La chaine de télévision France2 a réalisé un reportage sur le cacao Ivoirien « Les enfants pris au piège ». Dans ce reportage du média français censuré dans plusieurs pays ouest-africains, dont la Côte d’Ivoire, les Ivoiriens découvraient une filière d’esclavage d’enfants burkinabès employés dans des plantations clandestines de cacao, en plus de la destruction du massif forestier et de la pollution de de leur sol au glyphosate. Cette activité illicite en touts points, laisse place à un désert au profit du business du Cacao qui a donné une place enviable au pays dans le monde, mais aujourd’hui souillé par cette image de produit de la mort. Derrière cette affaire de censure se cache un scandale plus vaste sur fond d’affaires D’États sur laquelle NELSON ZIMIN vous apporte un éclairage.
France2 et le cacao ivoirien, un scandale d’État !
Aussi longtemps que ceux qui font l’histoire de ton pays ne t’en diront rien, quelqu’un dehors finira un jour par te la raconter. Bonjour !
Cher GBANZAN,
Je sais, comme de nombreux cousins à toi, que la libération de tes compatriotes de la Haye te préoccupe. Tout ce qui s’y passe semble bien loin du droit, la politique peut-être. Qui par des réseaux d’influence essaient de faire peser la balance dans un camp comme dans l’autre ? Pour moi le débat est ailleurs. Je t’en parlerai demain…ou après. Cependant, est-ce que DEGBA t’a aussi appelé pour savoir les raisons de la censure du document de France 2 sur le cacao ivoirien en Côte d’Ivoire ? Il a tellement insisté que je me suis décidé à t’en dire un peu sur cette affaire.
Tu sais en 2002 lorsque la crise éclate dans ton pays, les 6 millions de Burkinabés qui y vivent sont pris de peur, vu la tournure que prenaient les évènements. Ces Burkinabés qui pour la plupart ne connaissent pas le pays d’origine de leurs parents, doivent partir d’une terre qui porte non seulement leurs cordons ombilicales, mais surtout l’espérance des familles restées au Burkina Faso. C’est l’opération BAYIRI (retour à la mère patrie). Le scénariste Burkinabé Saint Pierre YAMEOGO dira dans une interview au sujet de son documentaire éponyme censuré par Canal+ en 2011 et à la 25e édition du Fespaco que : « Un Burkinabè sur dix a au moins cinq parents qui travaillent en Côte d’Ivoire ! Et c’est eux la richesse des familles parce qu’ils envoient l’argent » Tiens donc, toi qui n’a aucun boulot dans ton pays, voilà de quoi te faire sauter au plafond. Cette opération lancée le 14 Novembre 2002 et fiancée par le CHAT DE MAMA lui-même, verra le rapatriement de plus de 30 000 Personnes dont ceux partis au déclenchement de la crise ivoirienne le 19 Septembre 2002. Magnifique cadeau empoisonné pour le beau BLAISE !
Lui, n’a pas eu le temps de comparer la présence de ces « Envahisseurs » avec l’impact sur l’économie de son pays qu’une crise socio-économique et sécuritaire pointait au Burkina ; larcins, braquages et coupeurs de route. Car il faut le souligner, ces « travailleurs » fournissaient plus 40% du budget de l’État du Burkina Faso en fonds rapatrié. Terreau fertile à l’amplification de ce qui va suivre.
Pour résoudre la crise, il fallait trouver un deal avec l’État de Côte d’ivoire et c’est en 2005 que sera définitivement scellé le sort des populations de l’Ouest de la Côte d’Ivoire et des forêts classées.
L’État de Côte d’Ivoire dirigé par le CHAT DE MAMA, grand défenseur du bonheur des ivoiriens, va consentir et laisser faire l’envahissement de nos forêts par des burkinabés, cette fois, missionnés par le Burkina Faso pour récupérer « leurs terres » abandonnées dans leur fuite et récupérées par les autochtones Wê. Retour de la mort avec l’œil complaisant du palais d’Abidjan, qui espérait gagner la paix. C’était ça ou le Port de San Pedro dont BLAISE voulait aussi les revenus. Tu comprends pourquoi l’accord politique de Ouagadougou n’a pas apporté la paix ? Votre leader adoré a livré en pâture une partie du pays, et la population pour laquelle il n’a préparé aucun plan de rechange, alors qu’il savait que l’opération BAYIRI qu’il a financé allait créer des problèmes à son voisin, qui ne resterait pas sans réagir. Modèle patriotique au Tchapalo ma foi !
S’en suit l’opération que moi j’appelle BAYIRI 2, mais dans l’autre sens avec des populations burkinabaises encadrées par une milice pour les protéger et prête à en découdre. Là commence la légende d’Amadé OUÉRÉMI dans la forêt du Mont Péko, où un port sec sera ouvert sous sa surveillance militaire. Tout était fin prêt pour la saignée de nos forêts classées et de tes compatriotes de l’Ouest. L’explication aux nombreuses crises communautaires à l’Ouest de ton pays, sans la moindre solution ferme de l’État vient de là. Les terres reconquises, des plantations annexées, les parcs dévastés, le business du cacao peu reprendre avec le Burkina Faso qui devient producteur de Cacao. C’est féérique le rêve ivoirien, tu trouves pas ?
De 2003 à 2009, ce trafic de Cacao a aidé au blanchiment de l’argent du braquage de la banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Ce qui expliquera le petit dispositif de « gens de confiance » qui suit. L’expert homme d’Affaires du DUC DE PONTBRIDGE, BICTOGO qui avait pour rôle de réguler le trafic, ZAKARIA qui assurait la sécurité des convois et Amadé pour la sécurisation des exploitations et du port sec. La Cacao partait du Mont Péko pour se retrouver à Bobo Dioulasso pendant la crise, avant de se retrouver vendu pour le Ghana à Amelé, un petit village aux frontières avec le Ghana, le Burkina et le Togo. Si pas vu, tout va bien…ingénieux que tout ça !
Mon frère GBANZAN, aborder ce sujet me prends du temps et de l’énergie et tu le sais bien. Mais pour comprendre la censure du document de France2, ce détour était nécessaire car tes frères et toi dites beaucoup de choses sur ce sujet sans trop comprendre les tenants. Alors il me fallait te faire ce récapitulatif historique pour situer le contexte.
Je repars pour te dire qu’on a pillé le pays à travers une filière bien rodée et gérée par la rébellion de Guillaume devenu PAON de la nation ivoirienne et les hommes de main du DUC DE PONT BRIDGE. Elle a pleinement profité au beau BLAISE, car en plus d’avoir facilité le retour de ces burkinabés-ivoiriens en Côte d’Ivoire, il avait aussi gagné beaucoup d’argent. Il ne sera jamais poursuivi par Ouagadougou pour service rendu à la nation. Double Jackpot pour ton ivoirien nouveau.
Nous sommes en 2011, et la crise ivoirienne prend fin avec le renversement du CHAT DE MAMA. Votre Woudy avait voulu in fine « prendre ses responsabilités » face à la gravité et l’ampleur de ces présences nuisibles dans nos forêts. Réveil refoulé par une gueule de bois sévère !
Arrive alors notre bien aimé, le DUC DE PONT BRIGDE qui ne va pas tergiverser sur la question à part mieux organiser la filière et en tirer profit. Il prend aussi bien soin de donner sa part de Port de San Pedro au Burkina Faso, don les intérêts sont gérés par l’actuel Directeur de l’institution portuaire. Le ménage va continuer avec l’arrestation musclé d’Amadé, remis à la justice et condamné sans procès. L’affaire est passée sous silence, jusqu’à ce que le nommé disparaisse du territoire de ton village. C’est amusant quand on est le maître du jeu. On fait et on défait….dieu Tout puissant !
Dans le documentaire de France 2, on a abordé la question sous l’angle de l’esclavage des enfants. C’est très bien. Mais où est mon problème si des burkinabés se vendent les enfants entre eux ? Je sais, tu diras que je suis insensible (je te connais), mais des gens qui sacrifient l’avenir de milliers d’enfants ivoiriens sur plusieurs générations et, qui commettent un crime d’esclavage sur notre sol est ce qui me préoccupe. A qui donc profite le crime ?
Tu as bien entendu ce témoin dire que le trafic profite aux exportateurs ivoiriens, dont le géant américain Cargille cité dans le film. Mais ce n’est pas tout. Il y’a surtout des sociétés appartenant au clan du DUC. Il y’a en tête de pont AFRICA SOURCING CÔTE D’IVOIRE. Selon le site de la société qui a exporté en 2015 50 000 tonnes de fèves, elle a été « Créée en 2002 en Côte d’Ivoire en tant que filiale du groupe anglais ARMAJARO Trading Limited. 2002, date du début de la crise et de l’opération BAYIRI. ARMAJARO NEGOCE change d’actionnariat 10 ans après. Elle est désormais détenue par deux Ivoiriens, ex-employés d’ARMAJARO qui occupaient d’importantes responsabilités au siège et en Côte d’ivoire.
Le 19 août 2014, ARMAJARO NEGOCE change de dénomination sociale pour devenir AFRICA SOURCING CÔTE D’IVOIRE, dirigée par la même équipe depuis 2005. AFRICA SOURCING devient, dès lors, l’un des plus importants exportateurs Ivoiriens. Son activité principale demeure l’achat et l’exportation de fèves de cacao et de grains de café. AFRICA SOURCING est dotée des certifications UTZ et RainForest Alliance ». Mais quelle est cette équipe mystérieuse en place depuis 2005, date du début de l’envahissement de l’ouest et des forêts classées? Qui sont ces deux ivoiriens mystérieux que tu aimerais bien connaître pour fouetter ton chauvinisme tricolore ? Pourquoi la société occulte volontairement le nom de ses fondateurs sur son site officiel ?
Cette société qui appartient au beau-fils du DUC, Loïc Folloroux, le fils de Dominique Ouattara, dont il est le président. Il y a aussi la société Agro West Africa dirigée par Zoumana Bakayoko, le frère du ministre de la défense Hamed Bakayoko et neveu de Youssouf Bakayoko président de la Commission électorale indépendante, qui tire profit du deal. Mais la cerise sur le cacao est que la DUCHESSE préside le Comité national de surveillance des actions de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants .Tu commences à comprendre pourquoi le film a été censuré ? Il ne faut en aucun cas mettre en péril cette belle esthétique politiquement correcte et financièrement rentable. Ce qui devient intéressant pour saisir la rapidité avec laquelle le film a été censuré, c’est le coup de fil de la belle fille du DUC. Elle a le tranchant au coup de fil. La Société audiovisuelle de ci est une filiale de Canal + Overseas (propriétaire du bouquet sur lequel le document était diffusé) dont une des actionnaires est Nathalie Folloroux, la fille de Dominique Ouattara. Sans oublier pour les courses SORANO-CI, qui édite Radio Nostalgie Côte d’Ivoire, et qui est contrôlée par Loïc et Nathalie Folloroux, les enfants de Dominique Ouattara. Une famille en Or qui fait pâlir de jalousie, n’est-ce pas ? Je pourrais t’en dire encore et encore, mais je crois que tu voulais juste savoir pourquoi ton documentaire avait été censuré. Une affaire d’États. Sur l’autel d’intérêts politiques ou privés, parfois les deux, nos gouvernements successifs depuis 2000, on scellé notre avenir au nœud d’une affaire d’État, dons la résolution pacifique pourrait être impossible.
Tout ceci m’a donné envie d’un chocolat chaud. Toi tu auras besoin de doliprane pour calmer la migraine que je t’ai donné. Je te souhaite bonne suite de lecture par la bouche de Madame de Staël qui dit : « La recherche de la vérité est la plus noble des occupations, et sa publication, un devoir ».
A BIENTÔT
De NELSON ZIMIN
Toutes les chroniques de Zimin dans « La lettre de poy ».