Les organisateurs parlent déjà d’une mobilisation sans précédent dans le monde de la musique. Ce mardi, à l’Accor Arena (12ᵉ arrondissement de Paris), s’est tenu le concert caritatif « Solidarité Congo », organisé en soutien aux victimes du conflit en cours en République démocratique du Congo. Parmi les têtes d’affiche figuraient Gims, Dadju, Fally Ipupa et Soolking.
Concert de Gims pour la RD Congo : une mobilisation record à l’Accor Arena
« Cela montre que la musique peut rassembler tout le monde, surtout pour des causes nobles », a déclaré Soolking. Accueilli en véritable star, Fally Ipupa, icône de la nouvelle pop congolaise, a, quant à lui, lancé un appel vibrant : « Faisons du bruit pour un Congo indivisible ! »
Le concert a débuté à 19 heures et a pris de l’ampleur à mesure que les spectateurs arrivaient, certains brandissant fièrement le drapeau national congolais. Près de 11 000 personnes étaient attendues, selon les organisateurs. En tout, plus de 30 artistes se sont succédé sur scène, chacun livrant un ou plusieurs titres : Gazo, spécialiste de la drill francophone, Youssoupha, accompagné de Singuila, ou encore Moïse Mbiye, musicien et pasteur congolais, qui a souligné : « La richesse du Congo doit profiter aux Congolais. »
Le joueur de kora malien Sidiki Diabaté a ajouté : « On n’a pas besoin de guerre pour faire régner la paix. » Selon les organisateurs, tous les artistes se sont produits sans cachet, signe de leur engagement fort. « La cause est noble, il faut élever nos voix », a affirmé Emmanuel Duciel, 23 ans, fan de Fally Ipupa, venu spécialement de Lille.
Même si « un concert ne suffira pas à changer la donne », cette mobilisation démontre le besoin de tirer la sonnette d’alarme, selon Isaac Massiala, conseiller au ministère des Sports et Loisirs de la RDC.
Gims en clôture
Le chanteur Gims a assuré la clôture du spectacle. Déjà lors de sa victoire comme meilleur artiste masculin aux Victoires de la musique en février, il avait souligné la situation dramatique en RDC. Son frère Dadju était aussi sur scène et impliqué via son association Give Back Charity, chargée de la redistribution des fonds récoltés.
À l’origine, la levée de fonds devait être confiée à l’UNICEF, qui s’est désengagé après une polémique sur la date initiale : le 7 avril, journée internationale de commémoration du génocide des Tutsis au Rwanda. Après une demande de report formulée par plusieurs associations rwandaises et la menace d’une interdiction préfectorale, la date a été modifiée.
Une vidéo choc sur le conflit
Une vidéo retraçant les violences en RDC a été projetée durant le concert, incluant des témoignages de femmes survivantes. Deux d’entre elles ont brièvement pris la parole : « Nous avons besoin de paix et de justice, pour ne plus jamais être seules. »
Deux mois avant l’événement, six grandes figures du rap francophone — Damso, Ninho, Gradur et d’autres — ont sorti « Free Congo », un morceau dénonçant un conflit largement ignoré par la communauté internationale.
Depuis trois décennies, l’est de la RDC est ravagé par des conflits sanglants impliquant des groupes armés et des forces étrangères, notamment le groupe M23, soutenu par le Rwanda. Ces affrontements ont récemment provoqué des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, selon l’ONU.
Ce conflit trouve ses racines dans le génocide des Tutsis de 1994, la fuite de Hutus vers la RDC, dont certains auteurs de crimes de masse, et les guerres régionales qui ont suivi.