En liberté sous condition à La Haye, Charles Blé Goudé est impliqué dans une autre affaire juridique à Abidjan. La justice ivoirienne a décidé de poursuivre le président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP, parti politique de l’opposition) pour tortures, viols et homicides, qui auraient été commis pendant la crise postélectorale de 2010-2011. Alors que les avocats de l’ex-ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo crient au harcèlement judiciaire, le gouvernement soutient que les poursuites sont légales.
Charles Blé Goudé dans les mailles de la justice ivoirienne
Jugé pour crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI), Charles Blé Goudé a été acquitté le 15 janvier 2019. L’ancien leader de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) est présentement en liberté sous condition en attendant les conclusions finales des juges de la juridiction internationale. Mais dans ce moment où il s’y attendait le moins, un autre feuilleton judiciaire s’est ouvert contre lui en Côte d’Ivoire, son pays d’origine.
Dès l’annonce des poursuites contre son mentor, Roselyn Bly, premier vice-président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples, proche de Charles Blé Goudé, est monté au créneau pour dire « Au regard des échanges que nous avons eus avec notre défense, pour le moment le dossier est vide. C’est maintenant que le procureur s’attèle à trouver des éléments dans le dossier. Face à cette situation, j’ai beaucoup d’interrogations pour savoir quelles sont les motivations réelles en ouvrant cette procédure ».
Avant d’ajouter : « Il (Blé Goudé, NDLR) n’était ni le ministre de la Défense, ni le ministre de l’Intérieur et encore moins un chef d’état-major des armées. Et on l’accuse d’avoir commis des crimes contre des prisonniers de guerre. »
Mercredi 6 novembre 2019, la défense de Charles Blé Goudé, conduite par Me N’dri Claver, a claqué la porte de la salle d’audience face au refus du tribunal de lui accorder un autre report afin de mieux prendre connaissance du dossier. Elle estimait « qu’il y avait une pièce importante dans le dossier dont l’omission ne permettait pas l’avancée de cette procédure ». L’intéressé lui-même, interrogé par France 24, a dénoncé un harcèlement judiciaire d’ Alassane Ouattara contre sa personne.
Le gouvernement ivoirien a rejeté toutes ces accusations le mercredi 13 novembre 2019, à l’issue d’un Conseil des ministres. « Il n’y a pas d’identité de poursuites par rapport aux différents sujets. Il faut que cela soit clair. Il y a des matières spécifiques qui sont adressées à la CPI et en Côte d’Ivoire, d’autres matières spécifiques sont adressées. (…) Nous sommes tous justiciables quelle que soit notre qualité et quelle que soit notre ambition », a prononcé Sidi Tiémoko Touré, le porte-parole du gouvernement.