ivoire.
- Un soutien des géants du numérique dans ce combat contre la désinformation est indispensable.
En Côte d’Ivoire, le processus électoral qui ouvert dans le de l’élection présidentielle d’octobre 2025 est jonché de « fake news ». Lors de la publication de la liste électorale provisoire, la Commission Electorale indépendante ivoirienne (CEI) s’est vu accusée de »manipulation » de la liste électorale, avec certains internautes affirmant avoir retrouvé leurs noms sur cette liste électorale, alors qu’ils ne s’étaient « jamais inscrits ou voté en Côte d’Ivoire » auparavant.
Ces affirmations visaient à faire croire que la liste électorale est truffée d’irrégularités, et à faire douter de la fiabilité du processus électoral.
Pour répondre à ces accusations, a CEI a créé une page spéciale « Fact Checking » sur Facebook. Point par point, elle déconstruit les stratégies de désinformation qui vise à jeter le discrédit sur la CEI, donc sur le scrutin présidentiel.
Les « fake news » qui se multiplient en Côte d’Ivoire sont, pour la plupart, liées à des officines étrangères. Mohamed Kébé, journaliste fack-checkerivoirien, donne deux exemples révélateurs de la manipulation de l’information : 1) l’arrivée de 700 militaires français en Côte d’Ivoire pour sécuriser les élections 2) la présence de légionnaires français sur le territoire ivoirien venus former des soldats ivoiriens afin d’attaquer le Burkina Faso.
Tout ceci est faux, mais dès qu’une « fake news » se répand de façon virale il est difficile de l’arrêter, car elle est sans cesse relayée par les architectes du chaos.
Permettez-moi de citer Assane Diagne, le Rédacteur en Chef de The Conversation, qui a été le premier rédacteur en chef de Africa Check, la principale organisation de factchecking en Afrique francophone : « En période électorale, les enjeux sont énormes » dit-il. Il ajoute, « on a pu noter au cours des dernières années, chaque fois qu’il y a une élection, qu’elle soit présidentielle ou législative, les politiciens de tous les bords aiment faire de la propagande, diffuser des fakes news, travestir ou exagérer des faits, pour essayer de discréditer un camp ou une institution ».
Qui est ciblé par cette prolifération des « fake news » : le pouvoir bien sûr, mais aussi les institutions, l’armée et la France, l’alliée historique de la Côte d’Ivoire.
Les pouvoirs publics ivoiriens ont créé un cadre législatif et règlementaire et mis en place un dispositif opérationnel qui permet de réagir très vite, notamment avec l’ « Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information » et la plateforme « Alerte 100 », lorsqu’une « fake news » est lancée.
Les professionnels de la presse que nous sommes, nous avons commencé à créer des services de fact-checking, afin de vérifier toutes les informations avant de les diffuser, ce qui demande des moyens. Or, tout le monde connait les difficultés financières qui sont celles de la presse et des supports de communication digitaux.
Un soutien des géants du numérique dans ce combat contre la désinformation est indispensable.
Je dirai un mot sur l’Intelligence artificielle. Elle peut être un redoutable outil dans la fabrication des fausses informations avec l’entrée dans l’ère des « deepfakes » qui font dire ou faire des choses à une personne qui ne les a jamais dites ou faites. Cependant, l’intelligence artificielle aussi un outil qui permet une vérification très rapide de l’information et que nous devons utiliser.
Il nous faut lutter contre les sorciers numériques, architectes volontaires du chaos, qui, à travers la désinformation et la manipulation des opinions publiques cherchent à s’emparer du pouvoir. Nous avons sous les yeux la situation au Mali, au Niger et au Burkina Faso après les stratégies sophistiquées de désinformation mises en œuvre par des officines étrangères depuis des « fermes à trolls ». Il ne s’agit pas d’un élevage d’animaux mythologiques, mais bien de personnes chargées de fabriquer et diffuser des « fake news » ou des contenus provocateurs destinés à frapper l’imaginaire collectif. Nous avons tous en mémoire l’action de l’ex-Wagner dans la zone sahélienne. Avant d’être une milice privée, faux-nez d’une puissance étrangère, Wagner, créé par Evgueni Prigojine, est un groupe de communication qui comptait plus de 300 salariés chargés de mener des campagnes de propagande sur Internet.
Les « petites fermes de manipulation agissent depuis longtemps dans de nombreux pays d’Afrique francophones, notamment au Sénégal depuis 2012. La Côte d’Ivoire est aujourd’hui la cible des architectes du chaos. Alors que se consolide l’ordre mondial géoéconomique, géopolitique et géostratégique sur la base des intérêts des puissances et des pays, l’Afrique doit savoir se protéger.
Wakili Alafé