Après plusieurs heures de garde à vue, l’opposant Damana Pickass a été écouté ce jeudi dans une audition à la Section antiterroriste du Tribunal de première instance d’Abidjan. Selon le communiqué du procureur de la République, cette audition s’est déroulée en présence de l’avocat du mis en cause. Ladite audition s’est soldée par l’ouverture d’une information judiciaire avec mandat de dépôt pour une vingtaine de chefs d’accusation.
Côte d’Ivoire : une quinzaine de chefs d’accusation retenus contre Damana Pickass, bras droit de Laurent Gbagbo
Damana Pickass, vice-président du parti PPA-CI, l’un des bras droits de Laurent Gbagbo et membre influent du dispositif opérationnel du parti, risque gros. Arrêté dans le cadre des manifestations anti-4e mandat, il a été placé en détention ce jeudi. Le parquet retient contre lui une longue liste de chefs d’accusation. Les faits retenus à sa charge sont :
- actes terroristes ;
- assassinat ;
- atteinte aux opérations électorales ;
- outrage et voies de fait envers un bureau de vote et ses membres ;
- participation et organisation d’une manifestation interdite ou non déclarée ;
- participation à un mouvement insurrectionnel, attroupement armé ou non armé ;
- destruction volontaire de véhicules appartenant à autrui ;
- destruction volontaire de biens (véhicules, installations ou constructions) appartenant à une personne de droit public, incendie volontaire de biens (véhicules, installations ou constructions) appartenant à une personne de droit public, incendie volontaire de véhicules appartenant à autrui ;
- apologie des crimes de meurtre, de pillage, d’incendie ou de destruction d’édifices, de vol, des crimes contre le droit des gens ;
- vol commis en réunion avec port d’armes et violences ayant entraîné des blessures ;
- complot contre l’autorité de l’État ;
- atteinte à l’ordre public, organisation d’une bande armée ;
- détention sans autorisation d’armes de la 1re et de la 6e catégories.
Le procureur a rappelé que les faits reprochés à Damana Pickass sont prévus et punis par les articles 5-1°, 4°, 13 et 14 de la loi n°98-749 du 23 décembre 1998 portant répression des infractions à la réglementation sur les armes, munitions et substances explosives, les articles 3, 8 et 10 de la loi n°2015-493 du 07 juillet 2015 modifiée par la loi n°2018-864 du 19 novembre 2018, elle-même modifiée par la loi n°2024-360 du 11 juin 2024 portant répression du terrorisme, les articles 29, 31, 162, 163, 174, 176, 179, 185, 190, 191, 195, 199, 242, 243, 254, 378-2°, 379, 387, 457, 459-3°, 460-2-3°, 461, 462, 485-1°, 486 et 493 du Code pénal.
L’arrestation de Damana Adia, alias Pickass, est un coup dur pour le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), qui dénombrait déjà plus de 1 000 interpellations dans le rang de ses militants. Lorsque les marches permanentes ont été lancées par le Front commun (PPA-CI – PDCI-RDA), Damana Pickass a été vu officiellement une fois dans une vidéo. Dans ce visuel diffusé sur les réseaux sociaux, il encourageait les manifestants à rester dans les rues jusqu’à la victoire. L’objectif était protester contre la tenue de l’élection présidentielle du 25 octobre 2025 qui s’est tenu sans Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam.
Plusieurs autres responsables opposants du PPA-CI et du PDCI-RDA ont également été interpellés avant même les manifestations. D’autres ont dû prendre la poudre d’escampette. Le procureur de la République a lancé la traque et a promis de mettre la main sur toutes les personnes impliquées dans les violences. A noter que Damana Pickass avait été condamné en février dernier à 10 ans de prison sans mandat de dépôt dans une affaite de complot contre l’Etat.
