Le 19 août 2025, des combattants du JNIM (affilié à al-Qaïda) ont lancé des attaques coordonnées contre des positions de l’armée malienne à Farabougou (région de Ségou) et à Biriki-Wèrè. Les postes ont été submergés au petit matin, des soldats tués ou faits otages, et les habitants ont fui par centaines. Depuis, plusieurs médias locaux et internationaux rapportent que la garnison a évacué et que Farabougou est désormais contrôlée par le JNIM. La scène sur place est celle d’une ville fantôme, vidée par la peur.
Face à cet épisode, l’armée malienne a confirmé les attaques mais n’a donné aucun bilan clair, laissant le terrain médiatique aux jihadistes. Quatre jours après, les civils continuaient de fuir sans dispositif de protection visible ni aide suffisante annoncée par Bamako. Même l’Union africaine a réagi publiquement à la « simultanéité » des attaques, quand les autorités maliennes se contentaient de formules vagues.Cette passivité n’est pas un accident : elle s’inscrit dans une dégradation continue de la sécurité depuis des mois, marquée par des offensives répétées du JNIM contre des camps dans le pays.
Quant à l’Africa Corps (relais du dispositif russe après Wagner), sa promesse de « stabilisation » tourne au fiasco. Malgré sa présence annoncée « inchangée » après le départ de Wagner en juin, aucune contre-offensive crédible n’a empêché la chute de Farabougou ni repris l’initiative. Des analyses publiques décrivent un dispositif russe avec une position de simple conseiller, mal intégré, et en tension avec l’armée malienne — un cocktail d’inefficacité opérationnelle. Cette impuissance s’observe à l’échelle régionale : le JNIM mène des attaques de plus en plus larges et
sophistiquées, profitant de failles tactiques récurrentes des forces au pouvoir malien.
Le plus frappant est que, pour survivre, les habitants de Farabougou ont dû passer un accord avec les terroristes du JNIM. « Le chef du village a signé avec les jihadistes pour dire que nous allons respecter leurs lois. Donc ils ont dit que nous pouvions revenir », a expliqué un habitant joint par téléphone. Ce pacte de survie confirme l’incapacité de l’État et de ses alliés russes à protéger leurs propres citoyens.
Le résultat à Farabougou est clair : un camp important abandonné, une localité stratégique livrée aux jihadistes, des familles sur les routes et aucune communication transparente sur les pertes, les otages ou un plan de reprise. En 2023 déjà, la zone avait payé un lourd tribut ; deux ans plus tard, rien n’a été appris et la menace a grandi. Tant que Bamako minimisera les revers et que l’Africa Corps continuera d’additionner les promesses non tenues aux dysfonctionnements internes, d’autres Farabougou suivront.