La Tunisie a connu un moment judiciaire décisif le 19 avril 2025, avec le verdict très controversé dans l’affaire de complot contre la sûreté de l’État. Jugée par la chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme, cette affaire implique une quarantaine d’accusés, dont certains visages connus de la scène politique, poursuivis pour des faits graves liés à la sécurité intérieure et extérieure du pays.
Tunisie : un procès sous haute tension judiciaire et politique
En Tunisie, la chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme a rendu son verdict. Selon les déclarations du substitut du procureur de la République auprès du Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme, les peines infligées aux accusés varient de 13 à 66 ans de prison. Cette affaire implique une quarantaine de personnes poursuivies pour des charges graves : complot contre la sûreté intérieure et extérieure de l’État, appartenance à une entente terroriste, tentative de coup d’État, incitation à la guerre civile, ainsi qu’atteinte à la sécurité alimentaire et à l’environnement. Pour les accusés en fuite, le verdict prévoit une exécution immédiate.
La Tunisie a été au centre d’un procès largement dénoncé par les familles des détenus, les avocats de la défense et plusieurs observateurs internationaux. L’audience du 18 avril, censée débattre du fond, s’est déroulée en l’absence des accusés. Plusieurs témoignages évoquent une lecture expéditive du dossier avant que le tribunal ne se retire pour délibérer.
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La défense, qui avait demandé un report en raison d’un pourvoi en cassation toujours en cours, a vu ses requêtes ignorées. Les avocats ont également dénoncé l’absence d’interrogatoires approfondis, l’impossibilité de plaider sur le fond, ainsi que de nombreuses violations des principes d’un procès équitable : refus d’accès à la salle pour les familles, journalistes et ONG, procédure menée par visioconférence, forte présence policière, et pressions sur les conseils juridiques.
Des verdicts jugés politiques
Le comité de défense estime que le procès est entaché d’irrégularités depuis l’arrestation des premiers accusés en février 2023. Il qualifie les verdicts rendus de « décisions politiques » dictées par le pouvoir, pointant une instrumentalisation de la justice pour museler l’opposition.
Alors que la Tunisie traverse une période de fortes tensions politiques, ce procès marque une nouvelle étape dans la crise entre les autorités et les acteurs de la société civile. Les appels à une transparence judiciaire et au respect des droits fondamentaux se multiplient, dans un contexte où l’indépendance de la justice tunisienne est de plus en plus mise en doute.