Le président camerounais, Paul Biya, a récemment autorisé la mobilisation de fonds importants pour transformer le système d’alimentation en eau potable de la capitale, Yaoundé. Trois décrets présidentiels, signés le 21 avril 2025, donnent le feu vert au ministre de l’Économie, Alamine Ousmane Mey, pour contracter des emprunts auprès de trois institutions bancaires étrangères. Ces financements totalisent 112,5 milliards de francs CFA et visent à concrétiser le Projet de reconfiguration du système d’alimentation en eau potable de Yaoundé.
Financements européens pour un projet crucial
Le ministre de l’Économie est mandaté pour emprunter des sommes considérables auprès de banques européennes afin de mener à bien ce projet d’envergure. Un montant de 73,1 millions d’euros, équivalant à 47,9 milliards de francs CFA, sera alloué par ING Banque de Belgique pour la réalisation du lot 1 des travaux. Parallèlement, Belfius Bank de Belgique fournira 60 millions d’euros, soit 39,36 milliards de francs CFA, destinés au lot 2 du projet. La Deutsche Bank apportera un financement de 38,53 millions d’euros, représentant 25,27 milliards de francs CFA, pour le lot 3.
Ce projet de reconfiguration s’inscrit dans la continuité du Projet d’approvisionnement en eau potable de la capitale camerounaise à partir du fleuve Sanaga (Paepys), une initiative achevée et inaugurée en 2024. Le Paepys a permis la construction d’une nouvelle station de production d’eau sur le fleuve Sanaga, située à Batschenga dans la région du Centre, avec une capacité impressionnante de 300 000 m³ par jour, et potentiellement extensible à 400 000 m³. Cependant, une contrainte majeure a été identifiée au niveau du réseau de distribution existant à Yaoundé.
Selon des sources au ministère de l’Eau et de l’Énergie, bien que la nouvelle infrastructure du Paepys puisse théoriquement combler le déficit actuel de 215 000 m³ d’eau par jour dans la capitale – la station d’Akomnyada ne produisant que 100 000 m³ pour une demande estimée à 315 000 m³ – sa pleine efficacité est compromise. « Bien que cette infrastructure permette de combler le gap de 215 000 m3 actuellement enregistré dans la capitale […], ce projet ne pourra pas permettre d’alimenter certaines populations, au regard de la configuration actuelle du réseau de distribution de Yaoundé », précise-t-on. Cette situation rend impérative une reconfiguration du réseau de distribution pour l’adapter à la nouvelle capacité de production.
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Nécessité d’une adaptation du réseau
La reconfiguration du système d’alimentation en eau potable de Yaoundé apparaît donc comme une étape essentielle pour garantir un accès équitable à l’eau pour tous les habitants. L’objectif principal est d’adapter le réseau de distribution existant à la nouvelle capacité de production issue du projet Paepys. Cette adaptation permettra d’acheminer efficacement l’eau traitée vers les différents quartiers de la ville, y compris ceux qui ne pourraient pas être alimentés avec la configuration actuelle. Les fonds obtenus grâce à ces emprunts seront spécifiquement utilisés pour réaliser les travaux nécessaires à cette reconfiguration, assurant ainsi une distribution d’eau potable plus fiable et étendue à l’ensemble de la population de Yaoundé.