Fatou Bensouda est en fin à la tête du Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale. Mais avant de céder son fauteuil à son successeur, la procureure gambienne, loin de s’avouer vaincue dans le dossier Gbagbo et Blé Goudé, annonce également des poursuites contre le camp Ouattara.
Fatou Bensouda : « Nous sommes aussi en train d’enquêter sur l’autre camp »
Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ont définitivement été acquittés de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Le « plan commun » allégué par la procureure Fatou Bensouda, selon lequel l’ancien président ivoirien et le ministre de la Jeunesse de son dernier gouvernement pour conserver le pouvoir par tout moyen, y compris la violence, n’a pu être prouvé par les 82 témoins à charge qui se sont succédé à la barre, ainsi que les preuves. Le juge président de la Chambre de première instance, Cuno Tarfusser, ayant dénoncé une « faiblesse exceptionnelle » du dossier.
Fatou Bensouda cède son poste de chef du bureau du Procureur à l’Anglais Karim Khan, dès le 15 juin prochain. Mais avant de céder définitivement le tablier à son successeur, l’ancienne ministre de la Justice de Yahya Jammeh n’a pas dit son dernier mot. Invitée du Journal Afrique de TV5 monde, l’ancienne collaboratrice de Luis Moreno Ocampo a affirmé : « Aujourd’hui, je peux affirmer avec une conscience tout à fait tranquille que j’ai fait tout ce que je devais faire en tant que procureur dans ce dossier (affaire Gbagbo et Blé Goudé) et dans tous les autres dossiers. Donc pour moi, ce n’est pas une affaire de défaite ou de victoire. Ce sur quoi il faut se concentrer, c’est que plus de 3 000 Ivoiriens sont morts. Souvenons-nous des victimes de ces crimes. Ce n’est pas une question de gouvernance ou de pouvoir. Mais de victimes qui sont mortes ou qui souffrent encore aujourd’hui de ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire. Ils méritent justice. »
Poursuivant, mme Bensouda a clairement annoncé que le dossier des pro-Ouattara est également en cour de traitement par la Cour de La Haye. « Et je saisis l’opportunité pour dire que mon bureau à la CPI n’a pas seulement enquêté d’un côté. Nous sommes aussi en train d’enquêter sur l’autre camp (camp Ouattara, NDLR) », a affirmé la procureure.
Pour ceux qui évoquent sa cuisante défaite dans le dossier Gbagbo, Bensouda a tenu à expliquer les difficultés par lesquelles elle et ses collaborateurs sont passés. « Dans ce métier, nous avons de frustrations. Parce qu’on veut faire tellement, on veut porter notre attention sur tout, mais le manque de fonds nous en empêche, le manque de coopération nous en empêche, la manipulation des témoins nous en empêche. La politisation des affaires affecte notre travail. Parfois, on voit quelqu’un accusé de crimes. Il devrait être poursuivi et conduit à la CPI. mais à cause de la politisation des affaires, la personne n’est pas conduite à la Cour, et c’est très frustrant. »
« J’ai fait tout ce que je devais faire en tant que procureure », note Fatou Bensouda sur le dossier ivoirien. Pendant 9 ans, la procureure générale de la Cour pénale internationale (CPI) a été le cauchemar de Laurent Gbagbo, Jean-Pierre Bemba, Charles Blé Goudé et bien d’autres… pic.twitter.com/HQFJBOichy
— Le journal Afrique (@JTAtv5monde) May 23, 2021