En meeting, samedi 10 décembre 2022 à Adzopé, l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, par ailleurs président du Parti des peuples africains (PPA-CI), s’est prononcé sur plusieurs sujets brûlants de l’actualité sociopolitique en Côte d’Ivoire. Entre autres, l’ex chef de l’État a demandé le retour au pays de Guillaume Soro. Ci-dessous, de larges extraits de son intervention.
Laurent Gbagbo depuis Adzopé : « Je demande que Soro Guillaume rentre dans son pays »
« (…) Leur parti s’appelle comment ? RHDP, Rassemblement des Houphouëtistes. Si je n’ai pas eu peur d’Houphouët lui même, ce n’est pas de ses enfants je vais avoir peur. Donc chers amis, il faut bannir la peur. On ne fait pas la politique quand on a peur. Mais en même temps, il faut que nous créons un système de démocratie pour que ceux qui veulent faire la politique n’aient pas de raison d’avoir peur.
C’est pourquoi, j’appelle toujours à la libération des prisonniers politiques. Qu’ils soient militaires ou civils, j’appelle à leur libération. Un pays est apaisé quand il n’y a pas de prisonniers politiques. Regardez le petit Seka Yapo Anselme, il est d’ici. Il servait sous moi à la Présidence. Bon il est en prison, il y a d’autres militaires qui sont là-bas mais comme j’ai eu à le dire plusieurs fois et je le répète, c’est moi qui était le Chef des militaires, c’est moi qui leur donnait des mots d’ordre pour agir.
Les militaires, les gendarmes, les policiers, c’est moi. On nous arrête par suite d’une défaite militaire. Moi on m’appelle en haut en haut, on croyait que là-bas je n’allais plus revenir. Je vais et les gens me demandent et je leur explique. On me pose des questions, je réponds. Mais quand tu n’as rien fait de mal, tu n’as pas peur et tu dis ce que tu as fait et tu dis ce que tu as dit aux gens de faire.
« Il faut qu’on libère les jeunes dames comme Pulcherie Gbalet »
J’ai dit la vérité, j’ai dit ça c’est moi qui ait fait ou ça ce n’est pas moi. Le procès a duré a proprement dit trois ans, le reste du temps on m’a baga baga( rires) mais je voyais, je savais qu’il y avait des calendriers politiques. La jeune dame, ma femme, Nady Bamba, c’est elle qui a déménagé pour aller s’installer en Europe pour s’occuper de moi. Donc voilà, finalement on m’a libéré et je suis venu et les gens sont étonnés. Je dis, mais pourquoi vous êtes étonnés?
Vous m’avez emmené quelque part, on m’a jugé et on dit que je n’ai rien fait, mais les militaires qui servaient sous moi et qui sont encore en prison, ils font quoi là-bas ? Si moi le Chef, je n’ai rien fait, eux ils ont fait quoi ? C’est la sale question. Si le chef des militaires n’a rien fait, pourquoi le militaire est-il en prison. Question ? La réponse se trouve entre d’autres mains. Moi je n’ai que la question. Je demande qu’on les libère.
Parce que moi qu’on a jugé en leur nom, je suis libéré. Il faut qu’on libère les jeunes dames comme Pulcherie Gbalet. Il paraît qu’on vient d’arrêter un autre, Peter 007. C’est à la télévision que j’ai entendu ce nom. Quand on arrête quelqu’un comme ça dans un pays, ça fait mauvais effet et ça fait une mauvaise réputation pour ce pays. J’ai été Président 10 ans, quel homme politique ais-je arrêté ?
Et pourtant, ils m’insultaient, me critiquaient, me raillaient mais c’est quand tu n’as rien à dire que les gens t’insultent comme ça. Moi tu m’insultes, je t’insulte. Tu m’insultes, le lendemain je t’insulte. Tu ne vas pas en prison et tu es là et on se regarde. Quand tu seras fatigué d’insulter, et de te faire insulter, tu vas te taire. Prendre les gens et les mettre en prison, tu fais d’eux des héros, des chefs.
Pourquoi je veux faire de mon adversaire un chef ? Il m’insulte, je l’insulte et c’est fini. Donc il faut libérer tous ceux qui sont en prison pour des raisons politiques.
Le cas Blé Goudé et Soro Guillaume
Là, j’ai appris une bonne nouvelle. Que Blé Goudé , qui était avec moi à la CPI, est rentré. C’est une très bonne chose. Au moment où je parle, il doit être à Guibéroua, c’est une bonne chose et ça c’est un chapitre qui est clos.
Maintenant il reste Soro Guillaume. Lui il fait quoi la-bas ? Il faut lui dire de rentrer. Je demande que Soro Guillaume rentre dans son pays. Parce que souvent on dit oui, c’est un enfant qui est impoli, il prépare tel coup, mais moi il ne préparait pas un coup, il a fait un coup contre moi. Il a fait une guerre civile qui est partie de Ouagadougou, avec la complicité du Burkina, et d’autres pays.
Quand je l’ai rencontré, je l’ai appelé, je dis viens on va parler, on a discuté et je lui ai dit pour que tu aies confiance, allons chez ton parrain, le Président du Burkina Faso, et là-bas on a signé l’accord de Ouagadougou. Je dis bon allons en Côte d’Ivoire et je l’ai nommé Premier Ministre. Il a été étonné. Donc il y a plusieurs manières de tuer les conflits politiques. Il faut donc que Soro Guillaume rentre. Quand il va rentrer, il n’y aura plus de problèmes de son côté en tout cas ».