Dans un contexte de profonde crise diplomatique avec l’Algérie, le Mali a décidé de renforcer significativement sa présence militaire le long de leur frontière commune. Une décision qui constitue une nouvelle étape dans l’escalade des tensions entre les deux nations, suite à l’accusation malienne selon laquelle Alger aurait abattu un de ses drones en territoire malien vers la fin du mois de mars.
Crise diplomatique Sahel-Algérie : le Mali muscle sa présence à la frontière et durcit le ton
Le gouvernement de transition présidé par le général d’armé Assimi Goïta a pris cette mesure à l’issue d’une réunion d’urgence, ordonnant le déploiement de renforts militaires pour consolider les positions déjà établies le long de la frontière avec l’Algérie. Il s’agit en effet, d’une initiative qui intervient après une semaine marquée par des rappels d’ambassadeurs réciproques, amorçant une vive bataille diplomatique dans laquelle l’Alliance des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, s’est activement impliquée. En signe de solidarité avec Bamako, Ouagadougou et Niamey ont également rappelé leurs représentants à Alger, une démarche qui a suscité une réaction de « consternation » de la part de l’Algérie.
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Au cœur de cette crise se trouve la destruction d’un drone de reconnaissance armé malien, qualifiée d’« acte hostile prémédité » par Bamako. Selon les autorités de transition, cet incident s’est produit près de la ville frontalière de Tinzaouatine, dans le sud du pays, vers la fin du mois de mars. De son côté, le ministère algérien de la Défense maintient que le drone a été intercepté aux alentours de minuit après avoir pénétré de deux kilomètres l’espace aérien algérien, constituant une violation de sa souveraineté. Une version catégoriquement rejetée par une enquête de l’armée malienne, qui affirme avoir localisé les débris de l’appareil à 9,5 kilomètres au sud de la frontière algérienne.
L’AES dénonce un « acte irresponsable » et le Mali quitte le CEMOC
Un communiqué conjoint des pays de l’AES a vivement condamné l’incident, le qualifiant d’« acte irresponsable du régime algérien » et d’« acte hostile prémédité … contraire aux relations historiques et fraternelles entre les peuples de la confédération de l’AES et le peuple algérien ». En signe de protestation supplémentaire, le Mali a annoncé son retrait avec effet immédiat du Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC) de la région du Sahel, une instance de coopération militaire regroupant l’Algérie, la Mauritanie, le Niger ainsi que le pays du général d’armée Assimi Goïta.
La tension a franchi un nouveau seuil avec l’annonce par le ministère algérien de la Défense, le 7 avril, de la fermeture de son espace aérien à toute navigation en provenance ou à destination du Mali, en réponse aux « violations répétées » de son espace aérien par Bamako. Cette décision a immédiatement entraîné une mesure symétrique de la part de Bamako, qui a également fermé son espace aérien à l’Algérie « jusqu’à nouvel ordre », signalant une rupture profonde dans les relations bilatérales.