Autrefois pilier de l’économie ivoirienne, la filière cacao traverse une zone de turbulences qui est en passe de la faire s’écrouler. Selon le rapport du FMI, les performances économiques de l’année 2018 ont été ternies par la chute des cours mondiaux de la fève brune.
Du sommet à la dégringolade, le cacao ivoirien en pleine dépréciation
« Le succès de la Côte d’Ivoire repose sur l’agriculture, avait coutume de dire Félix Houphouët-Boigny. Et cette agriculture était basée en partie sur le cacao, dont le pays est le premier producteur mondial avec près de 40% des recettes d’exportation. Cependant, cette performance rentre dans l’ordre des glorieux souvenirs dans la mesure où le binôme café-cacao a totalement perdu son lustre d’antan.
D’autres cultures notamment le palmier à huile et surtout l’hévéa constituent désormais de vastes plantations. Les industries extractives (diamant, or) et l’exploitation pétrolière ont également connu une montée fulgurante.
Aussi la mission du Fonds monétaire international (FMI), qui a séjourné en Côte d’Ivoire pendant deux semaines pour discuter de la cinquième revue du programme économique et financier triennal, a dressé le tableau suivant : « L’inflation est restée faible à environ 0,4%, bien en dessous de la norme de 3% de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Le crédit à l’économie a progressé à un rythme soutenu de 11,3% en 2018. Cependant, la baisse des exportations en valeur, notamment liée à des cours du cacao sensiblement détériorés et le renchérissement des cours du pétrole en 2018, ont augmenté le déficit du compte courant extérieur à 4,7% du PIB. »
Même si l’activité économique présente de bonnes perspectives pour 2019, il n’en demeure pas moins que le redécollage de la filière cacaoyère n’est pour l’instant pas à l’ordre du jour. Pour la petite campagne de cacao qui s’ouvre début avril, les prix ont été maintenus à 750 FCFA / kilogramme. De quoi à plomber les efforts des paysans et autres producteurs de cacao dont les efforts ne sont pas récompensés.
Les nombreux scandales financiers et la mauvaise gestion du Conseil Café Cacao (CCC) mis en lumière par l’audit du cabinet KPMG constituent par ailleurs des facteurs de la dégringolade de cette filière qui a pourtant tenu l’économie ivoirienne sur plusieurs décennies.