La France et les pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) se réunissent lundi et mardi à N’Djamena au Tchad pour un sommet inédit sur l’avenir de l’opération francaise Brakhane dans la lutte contre l’État islamique au grand Sahara (EIGS).
L’ouverture du sommet du G5 Sahel et la situation en Somalie
Un an après le sommet de Pau en France, le président français Emmanuel Macron participera pour sa part, en visioconférence, au sommet de N’Djamena qui s’ouvrie officiellement ce lundi à 14 h.
Le chef de l’Etat fançais a préféré annuler sa venue au sommet du G5 Sahel dans la capitale tchadienne en raison du contexte sanitaire. « Les frontières sont fermées pour les Français. Il s’applique les mêmes contraintes », justifie une source élyséenne. Le président français participera donc par visioconférence au huis clos des chefs d’État membres du G5 Sahel, le 15 février. Même méthode le lendemain, cette fois pour la conférence de la Coalition pour le Sahel, qui réunira les différents partenaires étrangers.
Emmanuel Macron a déjà expliqué successivement à ses cinq homologues sahéliens, qu’il a reçus en tête à tête à l’Élysée au cours des dernières semaines, qu’il attend de nouveaux gages politiques et militaires de leur part avant de trancher sur un éventuel « réajustement » de l’opération Barkhane.
En dépit des succès tactiques revendiqués, le tableau demeure très sombre. Plus de huit ans après le début dans le nord du Mali d’une crise sécuritaire qui continue à étendre ses métastases à la sous-région. Quasiment pas un jour ne passe dans les trois principaux pays affligés sans une attaque contre ce qui reste de représentation de l’État, l’explosion d’une mine artisanale ou des exactions contre les civils. Ces derniers sont les principales victimes du conflit. La barre des deux millions de déplacés a été franchie en janvier 2021.
“Il y a quelques semaines encore, fort des résultats obtenus par Barkhane face à l’État islamique au grand Sahara (EIGS), désigné ennemi numéro un, tout convergeait vers une réduction de l’empreinte militaire française. Le renfort de 600 soldats, décidé l’an dernier, a permis d’affaiblir l’EIGS, notamment dans la zone des « trois frontières ».
Le partenariat militaire opérationnel qui combine sur le terrain soldats français et maliens fonctionne. La mise en place l’an dernier d’un état-major conjoint à Niamey porte également ses fruits, avec Barkhane comme courroie d’entraînement, épaulant les armées sahéliennes, elles-mêmes appuyées par la force conjointe du général Namata : les manœuvres s’enchaînent, les victoires aussi”, rapporte Rfi.
Hypothèse d’un dialogue avec les chefs jihadistes maliens
Politiquement, Paris martèle qu’il est temps d’embrayer sur l’espace ouvert par les réussites militaires des derniers mois et de réinstaller l’État là où il est aujourd’hui absent.
Au Mali, épicentre de la crise, les militaires qui gardent la mainmise sur les autorités de transition installées après le putsch d’août 2020, reprennent à leur compte la nécessité d’un dialogue avec les chefs jihadistes maliens Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa.
Une hypothèse officiellement exclue par Paris. Mais le sommet de N’Djamena pourrait toutefois « acter l’effort ciblé sur la haute hiérarchie » du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), alliance jihadiste affiliée à Al-Qaïda, hiérarchie dont les deux hommes sont les principales têtes, explique l’Élysée.