Un rapport de The Sentry intitulé « trafic de l’or des zones de conflit » sur le trafic illicite de l’or en Afrique Centrale et en Afrique de l’Est, revèle qu’au moins 4 milliards de dollars d’or sont exportés illégallement par an dans ces régions au profit d’une contrebande bien fiscellée.
Le prix record de l’or entretient la contrebande en Afrique
En Afrique centrale et de l’Est, s’est développé ces dernières années un vaste réseau de trafic d’or dans les zones de conflits et à haut risque, rapporte l’Agence Ecofin.
Malgré la difficulté d’obtention de chiffres précis, The Sentry indique que les marchés internationaux reçoivent plus de 4 milliards de dollars d’or issu de ces régions à haut risque, alors que le prix du métal précieux a atteint des records historiques au cours des derniers mois en raison de la pandémie de Covid-19.
« Les entreprises d’électronique, de bijoux et d’automobile doivent examiner de près leurs chaines d’approvisionnement en or, notamment les raffineries situées dans des pays voisins des zones de conflit. Ces Etats, comprenant l’Ouganda, le Rwanda et le Cameroun exportent des quantités considérables d’or en contrebande et présentent des risques majeurs pour les entreprises », a déclaré Sasha Lezhney, auteur du rapport et directeur adjoint des politiques chez The Sentry.
La RDC, l’Ouganda, le Rwanda et le Cameroun au coeur du trafic illicite de l’or en Afrique
Selon des estimations récentes, plus d’un million de personnes seraient directement employées par l’exploitation artisanale et à petite échelle au Cameroun, en République démocratique du Congo, en République de la Centrafrique, etc.
« L’or provenant des zones de conflit est principalement acheminé en contrebande vers des pays voisins comme l’Ouganda, le Rwanda, le Cameroun, le Kenya, le Tchad et le Burundi, avant d’être exporté vers Dubaï et transporté vers les marchés internationaux », peut-on lire dans le document.
En Afrique de l’Ouest, selon un rapport de l’OCDE paru en 2018, la production aurifère artisanale et à petite-échelle cumulée du Mali, du Burkina Faso et du Niger, serait entre 15 et 85 tonnes, une estimation probable situant ce chiffre à environ 50 tonnes par an, soit un volume qui représente plus de 50% de la production industrielle légalement enregistrée pour l’année 2017.
L’étude indique que le nombre d’enfants sur les sites d’orpaillage au Burkina Faso, Niger et Mali, dépasserait les 100 000 individus, précisant toutefois qu’ils «travaillent rarement dans les galeries de production».
Ces données font penser au travail des enfants dans les mines de cobalt ou de coltan en RDC, dénoncé maintes fois par plusieurs ONG.
Le Soudan devenu 3e producteur d’or du continent devant le Mali, où le métal précieux représente plus de 70% des exportations, contre 10% en 2011.
Selon les informations du ministère soudanais des Mines, le pays a produit en 2015, 81 tonnes d’or, l’exploitation artisanale comptant pour 85%.
Les causes du mal – Trafic illicite de l’or en Afrique
Au cours de ces dernières années, plusieurs initiatives ont été mises en œuvre pour lutter contre le commerce de l’or provenant de zones de conflit. Malgré la prise de conscience globale qui en a résulté, le phénomène est loin d’être éradiqué, alors que subsistent encore des réseaux de trafic dans des régions comme l’Afrique Centrale et de l’Est.
Plusieurs facteurs favorisent le développement du phénomène, et il faudra des actions coordonnées à différents niveaux pour en finir avec l’approvisionnement des marchés internationaux en or issu de zones de conflit.
Malgré la prise de conscience globale qui en a résulté, le phénomène est loin d’être éradiqué, alors que subsistent encore des réseaux de trafic dans des régions comme l’Afrique Centrale et de l’Est.
L’ONG The Sentry explique que les affineurs et commerçants continuent de vendre de l’or extrait des zones de conflit parce qu’il n’existe pas ou peu de conséquences financières ou légales. Cela met en évidence la nécessité d’un durcissement des sanctions des grandes organisations que sont l’UE ou encore l’ONU.
Aussi, les entreprises de bijoux et d’électronique, consommatrices du métal précieux, ont-elles un rôle à jouer en cela qu’elles peuvent arrêter de s’approvisionner auprès de commerçants ou raffineurs qui achètent leurs minerais dans des régions de conflits
Au-delà de tous les axes de travail ci-dessus mentionnés, une question subsiste, celle du contrôle de l’orpaillage et de sa résolution dépendra le succès de la lutte contre le commerce illégal de l’or issu de zones de conflits.
Trafic illicite de l’or en Afrique