L’ARTCI est responsable de la crise des data en Côte d’Ivoire, selon le journaliste André Silver Konan, membre de la Cellule qui a lancé le boycott des compagnies Orange, MTN et Moov.
L’ARTCI a-t-elle péché par ignorance ?
André Silver Konan a éclairé sur la crise des data en Côte d’Ivoire lors de son passage sur la chaine de télévision NCI dimanche 16 avril 2023. Selon lui, l’Autorité de Régulation des Télécommunications de Côte d’Ivoire (ARTCI) a pris une décision totalement déraisonnable en fixant un prix plancher de 0.8 FCFA pour la data alors qu’un opérateur vendait déjà le Mo à 0.4 FCFA, soit 400 FCFA le Go, et il faisait des bénéfices.
L’ARTCI a récemment demandé aux opérateurs de téléphonie mobile de respecter 0,8 FCFA/Mo de prix plancher dans la fixation de leurs tarifs de data Internet en Côte d’Ivoire. Ce prix n’ayant pas été désigné comme plafond, les opérateurs mobiles se sont concertés pour fixer des tarifs à la hausse, ce qui a mis le feu aux poudres.
Pour André Silver Konan, il n’y avait aucun motif valable pour que l’ARTCI intervienne dans la fixation des prix de la data en Côte d’Ivoire, d’autant plus que ce n’est pas son rôle. Le régulateur doit juste s’assurer que les compagnies de télécommunication ne travaillent pas à perte, ce qui fausserait la concurrence. L’ARTCI n’a donc pas à fixer des prix plancher qui défavorisent les populations clientes de ces opérateurs téléphoniques.
La Cellule exige donc une concertation entre l’ARTCI et les opérateurs pour trouver une solution à la crise des data en Côte d’Ivoire en faisant non seulement sauter le prix plancher, mais aussi en laissant plus de liberté aux compagnies de proposer des tarifs préférentiels pour la vitalité de la concurrence.
La faute professionnelle d’un représentant de l’ARTCI
Lors d’une émission télé, un représentant de l’ARTCI a semblé minimiser l’importance stratégique d’internet pour un pays. Pour lui, internet n’est pas une urgence et que les citoyens peuvent s’en passer s’ils trouvent la data couteuse. Faux et archi-faux ! Plus personne ne pourra se passer d’Internet après la place prise par cette technologie dans nos vies et à tous les niveaux.
Grâce à Internet, des entreprises ivoiriennes peuvent rivaliser d’innovation avec les autres entreprises de leur secteur dans le monde. Des étudiants peuvent faire des recherches dans le cadre de leurs études. Des citoyens peuvent créer des business, notamment des boutiques ou des restaurants en ligne qui favorisent la création d’emploi dans la livraison.
Grâce à internet accessible à la majorité de la population, des artistes musiciens peuvent battre des records de streaming de leurs créations et se faire rémunérer davantage par les plateformes de téléchargement de musique. Les films peuvent connaitre le même succès et même les médias en ligne peuvent se développer et gagner en autonomie financière, ce qui permettrait à la Côte d’Ivoire de posséder de grands groupes de médias capables d’accompagner son développement à tous les niveaux.
Avec la crise des Docteurs chômeurs de Côte d’Ivoire, Internet peut être une alternative à leur employabilité hors État ivoirien. Internet peut permettre aux personnes diplômées de travailler pour des entreprises étrangères à distance et gagner de confortables revenus. Des étudiants ou des chômeurs peuvent aussi télétravailler et gagner de l’argent.
Même les embouteillages, qui ralentissent la croissance économique à Abidjan, peuvent être résolus par le développement de l’économie numérique qui repose sur Internet. Les déplacements inutiles peuvent être évités en faisant certaines courses en ligne, ce qui désengorgerait les routes abidjanaises.
Internet étant un produit définitivement stratégique, l’ARTCI devrait plutôt encourager les entreprises de télécommunication à le rendre accessible à près de 95% de la population ivoirienne pour permettre à l’État de Côte d’Ivoire d’engranger d’énormes revenus grâce à des réformes de dématérialisation de certains services publics.
L’administration ivoirienne pourrait réaliser de grandes performances en organisant le paiement de ses recettes en ligne, ce qui réduirait le détournement de fonds publics par certains hauts cadres. Autant de choses qu’on peut faire grâce à internet qui prend une importance capitale dans la vie des hommes, dans le fonctionnement des nations.