Ghana : l’industrie et le gouvernement s’opposent sur le futur de la mine de Damang

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L’annonce du départ de Gold Fields de la mine d’or de Damang au Ghana, suite au non-renouvellement de son permis, a créé une onde de choc. Le gouvernement ghanéen a affirmé sa reprise du site, tout en engageant des discussions avec l’entreprise sud-africaine pour éviter une cessation brutale des activités. Cette situation met en lumière des désaccords profonds sur la gestion et l’avenir du secteur minier au Ghana.

Discussions cruciales pour la mine de Damang

Des pourparlers de dernière minute ont débuté ce mardi entre le gouvernement du Ghana et Gold Fields, l’opérateur sud-africain de la mine d’or de Damang, selon les informations relayées par la presse locale. L’objectif principal de cette rencontre est d’établir les conditions d’une possible prolongation temporaire de la gestion de la mine par Gold Fields. Cette initiative fait suite au refus catégorique du renouvellement du permis minier, une décision qui a provoqué une vive contestation de la part de la Chambre des Mines, qui dénonce un sérieux préjudice à la stabilité de l’ensemble du secteur minier.

Alors que l’exploitation de la mine de Damang approche de son terme, Gold Fields avait soumis une demande de renouvellement de son bail en décembre 2024, une démarche courante dans le secteur. Cependant, la Minerals Commission, l’organisme de régulation du secteur minier ghanéen, a rejeté cette requête de manière inattendue.

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Par conséquent, le gouvernement a ordonné à la compagnie de cesser ses opérations et de quitter le site minier dès l’expiration de son permis, fixée au 18 avril dernier. Ce refus catégorique du renouvellement du permis par les autorités ghanéennes a immédiatement suscité une forte réaction et une vague d’inquiétude au sein de l’industrie minière du pays.

Gold Fields soutient avoir scrupuleusement respecté toutes les obligations légales requises pour obtenir une prolongation de son bail d’exploitation, une position qu’elle a clairement exprimée. De son côté, la Chambre des Mines a fait part de sa préoccupation face à ce qu’elle considère comme un signal négatif envoyé aux investisseurs potentiels et actuels. L’organisation met en garde contre les risques importants que ce type de décision pourrait engendrer pour la stabilité et la prévisibilité de l’environnement des affaires dans le secteur minier ghanéen.

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Les raisons du désaccord selon le régulateur

Pour le régulateur minier, ce refus catégorique est perçu comme une simple conséquence logique du comportement jugé contradictoire de la compagnie Gold Fields. Selon Isaac Andrews Tandoh, qui occupe le poste de directeur général adjoint au sein de la Minerals Commission, l’entreprise avait elle-même annoncé publiquement, au début de l’année 2024, son intention de céder la mine de Damang, une démarche qui avait reçu l’approbation formelle de l’État ghanéen.

Le gouvernement explique avoir donné son accord initial pour qu’une reprise de la mine par un opérateur minier local soit activement négociée et menée à bien. Or, sans qu’aucune transaction de vente n’ait été finalisée de manière concluante, Gold Fields est revenue sur sa décision initiale en décembre dernier.

La compagnie a alors déposé une demande de prolongation de son bail d’exploitation, ce qui contraste fortement avec sa position antérieure. Pour les autorités du Ghana , ce revirement soudain, survenu au moment où les cours de l’or connaissaient une forte augmentation, soulève de légitimes interrogations quant aux véritables intentions de l’opérateur minier sud-africain.

La Minerals Commission reproche également à la compagnie minière d’avoir poursuivi l’exploitation du site sans réaliser les investissements nécessaires dans l’identification et le développement de nouvelles réserves aurifères. L’entreprise se serait contentée de traiter les stocks de minerai déjà existants, une attitude qui, selon le régulateur, remet sérieusement en question la nécessité et la justification d’une prolongation du bail minier initialement accordé.

« Le prix de l’or est à 3 000 et vous pensez pouvoir récupérer plus d’argent, mais vous n’avez même pas développé la mine comme prévu dans l’accord », a déclaré M. Tandoh, exprimant le mécontentement des autorités. Il a ajouté avec fermeté : « Ils ont pris de l’argent gratuitement au Ghana sans réellement travailler. Cela ne peut plus continuer. Les Ghanéens méritent mieux », des propos tenus lors d’une interview accordée à la chaîne de télévision locale JoyNews.

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Pour les autorités du Ghana , l’affaire de la mine de Damang s’inscrit dans une stratégie gouvernementale plus vaste visant à réformer en profondeur la gouvernance du secteur minier du pays. Au cours des derniers mois, plusieurs mesures prises par le gouvernement ont suscité de vives critiques de la part de l’opposition politique et des acteurs clés du secteur minier. Parmi ces mesures figurent notamment l’instauration de nouvelles taxes sur la production aurifère et la restriction du commerce de l’or aux seuls opérateurs locaux par le biais du Ghana Gold Board.

Bien que le cas spécifique de cette mine en fin de vie ne suffise pas à lui seul à remettre en question l’ensemble du processus de renouvellement des permis miniers au Ghana, il ravive néanmoins les critiques persistantes concernant la prévisibilité et la cohérence de la politique minière menée par le gouvernement actuel. Cette situation intervient dans un contexte déjà marqué par des tensions entre Accra et certains investisseurs étrangers opérant dans le secteur minier.


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