La junte au Mali suspend les accords de coopération militaire entre Bamako, Paris et Bruxelles pour « atteintes flagrantes » à la souveraineté nationale, a indiqué le gouvernement malien dans un communiqué publié le 2 mai 2022.
Coopération militaire dans le Sahel: Le Mali prend ses distances avec la France et l’Europe
Dans le communiqué lu à la télévision nationale par le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga évoque des “atteintes flagrantes” de la France, présente militairement sur le sol malien depuis 2013, à la souveraineté nationale.
“L’attitude unilatérale” de la France a également été critiquée à travers le communiqué, notamment en ce qui concerne la suspension, en juin 2021, des opérations conjointes entre les armées françaises et maliennes, ou encore le retrait des forces Barkhane et Takuba, survenue en février 2022 et “sans aucune consultation de la partie malienne”.
Cette dénonciation, mettant à exécution une menace agitée depuis des mois, constitue une nouvelle manifestation de la dégradation des relations entre les autorités dominées par les militaires arrivés au pouvoir par la force en août 2020 et les anciens alliés du Mali dans le combat contre les djihadistes.
En ce qui concerne le traité de 2014, elle prendra effet six mois après cette notification, selon le porte-parole. En revanche, c’est avec « effet immédiat » que les autorités dénoncent le Sofa de mars 2013 encadrant l’engagement de la force française Serval, puis Barkhane, ainsi que le protocole additionnel de mars 2020 s’appliquant aux détachements européens de Takuba.
L’annonce des autorités maliennes envenime encore les relations entre deux anciens alliés qui ont combattu ensemble la contagion djihadiste partie du nord de ce pays pauvre et enclavé. Elle a depuis gagné le Niger et le Burkina Faso voisins, et menace de s’étendre encore plus au sud jusqu’au golfe de Guinée. Elle a fait au Mali des milliers de morts, civils et combattants, et laissé le pays proche de sombrer, de l’aveu même des autorités.
Les rapports se sont dégradés entre Bamako et Paris après le second coup d’Etat mené par les colonels maliens en mai 2021 contre un président et un premier ministre qu’ils avaient eux-mêmes installés, puis la révocation par ces officiers de leur engagement à rendre le pouvoir aux civils en février 2022.