Sylvia et Noureddin Bongo, épouse et fils d’Ali Bongo, ont été jugés ce mardi 11 novembre 2025 à la cour d’appel de Libreville. Les prévenus, qui avaient été mis en liberté provisoire quelques mois après leur arrestation au lendemain du coup d’État du 30 août 2023, étaient absents au procès. Ils ont été condamnés par contumace pour détournement de fonds publics.
Procès du clan Bongo : révélations sur le système de détournement qui a ruiné le Gabon
Pour détournement de fonds publics, Sylvia Bongo et son fils Noureddin Bongo écopent de 20 ans de prison ferme et de 100 millions de francs CFA d’amende. Noureddin doit également payer plus de 1 201 milliards de francs CFA pour préjudice financier subi par l’État gabonais d’une part, et d’autre part, il doit payer avec sa mère la somme de 1 000 milliards de francs CFA à l’État gabonais au titre de préjudice moral.
Les deux prévenus ont refusé de se présenter au procès, évoquant un jugement politique. Ils ont été reconnus coupables par la cour criminelle de faits graves. Selon le président de la cour, Sylvia Bongo est reconnue coupable de « recel et de détournement de fonds publics, de blanchiment de capitaux, d’usurpation de fonds et d’indignation au faux ». Quant à son fils Noureddin, il a été déclaré coupable de « détournement de deniers publics, de concussion, d’usurpation de titres et de fonctions, de blanchiment aggravé de capitaux et d’association de malfaiteurs ».
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Le procureur général a servi un réquisitoire sévère contre la famille du président déchu Ali Bongo. Il accuse Noureddin et sa mère d’avoir braqué la République et dénonce un vaste système de dilapidation des fonds publics estimé à plusieurs milliards de francs CFA après l’accident vasculaire d’Ali Bongo en 2018. Sylvia et Noureddin sont accusés d’avoir « travesti le pouvoir présidentiel » à cette époque où Ali Bongo était physiquement diminué et n’avait plus la mainmise sur le pouvoir d’État.
Selon l’accusation, Sylvia Bongo aurait pris jusqu’à 16 milliards de francs CFA dans les caisses du Trésor public pour ses besoins personnels. Elle aurait également acquis des jets privés et des résidences luxueuses à Londres et à Marrakech. Ces accusations ont été confortées en partie par les déclarations d’un des témoins. Kim Oum, assistant personnel de Sylvia Bongo au moment des faits, affirme avoir décaissé des fonds de la présidence pour l’acquisition de cent véhicules dans le cadre de la campagne présidentielle de 2023. Il a également évoqué des achats de bijoux, de robes et d’œuvres d’art pour un montant total atteignant près de 3 milliards de F CFA.
Dans le dossier, Sylvia et Noureddin ne sont pas les seuls prévenus. Quatorze autres personnes sont poursuivies et attendent d’être fixées sur leur sort pour « complicité de détournement de fonds publics, corruption active, concussion, faux et usage de faux, association de malfaiteurs et blanchiment de capitaux ».

