L’histoire sous nos yeux s’accélère et la crise en Ukraine, semble être la partie visible d’un conflit latent entre l’occident et les entités orientales que sont la Chine et la Russie.
La crise en Ukraine ou la partie visible d’un conflit latent entre l’occident et la Chine et la Russie
En conflit avec la Russie par l’Ukraine interposée, l’Occident, par son bras armée, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), a officiellement désigné la Chine comme un « ennemi » qu’il faut non seulement endiguer, affaiblir puis isoler.
Conscient que la Chine n’a pas pris et ne prendra pas fait et cause pour l’Occident dans sa confrontation avec la Russie, mais bien plus se range du côté de celle-ci, l’occident en fait désormais sa cible déclarée, et mettra tout en œuvre pour l’affaiblir. Ainsi, au sommet de Madrid en fin juin dernier, l’Alliance Atlantique a redéfini ses priorités et mis à jour sa doctrine.
Elle qualifie la Russie de « menace la plus significative et directe pour la sécurité des alliés ». Elle s’est trouvé également une nouvelle cible qui cristallise ses inquiétudes : la Chine. Si la Chine n’est pas considérée comme une menace au même titre que la Russie, elle est toutefois désignée comme « un défi systémique » pour l’Occident auquel l’Otan doit se préparer.
La déclaration de l’Otan sur la Russie et la Chine est un véritable casus belli
Cette posture de l’occident à travers l’Otan, vient en rajouter à une escalade déjà en vigueur avec la Russie et pour laquelle aucune négociation n’est en vue. Mais le plus étonnant dans cette dérive guerrière, c’est la position des européens qui se laissent entrainer dans une éventuelle confrontation avec la Chine, sans que celle-ci n’ait eu d’attitude belliqueuse à leur endroit.
Si on peut comprendre l’animosité des Etats-Unis envers la Chine, du fait que ces deux pays sont dans une féroce concurrence dans bien de domaines, on comprend moins la position des européens. La déclaration de l’Otan sur la Russie et la Chine est donc un véritable casus belli, qui ne fera que renforcer une relation déjà étroite entre ces deux pays et les conduire à coordonner leurs actions, pour résister face aux velléités hégémoniques des Etats-Unis, sous le couvert de l’Otan.
Comme le mode opératoire de lutte de l’occident est su de tous, la lutte contre la Chine donnera certainement lieu à des sanctions et à un embargo contre celle-ci, si le point de non-retour est atteint, à l’image de ce qui fut fait à l’encontre de la Russie. C’est un euphémisme de le dire, la Chine en paiera le prix fort, étant entendu que sa dynamique et sa force économiques reposent pour beaucoup sur ses exportations.
Les occidentaux paieront un lourd tribut si…
Aura-t-elle la même résilience que la Russie ? Rien n’est moins sûr. Mais l’effet boomerang sur les économies occidentales sera également difficilement supportable pour celles-ci. En effet de nombreuses industries européennes et américaines ont relocalisé leurs unités de production en Chine, du fait de la main d’œuvre bon marché et des coûts faibles de production dans ce pays.
Il va sans dire que les occidentaux paieront également un lourd tribut, s’il advenait que la Chine est mise sous embargo et qu’en retour, elle prenait également des mesures de rétorsion. Mais on n’en est pas encore là, et l’attention est toujours focalisée sur l’Ukraine, où rien ne semble arrêter la Russie dans sa marche méthodique de conquête du Donbass, en dépit de la fourniture massive d’armes à l’Ukraine.
Dans une tribune au journal allemand « Die Zeit », des intellectuels allemands, ont produit une contribution qui tranche et qui prend le contrepied de la propagande guerrière qui a cours en occident. Pour ces intellectuels allemands, « une victoire complète de l’Ukraine sur la Russie est irréaliste…Plus ces mesures (les sanctions) s’étendent dans le temps, plus les objectifs de guerre qui leur sont associés deviennent flous… ».
Que la sagesse soit le partage de tous !
Ce réalisme des intellectuels allemands, doit pouvoir interpeller tous les européens et les conduire à adopter une position à même de ne pas en rajouter à la souffrance du peuple ukrainien, en leur faisant miroiter une hypothétique victoire sur la Russie. Les discours guerriers ne sont pas sur le terrain aux côtés des soldats ukrainiens.
Les Etats-Unis sont dans une autre dimension, et ont des intérêts qui ne coïncident pas toujours avec ceux des européens. Il est difficilement compréhensible que ceux-ci ne s’en rendent pas compte, et se laissent tenir par la barbichette comme des laquais. Les américains sont conscients que leur hégémonie dans le monde est fortement contestée, et que celle-ci va inexorablement vers son crépuscule.
Ils essaient donc de rester à flot en entrainant leurs alliés dans des luttes qui ne sont pas les leurs. Espérons seulement que cette instrumentalisation de l’Otan et sa rhétorique guerrière, ne déboucheront pas sur une conflagration générale, qui signerait la mort de cette terre nôtre. Que la sagesse soit le partage de tous ! Ainsi va le monde. Arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.