Décédé dans un accident de moto le 12 aout dernier, c’est ce vendredi que Dj Arafat aura droit à un hommage national en Côte d’Ivoire. Mais avant, c’est Ephrem Youkpo, journaliste/animateur radio et télé, patron de la chaine de télévision Sud1ere, qui a libéré ce jour sa plume d’écrivain en hommage à son jeune compatriote. L’auteur du roman « Là où les caïmans se couchent » a insisté sur la solitude des célébrés, une chose que peut avoir connu Ange Didier Houon, dit Dj Arafat, de son vivant.
Éphrem Youkpo : L’ « Au revoir’ d’un « père » à un « fils » Dj Arafat
Ephrem Youkpo, cet homme de médias est connu en Côte d’Ivoire et en Afrique pour avoir animé « Couleur tropicale » sur RFI. Il a surtout marqué les esprits en finançant entièrement l’album qui a fait le succès des Magic System en France. Le chemin d’un homme de cette dimension croise forcement celui d’une étoile montante qu’a été Dj Arafat qu’il appelait affectueusement « Mon fils ».
Ce « père » affligé par la disparition du Dahishikan n’a pas attendu la fin de l’hommage national qui s’organise à Abidjan ce vendredi 30 août pour libérer sa plume. Dans un post encore visible sur son compte Facebook, Ephrem Youkpo évoque le poids du prix à payer pour mériter le statut de célébrité.
L’hommage d’ Ephrem Youkpo à Dj Arafat, le Dahishikan
Célébrité, le prix à payer est si lourd pour mériter ce statut si c’en est un. En silence nous portons nos fardeaux, et les plus fragiles se cachant dernière des excès. En silence, nous souffrons de peur de trahir l’image illusoire qui nous est prêtée. Nous ne sommes certainement plus comme les autres et pourtant, triste paradoxe, les autres nous voudraient comme eux. Des portes s’ouvrent, des tapis rouges nous sont dressés, des passe-droits nous sont accordés, des regards d’admiration nous flattent, ce sont là nos éphémères avantages même quand parfois en silence il nous reste plus que le sourire pour entretenir la flamme, pour maintenir la lumière qui fait notre particularité. Toujours remercier Dieu de cette grâce de nous avoir mis à l’écart, mais quelle épreuve!
En silence nous rongeons notre inconfort même si riches de nos comptes en banque et rassurés de nos talents inconstestables. Nous choissisons la peur au ventre nos confidents en cas de coups durs, nous filtrons en permanence nos amitiés, nous cherchons ces regards francs qui pourraient nous comprendre. Un peu parano, un peu schizo. Certes une bénédiction de porter le nom qui ne nous appartient plus mais à Dieu, mais quelle belle épreuve de l’existence!
Marcher humble, s’accrocher à sa foi, ne pas se tromper de soutien, toujours Dieu sinon c’est le vide absolu. En silence nous les comptons les vrais amis, eux qui nous parlent cash sans porter de gant, nous sortent de ce confort virtuel, nous écoutent en toute sincérité.
Il faut y être dans ce cercle fermé pour le comprendre, ou faire le dos rond, l’aveugle, le sourd, le muet semble être la clef de réussite. Notre vie ne nous appartient plus. Tout nous réussi certes de notre nom, le peuple nous suit, nos actions sont portées mais nous n’avons pas droit à l’erreur, l’échec nous est interdit, ce qui nourrit malheureusement des tentations chez les plus vulnérables.
Célébrité, notre vie est belle mais pas silence et pourtant en silence on se brûle pour ne pas déranger ou pour garder le cap, et au bout du pire, ils surgissent de nulle part, de leur amour supposé inconditionnel ceux qui nous ont aimé ou detesté en silence.
En silence, je te remercie Mon Dieu d’avoir écrit ces noms en lettres d’or. Nous les portons dignement avec fierté, et nos larmes silencieuses entre quatre murs, seuls loin des indiscrétions, nous fortifient.
Au revoir le Daishi, fils, tu auras réussi à nous interpeller sur notre réalité.