Une vague de contestation estudiantine a secoué l’Université de Manouba en Tunisie, située dans la périphérie ouest de la capitale, entraînant l’expulsion de professeurs français invités dans le cadre d’un programme de coopération universitaire franco-tunisien. La colère des étudiants a éclaté suite à la découverte, au sein de la conférence dispensée par les enseignants, d’éléments interprétés comme une tentative de promouvoir la normalisation des relations avec Israël.
Tensions en Tunisie : des étudiants expulsent des conférenciers français accusés de soutenir Israël
L’incident, dont une vidéo amateur a largement circulé sur la toile, témoigne de la vive émotion suscitée par cette affaire. On y entend distinctement les étudiants scander des slogans sans équivoque tels que « Palestine libre, sionistes dehors ! » et reprendre le cri de ralliement emblématique de la révolution tunisienne de 2010-2011, « Dégage ! ».
Selon les informations du média en ligne Tounes El Khadra, la réaction des étudiants a été déclenchée par la perception que le contenu de la conférence véhiculait des arguments visant à banaliser les relations avec ce que les manifestants ont qualifié d’« entité sioniste génocidaire ».
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La cause palestinienne demeure un sujet d’une sensibilité extrême dans le pays. Les établissements d’enseignement supérieur et secondaire du pays sont régulièrement le théâtre de manifestations de solidarité avec le peuple palestinien, particulièrement en réaction aux épisodes de violence qui frappent la bande de Gaza.
La Tunisie se distingue comme l’un des rares pays du monde arabe à n’avoir jamais normalisé ses relations diplomatiques avec Israël, qu’elle continue de désigner officiellement sous le terme d’« entité sioniste ». Cette position historique est profondément ancrée dans la conscience collective de la population.
Cette « haine » des tunisiens envers Israël a été durablement marquée et renforcée par le bombardement, le 1er octobre 1985, par l’aviation israélienne du quartier général de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) à Hammam Chott, dans la banlieue sud de Tunis. Cette attaque, qui avait coûté la vie à 68 personnes et blessé une centaine d’autres, parmi lesquelles des Palestiniens et des Tunisiens, a laissé une cicatrice indélébile dans la mémoire des deux peuples, alimentant une solidarité inébranlable avec la cause palestinienne.