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Le port de Lomé a marqué l’histoire maritime ouest-africaine en accueillant le MSC Diletta. Ce mastodonte des mers, le plus grand navire à avoir jamais accosté dans cette région, témoigne des ambitions logistiques grandissantes du Togo et de son rôle stratégique sur la scène régionale. Cette escale inaugurale pour le premier armateur mondial, MSC Mediterranean Shipping Company, envoie un signal puissant quant au positionnement logistique du pays.
Un navire record accoste à Lomé
Le jeudi 24 avril à 11h20, le MSC Diletta, impressionnant avec ses 400 mètres de long et 61 mètres de large, a réalisé une manœuvre d’accostage au terminal Lomé Container Terminal. Cet événement consacre le port de Lomé comme une infrastructure capable de recevoir les plus grands porte-conteneurs, surpassant ainsi tous les records précédents établis sur les côtes ouest-africaines. Le navire avait débuté son voyage en Chine, touchant successivement des ports en Inde et à Singapour, avant de faire escale au Ghana à Tema, puis à Lomé, d’où il a repris sa route vers Abidjan et Kribi. Bien que la ligne maritime Asie-Afrique existât déjà, elle était jusqu’à présent desservie par des navires plus petits, mesurant jusqu’à 366 mètres.
L’arrivée du MSC Diletta, dont la taille équivaut à quatre terrains de football et la capacité de chargement à près de 15 000 camions, représente un véritable changement d’échelle pour le port de Lomé. « C’est l’aboutissement d’années de travail, avec le soutien des autorités togolaises », a déclaré Gregory Krief, directeur général de MSC Togo, soulignant l’importance de cet événement. Il a ajouté : « Aujourd’hui, nous montrons que Lomé est capable d’accueillir les plus grands navires du monde avec la même rigueur que dans les hubs portuaires d’Europe ou d’Asie ». Cette escale met en évidence la montée en puissance du port togolais sur la scène logistique internationale.
L’opération d’accueil du MSC Diletta a mobilisé une équipe importante, comprenant six pilotes et quatre remorqueurs, illustrant la fluidité de l’organisation et la capacité opérationnelle du port de Lomé. Le déchargement a concerné des conteneurs destinés au marché local, mais aussi une part significative en transbordement vers les pays voisins tels que le Nigeria, le Gabon, le Bénin, ainsi que le Burkina Faso, le Niger et le Mali. « Lomé n’est plus un port national. C’est un hub régional intégré, connecté à tous les terminaux majeurs de la sous-région », a affirmé avec conviction Monsieur Krief. Il a ensuite précisé : « C’est un maillon essentiel de notre réseau door-to-door. Nous assurons des connexions hebdomadaires avec les principaux ports de la sous-région, y compris Tema, Cotonou, Douala ou Libreville ».
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Un hub régional en pleine expansion
Le Lomé Container Terminal (LCT), fruit d’un co-investissement entre TIL (MSC) et China Merchants, a traité l’année précédente près de 1,7 million d’EVP, dont une part importante était destinée au transbordement. Grâce à sa profondeur naturelle et à une faible congestion, le port togolais se positionne comme une alternative compétitive face aux ports de Tema et d’Abidjan. À pleine capacité, le terminal affiche une cadence impressionnante de plus de 30 mouvements de conteneurs par heure, un rythme comparable à celui observé dans les grands ports de la Méditerranée. « Notre faible demande nationale est en réalité un avantage : elle nous permet de consacrer plus d’espace et d’agilité aux flux régionaux », a expliqué le dirigeant de MSC, mettant en lumière un atout stratégique.
Cette progression remarquable n’est pas le fruit du hasard. En une décennie, le trafic conteneurisé du port de Lomé a connu une croissance exponentielle, passant de 500 000 à plus de 2 millions d’EVP. Le trafic global a également suivi cette tendance positive, dépassant désormais les 30 millions de tonnes, contre moins de 10 millions il y a dix ans. Pour Richard Kangbeni, le ministre togolais en charge du secteur maritime, l’accueil du Diletta « confirme la pertinence de la vision du président Faure Gnassingbé, qui a fait du port autonome de Lomé un pilier du développement économique et logistique du pays ».
Le Togo mise stratégiquement sur sa position géographique privilégiée pour devenir la principale porte d’entrée logistique du Sahel, en développant des corridors efficaces vers le Burkina Faso, le Niger et le Mali. L’État s’investit activement dans la modernisation des infrastructures portuaires, la numérisation des procédures douanières pour une plus grande efficacité, et l’amélioration de l’attractivité du pays pour les grands opérateurs internationaux du secteur maritime.
Cette vision stratégique conforte MSC dans sa décision de poursuivre ses investissements à Lomé. « Nous continuerons de renforcer nos équipements et de moderniser nos installations pour soutenir la croissance de la demande régionale », a annoncé la direction de MSC, signalant un engagement à long terme. De nouvelles escales de navires de taille similaire sont d’ores et déjà prévues dans les prochaines semaines, confirmant le rôle croissant de Lomé sur la carte maritime mondiale.
