Depuis la chute de Laurent Gbagbo en avril 2011, le FPI peine à se trouver un véritable leader pour fédérer les forces et reconquérir le pouvoir d’État en 2020. Simone Gbagbo est de plus en plus en vue pour jouer ce rôle, quand bien même elle ne le dit pas expressément et que certains camarades de parti s’y opposent déjà.
Présidentielle 2020, Simone Gbagbo, la Hillary Clinton ivoirienne ?
Simone Gbagbo croupit en prison depuis le 11 avril 2011, date de la chute du régime des refondateurs. Condamnée à 20 ans de réclusion en mars 2015 pour « attentat contre l’autorité de l’État, participation à un mouvement insurrectionnel et trouble à l’ordre public », l’ancienne première dame n’a cependant pas perdu le nord. Mieux, elle espère sortir un jour de prison afin d’oeuvrer à la survie du Front populaire ivoirien (FPI), parti dont elle est membre fondatrice.
Ce retour de Mme Gbagbo dans l’arène politique est d’autant plus souhaité que l’ancien parti au pouvoir est en mal de leadership. Pascal Affi N’Guessan, officiellement reconnu comme le président du FPI, ne jouit suffisamment pas de légitimité auprès de la majorité des frontistes. En témoigne sa débâcle à la présidentielle de 2015 avec un score de 9,29%.
De son côté, Aboudramane Sangaré qui dirige la dissidence du parti a du mal à imposer un charisme qui puisse faire de lui un présidentiable pour la prochaine présidentielle.
C’est fort de cela que la « femme du chef » est perçue comme le ciment qui viendrait recoller les morceaux de l’ex-parti au pouvoir. Mais, en fin tacticienne et fort de sa longue expérience politique, Simone Ehivet Gbagbo s’abstient de se prononcer sur son avenir politique, d’autant plus qu’elle est encore en prison. « Quand elle évoque les potentiels candidats à la succession de Sangaré, Simone Gbagbo ne parle jamais d’elle », confient certains proches.
N’empêche qu’elle apparait comme une personnalité incontournable chez les Frontistes. A cet effet, un cadre du FPI qui n’exclut pas le retour de Mme Gbagbo au-devant de la scène a tenu a faire confidence : « Ces débats sont prématurés tant que Simone demeure en prison. Mais, si elle se retrouve un jour en capacité de prendre le leadership du parti, personne ne pourra ou n’osera l’en empêcher. » L’organisation du congrès du FPI tendance Sangaré à Moossou, la ville natale de Simone Gbagbo en août prochain, serait-elle un signe avant-coureur à cette éventualité ?
Si la femme de l’ancien président ivoirien porte effectivement l’étendard de son parti pour la présidentielle, elle apparaitra donc comme Hillary Clinton qui s’est portée candidate aux élections américaines, alors que son époux Bill Clinton a dirigé les USA pendant deux mandats.
En attendant d’en savoir davantage, les deux branches du FPI ont annoncé, chacun pour sa part, leur volonté de participer à la présidentielle de 2020. Cependant, une division en leur sein ne ferait que les fragiliser davantage devant le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) qui s’active pour aller à ces joutes électorales en parti unifié, quand bien même le PDCI et le RDR, les deux maillons essentiels de la coalition au pouvoir, affichent également des dissensions.
Toutefois, l’éventualité de la candidature de Simone Gbagbo à la présidentielle de 2020 ne pourrait se concrétiser que si elle sort effectivement de prison avant cette date, elle qui est âgée de 68 ans et quelque peu affaiblie par la maladie et le poids de la détention. Il est d’ailleurs annoncé que le président Alassane Ouattara serait favorable à cette décrispation par la prise d’une loi d’amnistie ou une grâce présidentielle.
Certaines personnes qui la fréquentent révèlent même qu’elle se trouve actuellement dans de nouvelles dispositions d’esprit : « La religion l’a aidée à comprendre et à analyser son histoire politique ainsi que les erreurs qu’elle a pu commettre, avec ou sans son mari, raconte l’un d’eux. Depuis son séjour à Odienné, son discours a évolué. Elle dit être dans une logique différente et n’avoir plus aucune animosité. »