Acquités puis libérés, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé n’en sont pas pour autant libres de tous leurs mouvements et ne peuvent pas actuellement retourner en Côte d’Ivoire, leur pays d’origine. La procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a décidé de faire appel de la décision des juges. En attendant de déposer ses motifs d’appel et la tenue éventuelle d’un autre procès en appel, des partisans de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ont pris sur eux l’engagement de lancer une pétition internationale afin que la procureure Fatou Bensouda soit désavouée et qu’elle n’ait pas droit à un procès en appel. Ci-dessous, Pr Pierre Kipré, ancien Ministre et ex-Ambassadeur de Côte d’Ivoire en France, donne le sens de cette pétition internationale.
Le procès Gbagbo-Blé Goudé, un os dans la gorge de Fatou Bensouda
« Par son arrêt écrit du 16 juillet 2019 qui confirme sa décision d’acquittement et de libération immédiate de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé le 15 janvier 2019, la Chambre 1 de la C.P.I. tente de résoudre la crise de confiance dans la justice internationale dont le principe avait été salué par tous. Aujourd’hui, la méfiance est grande et les interrogations sont nombreuses à l’égard des États-parties au Statut de Rome de la C.P.I ; car, en leur nom, après avoir foulé au pied la présomption d’innocence, après avoir vu ses propres témoins être à décharge, en plus de toutes les tentatives d’entorse à des procédures mises en place pour promouvoir la lutte internationale contre l’impunité, le procureur de la C.P.I. veut faire appel pour des intérêts plus politiques que juridiques.
Les frustrations nées de l’injuste décision d’une libération conditionnelle d’accusés pourtant acquittés s’accentuent avec le sentiment que le procès ne suit aucune des normes universelles du droit, au nom de calculs politiques. Les dangers que courent la stabilité et la cohésion des États d’Afrique de l’Ouest sont ainsi aggravés par des forces obscures. Le refus de la logique de réconciliation en Côte d’Ivoire va à rebours de l’opinion publique qui reconnaît à Laurent Gbagbo son engagement permanent dans la recherche des meilleures solutions, avec tous, pour la construction d’un État démocratique, aujourd’hui comme hier et plus encore demain.
La communauté ouest-africaine peut-elle survivre à une nouvelle et dramatique explosion de violences en Côte d’Ivoire, en plus des crimes actuels du djihadisme dans la sous-région ? Nous, citoyens attachés au Droit comme rempart contre toutes les injustices et convaincus de la nécessité de renforcer la démocratie participative autant que la cohésion des États africains : • demandons que le procureur soit débouté de son projet de faire appel contre Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ;
• exigeons que leur acquittement, confirmé par écrit, se traduise par leur liberté effective et totale, hic et nunc ; • attendons des États-parties au Statut de Rome de la C.P.I. qu’ils fassent respecter les droits de la personne au nom de leur combat contre l’injustice, au risque d’être dans le déni au profit de forces jusque-là impunies ; • sommes convaincus que les Ivoiriens, qui s’inscrivent tous dans la logique de réconciliation nationale prônée par Laurent Gbagbo, réussiront à faire de leur pays un véritable pôle de stabilité et de démocratie participative en Afrique de l’Ouest (…) ».
NB: Pétition internationale à l’initiative du Pr Pierre Kipré
Ex-Ministre et ex-Ambassadeur de Côte d’Ivoire en France