Dans la crise Côte d’Ivoire-Mali autour des 49 soldats ivoiriens, les dirigeants maliens poseraient des conditions pour la libération des militaires au médiateur Faure Gnassingbé.
Côte d’Ivoire-Mali : la suite après l’arrestation des militaires ivoiriens
Le 10 juillet 2022, le Mali annonçait l’arrestation de 49 soldats ivoiriens taxés de mercenaires. Abidjan avait contesté cette qualification de son contingent présenté par le porte-parole de l’armée ivoirienne comme étant des membres de la MINUSMA. Le Président Alassane Ouattara, lors de son voyage en Afrique du Sud, avait appelé l’ONU à faire la lumière sur cette affaire.
Ce qu’a dit l’ONU pour les 49 soldats ivoiriens arrêtés à Bamako
L’ONU, comme l’exigeaient les autorités maliennes dans une note, s’est prononcé sur la situation des 49 soldats ivoiriens arrêtés à Bamako. Pour les Nations Unis, les membres du contingent ivoirien ne peuvent être considérés comme des agents de la MINUSMA. L’ONU n’avait pas connaissance du contrat liant le contingent allemand aux militaires ivoiriens. Les responsables du contingent allemand auraient dû communiquer à la mission toutes les informations liées à éventuel contrat avec la Côte d’Ivoire.
« La Minusma n’a pas connaissance d’un contrat entre l’Allemagne et des tiers pour la protection de la base allemande de NSE […] Cependant, en recoupant des documents internes, la Minusma estime que le détachement ivoirien s’élève à 50 hommes et femmes », dit la note verbale de la mission.
Côte d’Ivoire-Mali : Les 49 soldats ivoiriens libérés sous quelles conditions ?
La Côte d’Ivoire avait exigé des autorités maliennes la libération immédiate de ses soldats. Les dirigeants du Mali n’ont pas accédé à cette demande, ce qui a fait monter la tension entre ces deux pays d’Afrique de l’Ouest. Pour que les 49 soldats ivoiriens soient libérés, des médiations ont été proposées à la Côte d’Ivoire et au Mali. Les autorités maliennes n’ont accepté que celles menées par le Président Faure Gnassingbé du Togo avec qui elles ont de meilleurs rapports.
C’est dans le cadre de ces négociations pour faire libérer les militaires ivoiriens que des conditions auraient été introduites par les autorités maliennes. En effet, selon Frankelin Nymasi, porte-parole de Guillaume Soro (ancien premier Ministre et président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire), bien introduit auprès des dirigeants du Mali, les autorités maliennes conditionneraient la libération de nos militaires ivoiriens à la présentation d’excuses publiques par le gouvernement ivoirien.
Les autorités maliennes voudraient que la Côte d’Ivoire reconnaisse avec des excuses, avoir introduit des militaires ivoiriens sur le sol malien en dehors de tout cadre légal. Deux autres conditions figureraient sur la liste des 3 imposées par Bamako pour que les 49 soldats ivoiriens arrêtés à l’aéroport de Bamako soient libérés.
Le Président Assimi Goïta et ses hommes voudraient que la Côte d’Ivoire s’engage à œuvrer pour ramener la paix et la concorde entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Et enfin, Bamako voudrait que le Gouvernement de Côte d’Ivoire s’engage au respect de la souveraineté du Mali avec promesse de respecter les règles d’envoi de forces militaires en territoire Malien. Cette dernière revendication serait un engagement d’Abidjan à ne pas tolérer les actes d’atteintes à la sûreté de l’État malien. C’est en partie comme si les dirigeants de la transition demandaient à la Côte d’Ivoire d’éviter la déstabilisation d’un pays frère, signe des forts soupçons qu’ils font peser sur les autorités ivoiriennes.
La Côte d’Ivoire peut-elle se plier à de telles demandes ?
Si ces conditions figurent réellement sur le calendrier des négociations entre le gouvernement ivoirien et les autorités de la transition, elles pourraient se heurter à quelques difficultés. Si Abidjan a décidé de faire profil bas pour donner la chance aux négociations de déboucher sur la libération des 49 soldats ivoiriens, il ne devrait pas pour autant aussi facilement s’accuser de déstabiliser ce pays voisin.
Même si les autorités maliennes voient d’un mauvais œil la présence en Côte d’Ivoire d’anciens dignitaires du régime de feu Ibrahim Boubacar Keïta dit IBK, demander à un pays de prendre des engagements publics de ce type revient à l’humilier. Les différentes parties semblaient pourtant privilégier le dialogue pour ramener la paix entre la Côte d’Ivoire et le Mali. Ces rumeurs en attente de confirmation par les canaux officiels envoient un message tout autre.
Les responsables de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest devront s’impliquer davantage pour éviter l’échec des négociations en cours. Il est indéniable que les dirigeants maliens soupçonnent plusieurs pays de la sous-région de soutenir les actions subversive visant à porter un frein à la dynamique de la refondation de leur pays.