Le Trésor public camerounais a lancé deux nouvelles émissions de bons du Trésor assimilables (BTA) le 21 avril 2025. Ces opérations sur le marché de la BEAC visent à mobiliser 25 milliards de FCFA pour gérer les besoins de trésorerie à court terme. Cette initiative intervient dans un contexte régional marqué par une augmentation significative des taux d’intérêt, particulièrement sur les BTA, instruments financiers très prisés par les investisseurs.
Contexte de flambée des taux d’intérêts
Les récentes émissions de BTA par le Cameroun se déroulent dans un environnement financier où les taux d’intérêt connaissent une forte progression. Cette tendance est particulièrement notable sur le marché des titres de la BEAC, où les BTA sont des outils de financement privilégiés. Le ministre des Finances, Louis Paul Motazé, avait déjà souligné cette évolution lors d’une présentation à Douala en février 2025.
Entre 2020 et 2024, les taux d’intérêts sur les BTA du Cameroun sur le marché de la BEAC avaient augmenté de plus de 100%, passant de 2,67% à 6,33%, a-t-il déclaré. Cette augmentation traduit un durcissement des conditions du marché pour les emprunteurs. Les investisseurs montrent une plus grande exigence en matière de rémunération pour leurs placements.
Les données de la banque centrale pour février 2025 illustrent bien cette réalité. Le Trésor public camerounais a servi une rémunération moyenne de 6,95% sur les BTA. Ce taux représente un sommet jamais atteint par le Cameroun depuis la création du marché sous-régional des titres il y a près de quatorze ans. Ce niveau de rémunération était le plus élevé observé sur le marché à cette période précise.
À titre de comparaison, les taux d’intérêt pratiqués par le Cameroun sur les BTA étaient nettement inférieurs il y a quelques années. En février 2022, ce taux s’établissait à 2,8%, puis à 4,12% en février 2024. Cependant, l’évolution du marché a contraint le Cameroun à ajuster ses offres. La concurrence accrue entre les États de la Cemac, certains n’hésitant pas à proposer des rendements plus attractifs pour sécuriser leurs levées de fonds, a contribué à cette situation. Le Cameroun, autrefois réputé pour ses taux parmi les plus bas du marché, a dû s’adapter à ces nouvelles dynamiques.
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Implications et perspectives
Les résultats des émissions de BTA du 21 avril 2025 ne sont pas encore connus. Il sera intéressant d’observer l’accueil réservé par les investisseurs à ces nouvelles offres, compte tenu du contexte actuel des taux d’intérêt. La capacité du Cameroun à mobiliser les 25 milliards de FCFA visés dépendra en partie de sa volonté de s’aligner sur les conditions du marché.
Cette situation de hausse des taux d’intérêt sur le marché de la BEAC pourrait avoir plusieurs implications pour les États de la sous-région. Un coût de financement plus élevé pourrait peser sur les budgets publics et potentiellement limiter la capacité des États à réaliser certains investissements. Il est donc crucial pour les autorités de suivre attentivement ces évolutions et d’adapter leurs stratégies de financement en conséquence. La gestion prudente de la dette publique devient une priorité dans ce contexte de marché plus exigeant.