Afficher les titres Masquer les titres
La valeur des avoirs en or de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest ( BCEAO) a connu une augmentation significative en 2024, dépassant les 2 500 milliards de francs CFA. Cette hausse, principalement due à la flambée du prix de l’once, soulève des questions importantes sur la localisation de ce stock stratégique. Si une petite partie est conservée au siège à Dakar, l’essentiel de cet or repose loin du continent africain, suscitant des débats sur la souveraineté monétaire.
Le gros des réserves à paris
La Banque de France abrite la part la plus importante des réserves d’or de la BCEAO, représentant près de 70% du stock total. Plus d’un million d’onces sont ainsi déposées dans les coffres réputés sécurisés de l’institution française. Ce choix, ancré dans les fondements du système monétaire ouest-africain, continue de renforcer la crédibilité de l’Union sur les marchés internationaux et rassure les partenaires financiers quant à la traçabilité et la solidité de ses réserves.
Cette concentration des avoirs en or à Paris génère régulièrement des critiques. Des courants panafricanistes et certains économistes y voient un symbole persistant de dépendance postcoloniale. Le fait que la majorité de cet or soit conservée hors du continent alimente un débat sur la souveraineté monétaire réelle des huit États membres de l’Union. Malgré des réformes récentes concernant le compte d’opérations et la présence française dans la gouvernance de la BCEAO, beaucoup estiment que ces changements restent insuffisants.
Outre la Banque de France, la Banque des règlements internationaux (BRI) conserve également une partie des avoirs en or de la BCEAO, soit près de 106 000 onces. Toutefois, le stock détenu auprès de la BRI a connu une diminution en 2024. Une partie de cet or a été redéployée vers des opérations de placement. Cette nouvelle stratégie de gestion active, initiée par la BCEAO depuis 2023, vise à obtenir un meilleur rendement de cet actif.
Lire aussi : Or Malien : l’ombre du litige fiscale plane sur Loulo-Gounkoto
Stratégie de placement et débats sur la souveraineté
Environ 200 000 onces d’or étaient engagées dans des opérations de placement fin 2024. Ces opérations ont contribué à la revalorisation comptable de l’année à hauteur de 37 milliards de francs CFA. Cette gestion active des réserves en or représente une évolution dans la stratégie de la BCEAO.
Cependant, la question de la localisation de l’or demeure un sujet sensible. Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a récemment menacé de distancer son pays de la monnaie commune si la réforme n’était pas accélérée. Cette prise de position illustre les tensions persistantes autour de la souveraineté monétaire et de la gestion des réserves de la BCEAO. Le débat sur le lieu de conservation de cet or stratégique n’est donc pas près de s’éteindre.
