Le secrétaire général du Syndicat national agricole pour le progrès de la Côte d’Ivoire (SYNAP-CI) Moussa Koné, soutient que la commercialisation du café, produit dont le pays est le troisième producteur africain, est « bloquée », trois mois après l’ouverture de la campagne, annonçant « une grève mardi » pour dénoncer ce « blocage », dans une interview.
La commercialisation du café connait des difficultés
Début février, vous avez déposé un préavis de grève au niveau de la filière café- cacao, quels sont les problèmes ?
On veut partir en grève parce que l’heure est très grave, Dieu merci, Yves Koné (le directeur du Conseil café-cacao (CCC), organe de régulation de la filière en Côte d’Ivoire) nous a fait savoir que la stabilisation dont l’Etat parle, c’est archi-faux et ne concerne pas les planteurs. Elle concerne les exportateurs et les transformateurs, qui ne sont pas les producteurs de cacao. La preuve est que ce qu’il a dit est vrai et que cela doit motiver tous les paysans pour faire barrage à la prise en otage de la filière cacao.
L’autre problème, c’est le blocage du café, car ils ont mis un système en place. Tant qu’on ne t’a pas appelé pour venir vendre du café à Abidjan, tu ne peux pas (le faire), du coup, tout est bloqué au village.
Qu’en est-il de la filière café que vous avez évoquée?
Personne n’achète le café, les producteurs sont dans des difficultés, le café est bloqué. Cette situation ne fait ni chaud ni froid au Conseil café cacao, parce qu’ils savent ce qu’ils prélèvent sur le café-cacao qui est la parafiscalité cotisée. Normalement, elle était censée de garantir les activités des paysans et utilisent 40 milliards FCFA de budget de fonctionnement. Voici l’objet qui nous motive à entrer en grève, parce que l’heure est grave. Le blocage (de la commercialisation) du café a commencé depuis l’ouverture de la campagne. Les gens (les producteurs) ne gagnent même pas la moitié du prix annoncé (700 FCFA, NDLR), sur le terrain. Les acheteurs disent aux planteurs que le café ne s’achète plus, ce qui fait que les gens qu’ils sont désespérés.
Selon vous, qu’est ce que l’Etat doit faire pour éviter les problèmes dans la filière café-cacao ?
L’Etat doit mettre fin à cette histoire de café-cacao. Le syndicat propose simplement la libéralisation du secteur du café-cacao. Elle nous a permis de voir clair dans la commercialisation sur le plan national comme international, parce qu’on avait eu des acquis. Elle a également permis aux paysans de mettre en place une cotisation de 65 FCFA. Tout le monde avait critiqué le système en disant que la libéralisation n’était pas bonne, mais c’est faux, elle est mieux que la situation actuelle, ils ont mieux géré que ceux qui sont là actuellement.
Les coopératives ont eu des financements, tout le monde travaillait, l’argent circulait partout, mais actuellement toutes les coopératives sont en train de disparaître. Ce qui est grave, c’est qu’aujourd’hui les gens vendent le cacao de gré à gré. Nous avons les preuves, c’est-à-dire que le DG prend son téléphone, il vend le cacao, mais on ne peut pas s’en sortir, tous les planteurs ont compris.
Il y a eu un détournement de plus de 500 milliards FCFA avec le premier gestionnaire du café-cacao, mais avec la nouvelle équipe qui est là présentement, ça serait plus que mille milliards FCFA.
Pourquoi vous avez été auditionné à la préfecture de police d’Abidjan ? Qu’est-ce qu’on vous reprochait ?
Nous avons déposé un préavis de grève comme prévu par loi, mais il paraît que le DG (du CCC) a des entrées à la présidence, donc il a porté plainte pour troubles à l’ordre public et qu’on demande 1,6 milliard FCFA à l’Etat de Côte d’Ivoire sans raison. On s’est donc présenté avec nos documents, ils ne pouvaient rien faire que nous écouter et nous laisser partir. Après on aurait appris qu’il a retiré sa plainte, mais elle nous fait ni chaud ni froid, s’il avait demandé une convocation chez le procureur de la République, je serai là-bas avant lui, parce que c’est lui qu’on doit arrêter.
J’estime que le procureur ne fait pas son travail parce qu’il ne peut pas dire qu’il n’est pas au courant du blocage du café. D’autres ont qualifié cela d’intimidation, mais il ne peut pas m’intimider, on sait ce qu’on fait, quand on critique on dit qu’on n’aime pas Alassane Ouattara.
Quelles sont les résolutions de cette situation ?
On a décidé d’entamer une grève qui va se passer partout dans toutes les zones de production de cacao et notre ministère de tutelle, il y aura un sit-in devant la Caisse de stabilisation (Caistab), les gens vont constater notre présence dans les locaux de la caistab, il y aura des manifestations pour faire savoir que dans la filière café cacao, contrairement à ce qu’on fait croire, ça ne va pas. C’est l’objectif qu’on veut atteindre.