Le Mali ambitionne de dynamiser son développement économique en s’inspirant du modèle burkinabè. Le pays projette de créer une Caisse des dépôts et de consignation dotée d’une branche d’investissement stratégique. Cette initiative s’est concrétisée par une sollicitation officielle de l’expertise du Burkina Faso, marquant une étape cruciale pour l’autonomie financière malienne.
Un modèle burkinabè comme source d’inspiration
Le gouvernement malien prépare activement la mise en place de sa Caisse des dépôts et de consignation. Cette structure aura pour mission essentielle de collecter, sécuriser et gérer des fonds publics de manière efficace. L’objectif principal est d’orienter ces ressources vers des projets jugés stratégiques pour le développement national.
Cette démarche a conduit le Mali à se tourner vers le Burkina Faso pour bénéficier de son expérience. La rencontre entre les ministres de l’Industrie et du Commerce des deux nations a été un moment clé. Elle a eu lieu lors de la signature d’accords entre les Patronats de l’Alliance des États du Sahel (AES), le lundi 14 avril à Ouagadougou. À cette occasion, Sidi Dagnoko, troisième vice-président délégué du Conseil national du patronat du Mali, a adressé une invitation significative. Il a convié Balibié Serge Auguste Bayala, directeur général de la Caisse des dépôts et d’investissement du Burkina Faso (CDI-BF), à la rentrée solennelle du patronat malien. Cet événement important se déroulera en mai 2025 à Bamako.
Durant cette rentrée solennelle, le directeur général de la CDI-BF partagera l’expérience précieuse du Burkina Faso. Il expliquera les mécanismes mis en place par son institution pour assurer le financement souverain du développement. Sidi Dagnoko a souligné l’importance de cette collaboration en déclarant : « L’expérience de la CDI-BF est une source d’inspiration précieuse pour nous. Dans la dynamique de l’AES, il est essentiel de mutualiser les savoir-faire et les instruments stratégiques pour l’autonomie économique de nos Etats ». Cette citation met en lumière la volonté du Mali de tirer profit de l’expertise régionale.
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Genèse et missions de la future Caisse malienne
La création de la future Caisse des dépôts et de consignation du Mali (CDCM) représente une réforme attendue. Elle fait suite à l’adoption, en octobre 2024, d’un projet de texte qui définit son organisation et son fonctionnement précis. Il est important de noter que la CDCM existe légalement depuis une date lointaine, en 1963. Cependant, malgré son existence juridique, elle n’a jamais été réellement opérationnalisée sur le terrain.
Jusqu’à récemment, certaines des missions qui incomberont à la future Caisse étaient partiellement assurées par l’Agence comptable centrale du Trésor. Néanmoins, les compétences de cette agence restaient inévitablement limitées face à l’ampleur des besoins. Le modèle qui a été retenu pour la nouvelle structure s’inspire directement du succès rencontré par le Burkina Faso avec sa propre Caisse.
À l’instar de la CDI-BF, la CDCM se verra confier une mission aux multiples facettes. Elle aura la responsabilité de collecter des fonds, qu’ils soient d’origine publique ou privée. De plus, elle devra assurer la sécurisation et la gestion rigoureuse de ces ressources financières. L’objectif ultime est d’orienter ces fonds vers le financement de projets qui présentent un intérêt général manifeste pour le pays. Cela englobe des domaines cruciaux tels que le développement des infrastructures, le soutien aux petites et moyennes entreprises (PME), ainsi que l’accompagnement des collectivités locales dans leurs initiatives.
Au Burkina Faso, la Caisse des dépôts joue un rôle central dans l’économie. Elle assure non seulement la collecte, la conservation et la gestion sécurisée des fonds publics et privés qui lui sont confiés. Elle apporte également un soutien actif aux politiques publiques mises en œuvre par l’État et les collectivités territoriales. Ce soutien se manifeste notamment à travers des investissements stratégiques dans des secteurs clés. La CDI-BF a également une autre prérogative importante : elle gère l’or détenu par l’État ou provenant de saisies judiciaires. Enfin, elle assure le financement et la restructuration des entreprises qui traversent des difficultés financières. Cette dernière compétence pourrait bien devenir une source d’inspiration supplémentaire pour le Mali dans la conception de sa propre Caisse des dépôts.