Mali : le pôle judiciaire Anti-cybercrilinalité, instrument de répression politique ?

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Le Pôle Judiciaire Anti-Cybercriminalité au Mali a été créé tout au début pour un objectif précis : lutter contre les délits en ligne. De plus en plus, l’institution ne sert plus ses objectifs premiers. Son usage pour faire taire l’opposition ou encore limiter la liberté d’expression inquiète et soulève des préoccupations. Le cas de Mamadou Traoré, figure montante de l’opposition, en est un exemple. Ce dernier a été arrêté pour « diffusion de fausses informations » après avoir critiqué la junte. Son dossier est entre les mains de ce pôle spécialisé.

Polémique autour de la structure judiciaire Anti-Cybercriminalité du Mali

La mise en place d’une structure judiciaire Anti-Cybercriminalité a pour objectif de répondre aux défis du numérique et de la désinformation. Cependant, au Mali, cette structure sert à d’autres fins. Des voix dénoncent une instrumentalisation de cette structure juridique à des fins politiques évidentes. Selon les critiques, ce pôle juridique est devenu un moyen de viser ceux qui s’opposent aux actions de la junte militaire au pouvoir depuis 2020 et 2021. L’affaire Traoré n’est pas un cas isolé.

Durant une interview, ce dernier avait tenu des propos qui ont entraîné en un temps record son arrestation et son inculpation. Ces derniers dénonçaient les malversations financières et critiquaient la légitimité des institutions de transition. D’autres figures de l’opposition ont eu également affaire avec cette juridiction. Toutes ces situations ont alimenté le sentiment que l’institution juridique est mise sur pied pour étouffer les voix contraires.

Cette situation est particulièrement très alarmante. Le climat est tendu et on note des menaces de poursuites pour des propos critiques diffusés via internet ou relayés par les médias.

Les citoyens et les acteurs politiques hésitent à donner leurs points de vue en toute liberté sans rien craindre. La situation devient plus préoccupante que la junte tarde à mettre en œuvre la transition démocratique promise au début.

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L’avis des organisations internationales sur cette affaire

Des organisations internationales comme Amnesty International et Human Rights Watch ont exprimé leurs inquiétudes face à la situation. Elles mettent en lumière le danger selon lequel les lois qui sont destinées à encadrer l’espace numérique servent d’autres intérêts, notamment politiques. Le procès de Mamadou Traoré constituera donc un test majeur pour évaluer le rôle véritable de ce pôle judiciaire.

S’agit-il réellement d’un outil pour contrecarrer les dérives dans l’espace judiciaire ou d’un instrument qui sert des intérêts politiques ? La réponse à cette question sera déterminante pour l’avenir des Maliens. Pour l’instant, les regards sont tournés vers le 12 juin, date prévue pour le procès de cette figure de l’opposition. La fin de cette affaire indiquera clairement le nouveau visage de la justice malienne.

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