S’il ya un domaine dans lequel l’expertise, le savoir-faire et l’efficacité de la France étaient avérés et reconnus de tous, jusqu’à une date assez récente, c’est bien sa politique étrangère et partant sa diplomatie. Mais depuis quelque temps, l’influence de la France se rétrécit comme une peau de chagrin à travers le monde, et on se demande bien pourquoi.
L’influence de la France se rétrécit comme une peau de chagrin
Dans ce qui fut son pré-carré en Afrique, l’influence de la France est sur le point d’être réduite à l’état de reliques. Chassée qu’elle est du Mali, du Burkina Faso et du Niger, malgré le bras de fer qu’elle y a engagé, la France semble ne plus être la bienvenue dans nombre de pays africains, au sud du Sahara, mais également en Afrique du nord, avec des tensions avec l’Algérie et récemment avec le Maroc, qui a même décliné son offre d’aide, après le séisme dont il a été l’objet.
Ailleurs, alors qu’elle était une puissance qui comptait au Proche et Moyen Orient, la France disparait peu à peu de sa zone traditionnelle d’influence comme au Liban ou en Syrie.
On ne saurait passer sous silence, le pied de nez que lui a fait l’Australie, qui a préféré acheter des sous-marins américains, alors qu’un accord d’achat avait préalablement été passé avec la France.
La liste des déboires diplomatiques de la France n’est pas exhaustive, et cela montre à souhait que la politique étrangère de la France a pris du plomb dans l’aile depuis quelques années, et n’est plus ce qu’elle était.
Qu’est-ce qui peut expliquer ce recul de la France ?
Il serait prétentieux de vouloir répondre dans l’absolu à cette question, mais quelques pistes peuvent être usitées.
Dans ses relations avec ses anciennes colonies d’Afrique, la France ne s’est jamais départie de ses reflexes de pays colonisateur, où, condescendance, paternalisme et arrogance étaient au menu. C’est ce qu’on observe dans la crise au Niger. Elle n’hésite pas à s’ériger en donneuse de leçons, attribuant des bons et des mauvais points aux pays en fonction de ses intérêts.
Ses positions à géométrie variable sur les coups d’état en Afrique l’ont complètement disqualifiée aux yeux des opinions africaines.
Comment peut-elle condamner avec force les coups d’états au Mali, au Burkina Faso et aujourd’hui au Niger, et porter à bout de bras le régime militaire du Tchad, tout aussi issu d’un coup d’état. Que veut-elle qu’on retienne d’elle ?
Comment peut-elle condamner le tripatouillage de la Constitution en Guinée pour le troisième mandat d’Alpha Condé, et trouver des circonstances atténuantes, pour adouber le troisième mandat d’Alassane Ouattara ? Quel message passe-t-elle ainsi à la jeunesse africaine ?
Si hier, ces errements pouvaient être acceptés par les opinions publiques africaines, les nouvelles générations n’en ont cure et les refusent avec la dernière énergie. Il s’agira pour la France de changer le regard qu’elle pose sur l’Afrique, car les temps ont changé et les générations aussi.
La fuite en avant de la France
Alors, accuser la propagande russe, chinoise ou turque, ou même faire référence à un sentiment anti-français généralisé est non seulement contre- productif, mais c’est une véritable fuite en avant.
Et pour exaspérer ses partenaires africains, la France est devenue « le marketteur », ou « le démarcheur » attitré de l’Union européenne, pour la promotion des droits de l’homme, des droits des minorités, et la promotion des revendications LGBTQ, la nouvelle religion à la mode, sans tenir compte de la délicatesse du sujet et de la sensibilité de ses partenaire à ce sujet.
Quelle réaction peut avoir la jeunesse africaine par cette offre de la France, là où la Chine propose des projets d’infrastructures, l’Inde, des projets agricoles et la Russie des projets sécuritaires ?
On notera également que jamais, la Grande Bretagne n’a eu à faire de telles démarches auprès de ses anciennes colonies !
Pendant longtemps, le monde entier a apprécié la distance que prenait la politique étrangère française par rapport au Etats-Unis.
Du général de Gaulle à Jacques Chirac, la France a toujours exprimé une certaine indépendance vis-à-vis de la politique étrangère américaine.
Pour preuve, lorsque de façon unilatérale, les États-Unis ont décidé de passer outre l’Onu pour aller en découdre avec Saddam Hussein et l’Irak, la France et Jacques Chirac ont fait entendre leur voix, pour se désolidariser de cette entreprise, qui a aujourd’hui laissé l’Irak en lambeaux.
Cette position de la France a été appréciée à sa juste valeur dans le monde entier.
Mais depuis quelques années, on se pose bien la question de ce qu’est devenue la politique étrangère de la France, si elle existe toujours et s’il y a toujours des diplomates en France.
Malheureusement, le constat qu’on fait, c’est que cette politique étrangère française s’aligne désormais systématiquement sur Washington, mais est également cornaquée par les fonctionnaires de l’Union européenne qui semblent imprimer la cadence de la marche à suivre.
On a en mémoire, lors de la crise en Syrie, que les États-Unis, sous Barack Obama avaient des velléités d’opérer des frappes en Syrie, au motif que le pouvoir syrien avait bombardé ses populations au gaz.
A l’annonce de cette perspective américaine, une transe hystérique s’était emparée des autorités françaises d’alors, François Hollande et son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. François Hollande avait même déclaré que « la Syrie n’a pas d’avenir avec Bachar Al Assad ».
Avions et bombes français étaient prêts pour les frappes en Syrie avec les États-Unis. Mais quand saisi par une certaine lucidité, Barack Obama a décidé de ne plus intervenir en Syrie, c’est la queue entre les jambes que François Hollande rentra dans les rangs. C’est tout dire.
Comme on le constate, la politique étrangère de la France que le général De Gaulle a toujours voulu indépendante, est aujourd’hui à maints égards, bien…dépendante et son inefficacité, peut bien expliquer le recul de l’influence française dans le monde.
Ainsi va le monde.
Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.