Il y a deux ans, le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi avait effectué une visite officilelle en France. Cette visite riche en enseignements, a une fois de plus mis en évidence la posture à géométrie variable de la France relativement à la démocratie et à la défense des droits de l’Homme en dehors de son territoire.
Pourquoi l’opposition ivoirienne doit comprendre que les intérêts de la Côte d’Ivoire et du peuple ivoirien ne coïncident pas avec ceux de la France
Reçu en grande pompe et avec tous les honneurs, le président égyptien n’est pas connu pour être un défenseur respectueux des droits de l’Homme encore moins un démocrate accompli. Les prisons égyptiennes sont remplies d’opposants et la répression des manifestations est le lot quotidien et le partage des partis politiques de l’opposition.
C’est donc avec surprise qu’il a été donné de voir l’accueil délirant réservé au président Egyptien par la France et sa presse. Celles-ci se gardent bien de le qualifier de dictateur, titre qu’ils ont la facilité d’affubler certains dirigeants du monde. La déclaration du président français Emmanuel Macron au cours de cette visite, de ne pas conditionner la coopération avec l’Egypte au problème des droits de l’homme, achève de convaincre qu’au-delà des grandes déclarations faisant de la France le pays de la défense des droits de l’Homme, les intérêts de ce pays priment sur toute autre considération.
En effet, la France de Macron espère voir en l’Egypte un allié de poids, à un moment où dans la quasi-totalité des pays arabes, le sentiment anti-français était exacerbé et où les appels au boycott des produits français étaient lancés, suite aux caricatures du prophète Mahomet. En mettant en équilibre la violation des droits de l’Homme en Egypte et le soutien précieux de ce pays, la France a fait son choix. Al-Sissi peut donc emprisonner ses opposants à tour de bras, cela n’a aucune espèce d’importance.
Quand la France ne s’empêche guère de se poser en donneuse de leçon
Cependant, la France ne s’empêche guère à la même période de se poser en donneuse de leçon en Biélorussie, accusant le président Alexandre Loukachenko de violer les droits de l’homme, et lui demandant de quitter le pouvoir. Elle ne s’est non plus gênée d’accuser le président vénézuélien Nicolas Maduro, d’être un dictateur violant les droits de son peuple. Elle n’hésitea pas à apporter son soutien à la marionnette Juan Guaido qui s’est autoproclamé, président intérimaire du Venezuela.
On a encore en souvenance, la grande France, promotrice des droits de l’Homme, prendre la tête d’une coalition en Libye, pour défendre le droit des populations de Benghazi, « menacées d’extermination » par « le dictateur » Mouammar Kadhafi. Des tonnes de bombes se sont abattues sur la Lybie à l’effet de promouvoir la démocratie et les droits de l’Homme à travers l’opposition armée : le Conseil National de Transition(CNT). A la fin, « le dictateur » Kadhafi est tué et aujourd’hui grâce à la France, la Lybie est devenue un grand pays où démocratie et droits de l’homme cheminent allègrement !
On a aussi en mémoire, que c’est au nom de la démocratie et de la défense des droits de l’Homme, que la France s’est attelée à détruire « les armes lourdes » utilisée par Gbagbo pour tirer dans des marchés, des obus à têtes chercheuses, qui ne tuent que des personnes d’une certaine communauté et d’une certaine religion ! Gbagbo « le dictateur » dégagé, il est mis à la tête de la Côte d’Ivoire, un démocrate de haut vol et bien accompli.
L’étendard de démocratie et de défense des droits de l’Homme que brandit la France, est un trompe-œil
Aujourd’hui ce pays vit l’une des démocraties les plus évoluées au monde, où la prison a été libéralisée et démocratisée. Tout le monde peut y séjourner sans distinction de rang social, de religion, de sexe, etc. Ainsi, imams, pasteurs, artistes, membres de la société civile, responsables politiques, cyberactivistes ont déjà joui ou jouissent encore de ce privilège offert par la France !
Le locataire du palais du Plateau ayant achevé ses deux mandats constitutionnels, rempile pour un troisième illégal. Les protestations des partis politiques de l’opposition, se sont heurtées au silence méprisant et aux moqueries des tenants du pouvoir, mais se sont également brisées sur le parapluie de l’indifférence et du mépris de la France de Macron, qui a trouvé des circonstances atténuantes à la forfaiture.
Le président français a même introduit une nouvelle disposition à la constitution ivoirienne pour être candidat à la présidentielle : la candidature par devoir, et le cas de force majeure. Quelle magnanimité ! De toute évidence, l’opposition ivoirienne doit comprendre que les intérêts de la Côte d’Ivoire et du peuple ivoirien ne coïncident pas avec ceux de la France. Il lui revient donc (opposition), de redéfinir une stratégie claire et des actions nouvelles pour les luttes à venir.
L’étendard de démocratie et de défense des droits de l’Homme que brandit la France, est un trompe-œil et un cache-sexe qui est toujours à géométrie variable, selon que l’on est en Biélorussie, en Egypte, au Venezuela, en Libye ou en Côte d’Ivoire. Mais il y a eu un matin, il y aura assurément un soir et l’ivraie sera séparée du vrai.