Le meurtre de Philippine, une étudiante de 19 ans, retrouvée morte et enterrée dans le bois de Boulogne, pourrait être un Marocain sous OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français). Ce dernier avait déjà été condamné pour viol.
Un suspect marocain au passé criminel lourd interpellé
Taha O., âgé de 22 ans, avait été condamné en 2019 à sept ans de prison pour le viol d’une étudiante de 23 ans dans le Val-d’Oise. Après sa sortie anticipée de prison en juin 2024, il avait été placé en centre de rétention administrative (CRA) à Metz en vue de son expulsion vers le Maroc. Cependant, il a été libéré début septembre, faute de recours, avec une assignation à résidence qu’il n’a jamais respectée. Dès lors, il devient introuvable pour les autorités malgré une interdiction de retour en France pendant dix ans.
Le meurtre sordide de Philippine
Les événements tragiques débutent le vendredi 22 septembre lorsque Philippine est vue pour la dernière fois à l’université de Paris-Dauphine. Le lendemain, son corps est découvert, enterré dans le bois de Boulogne, un lieu tristement célèbre pour des affaires criminelles. Les premières enquêtes révèlent que Taha O. aurait utilisé la carte bancaire de la victime à Montreuil-sous-Bois, peu après le meurtre, ce qui a permis de remonter sa trace.
Une arrestation du suspect en Suisse
Le 24 septembre, Taha O. est finalement interpellé à Genève par la police locale. Les autorités françaises ont immédiatement demandé son extradition afin qu’il puisse être jugé pour ce crime atroce. Le parquet de Paris, en charge de l’enquête, qualifie les faits de « meurtre avec préméditation » et met en avant le danger que représentait cet individu pour la société.
Un système judiciaire en question
L’arrestation du suspect relance le débat sur l’efficacité des OQTF et la gestion des individus en situation irrégulière. Comment un individu condamné pour un crime grave et visé par une expulsion a-t-il pu être relâché sans surveillance efficace ? Cette affaire met en lumière des failles dans le système judiciaire et de rétention des étrangers en France.
La famille de Philippine en quête de justice, Othman Nasrou pointe un « crime absolument ignoble«
La famille de la jeune Philippine, plongée dans le deuil, attend des réponses et espère que justice sera rendue. « C’est un choc terrible. Nous voulons comprendre comment une telle tragédie a pu se produire », déclare un proche.
Othman Nasrou, Secrétaire d’État chargé de la Citoyenneté et de la Lutte contre les discriminations, franco-marocain arrivé en France à l’âge de 17 ans, a déclaré sur CNews : “Je tiens d’abord à exprimer mon soutien aux proches et à la famille de Philippine, en mon nom et au nom de tout le gouvernement. C’est un crime absolument atroce. Il n’y a pas de mots assez forts pour décrire cet acte ignoble. […] Cet individu se trouvait en centre de rétention administrative. Il a été placé en résidence surveillée quelques jours seulement avant la délivrance du laissez-passer qui aurait permis son expulsion. Des questions se posent, et il faudra les examiner de près.”
Toujours selon Othman Nasrou, “Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, est très mobilisé sur ces questions.”
Rester en France après OQTF
Le OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) est généralement délivré aux personnes s’étant vu refuser un titre de séjour en France. Il n’est généralement pas exécuté de façon systématique à cause de la diversité des cas. Une personne souhaitant s’établir en France à la suite d’une demande de réfugié politique peut être frappé par un OQTF lorsque la demande n’est pas assez bien motivée, ce qui n’écarte pas le risque réel qui peut peser sur le demandeur.
Dans le cas du marocain Taha O, le OQTF aurait dû être appliqué du fait de la condamnation dont il a écopé pour viol. C’est justement la gravité du crime qu’il a commis qui rend inquiétant l’absence de son expulsion, même si la purge de sa peine fait admettre qu’il a payé sa dette à la société. La France n’est cependant pas obligée d’accepter ce type d’individus dangereux sur son sol.
L’affaire Philippine, au-delà du drame personnel, soulève des questions sur la sécurité publique et l’efficacité des dispositifs d’expulsion. Le processus judiciaire à venir sera scruté de près, alors que la France cherche à tirer des leçons de cette tragédie.