Le coup d’état survenu au Niger le 26 juillet 2023, le troisième du genre au cours de cette décennie, est loin de connaître son épilogue. Comme à leur habitude, la Cedeao et l’Union Africaine (UA), sont montées au créneau pour condamner avec la dernière énergie cette nouvelle intrusion des militaires sur l’échiquier politique.
Niger : Qu’est-ce qui fait courir la Cedeao ?
A l’image du cas du Mali, la Cedeao et l’Uemoa, le couteau entre les dents, ont égrené les sanctions prises à l’encontre du Niger. Elles donnent un délai de sept (7) jours aux nouvelles autorités nigériennes, pour remettre Mohamed Bazoum dans « son fauteuil » présidentiel.
Les sanctions prises se déclinent ainsi :
– La fermeture des frontières avec le Niger
– L’interdiction des vols commerciaux
– L’interruption des transactions financière
– La suppression de l’aide au développement
– Le gel des avoirs du Niger
Les responsables militaires ne sont pas en reste. Ils verront leurs avoirs personnels gelés et sont interdits de voyage.
Cerise sur le gâteau, la Cedeao n’exclut pas une intervention militaire pour ramener Mohamed Bazoum au pouvoir.
C’est à ce niveau que se posent de nombreuses interrogations : qu’est ce qui fait courir la Cedeao ? Quelle est sa motivation réelle ?
Depuis des années, le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont aux prises avec des bandes armées composées de terroristes de tous genres.
À aucun moment, la Cedeao n’a mobilisé de troupes à l’effet d’aider les pays susmentionnés dans leur lutte contre ces terroristes et leurs rodéos motorisés meurtriers.
En quoi le rétablissement de Bazoum au pouvoir est plus important que la vie des populations au point de susciter cette transe hystérique qu’il nous est donné de voir ?
Tout comme il est difficilement compréhensible la gesticulation du Nigeria, incapable d’éradiquer Boko Haram sur son territoire, mais qui est prêt à en découdre avec l’armée nigérienne en prenant la tête des troupes de la Cedeao. Certainement que la vie des pauvres filles régulièrement enlevées par Boko Haram compte moins que le « fauteuil » de Bazoum
Mais il faut le comprendre. L’hystérie qui s’est emparée de la Cedeao, de l’Union Africaine et en embuscade, de la France, des Etats-Unis et de leurs alliés, est inhérente à la situation singulière du Niger qui se démarque de celle du Mali ou du Burkina Faso. Avec la chute de Bazoum, la France perd un de ses plus fidèles alliés, toujours prêt à tout pour lui faire plaisir. Ce n’est un secret pour personne, le Niger est un pion essentiel dans le dispositif stratégique de la France dans la zone sahélo-saharienne, surtout qu’à son défendant, elle a dû quitter le Mali et le Burkina Faso.
En outre, en dépit de la volonté de nombre d’analystes français de minimiser la part de l’uranium nigérien dans l’approvisionnement de la France, ce qui est peut-être vrai, il n’en demeure pas moins que les réserves du Niger que la France couve comme une poule couve ses œufs, constituent pour elle, des réserves stratégiques en cas de besoin.
On ne peut non plus passer sous silence, la présence de nombreux militaires français sur le sol nigérien, récemment rejoints par ceux des leurs qui ont été priés de quitter le Mali et le Burkina Faso. À ceux-là, il faut adjoindre les forces américaines, allemandes et d’autres nationalités censées être au Niger dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Pour nombre de personnes, la détermination de la Cedeao, est liée à la présence de ces forces étrangères, dont elle s’apprête à être le bras séculier. La Cedeao serait donc prête à danser comme une marionnette sur la cadence imprimée par les ficelles que tirent la France et ses alliés.
Ainsi, sous l’argutie de conserver sa crédibilité en intervenant au Niger afin que les coups d’État ne prospèrent plus dans la sous-région, la Cedeao ne fait qu’exécuter un agenda qu’elle aurait reçu, et qui permettra d’habiller l’intervention de la France et de ses alliés.
Dans ces derniers jours, la crise au Niger a pris une nouvelle tournure. La France a entrepris le rapatriement de ses ressortissants. De leur côté, les autorités maliennes et burkinabé ont, dans un communiqué commun, affirmé leur soutien aux nouvelles autorités nigériennes et déclaré avec force, que toute intervention militaire au Niger, est une déclaration de guerre au Mali et au Burkina Faso. Cela entrainera également le retrait de ces deux pays de la Cedeao. Cela promet et demain nous situera.
Mais la situation surréaliste et loufoque qu’il a été donné de voir, a été le déplacement à Niamey du président par effraction du Tchad, Idriss Mahamat Déby. À quoi répondait ce voyage ? Que pouvait-il bien dire aux nouvelles autorités nigériennes ou exiger d’elles ? De quelle légitimité jouit-il ?
Certainement que les militaires au pouvoir au Niger ont fait leurs le proverbe qu’affectionne un ami mien : le corbeau reconnait qu’il chante moins bien que le rossignol. Mais que cette appréciation vienne du margouillat qui n’a jamais entonné un chant, est une hérésie qui ne peut prospérer.
Ainsi va l’Afrique.
Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.