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À l’approche de l’élection présidentielle, la Côte d’Ivoire replonge dans un climat de crispation politique. Un jeune homme du nom d’Allouan Ernest Christophe, 22 ans, a été tué à Bonoua, foyer de contestation contre le 4e mandat. Après l’affaire du gbaka vert, place désormais au 4×4 de la mort.
Ce drame de Bonoua qui interroge
Selon le communiqué de la Direction Générale de la Police Nationale, la victime Allouan Ernest Christophe aurait été atteinte à la mâchoire par une balle tirée par des individus non identifiés circulant à bord d’un véhicule 4×4. Transporté d’urgence au CHU de Treichville, le jeune homme a succombé à ses blessures dans la soirée du 13 octobre 2025.
L’affaire est désormais entre les mains de la Direction de la Police Criminelle et de la Police Scientifique, chargées d’élucider les circonstances exactes de ce drame. Les autorités promettent de “tout mettre en œuvre pour que les auteurs soient arrêtés et traduits devant la justice”, tout en lançant un appel au calme à la population.
Un contexte politique déjà explosif
Ce drame survient en Côte d’Ivoire qui est en pleine tourmente politique. Le président Alassane Ouattara a confirmé sa candidature pour un quatrième mandat, malgré la limite constitutionnelle de deux mandats. Cela a provoqué la colère au sein de la classe politique. La tension s’est accrue avec la disqualification par le Conseil constitutionnel de deux principales figures de l’opposition :
• Laurent Gbagbo, leader du PPA-CI, écarté pour une commanditon à 20 ans de prison pour un supposé braquage de la BECEAO qui avait désavoué la justice ivoirien en arguant n’être victime d’aucun vol, selon Maître Rodrigue Dadjé, ancien avocat de Laurent Gbagbo. Malgré l’acquittement de l’ancien Président par la Cour pénale internationale pour les faits liés à la crise poste-électorale, il a fort curieusement été jugé pour cette affaire par la justice ivoirienne. Une balise politique, selon ses partisans.

• Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, a vu sa candidature rejetée pour des raisons administratives liées à sa double nationalité passée.
Face à ce qu’ils jugent être un détournement de la démocratie, les deux hommes ont formé une alliance baptisée Front Commun, décidée à contrer la candidature d’Alassane Ouattara et à rétablir l’ordre constitutionnel.
Des manifestations qui dégénèrent
Ces derniers jours, le Front Commun a appelé à des manifestations nationales contre le quatrième mandat. Les marches, interdites par les autorités, ont donné lieu à des affrontements avec les forces de l’ordre dans plusieurs villes du pays.
À Bonoua, considérée comme le plus grand foyer de contestation dans cette crise, la mort d’Allouan Ernest Christophe a amplifié la colère. Des interrogations légitimes fusent sur les réseaux sociaux, y compris en commentaire du communiqué de la police nationale. Comment des individus à bord d’un véhicule 4X4 ont-ils pu tirer sur des jeunes dans cette ville déjà quadrillée par les forces de l’ordre sans qu’ils ne soient arrêtés ? Après l’affaire du gbaka vert jamais élucidé, voici un nouveau chapitre des tireurs en 4×4.
Une enquête décisive pour stopper ses pratiques
Alors que la version officielle évoque des tireurs inconnus, plusieurs voix au sein de la population réclament une enquête indépendante, de peur d’une manipulation politique du dossier.
Dans un climat déjà saturé de méfiance, ce drame pourrait devenir un point de bascule dans la campagne électorale. Sa gestion par le gouvernement pèsera inévitablement sur le sentiment des populations qui voient dans cette tuerie une tentative d’intimidation.
Côte d’Ivoire, un pays à la croisée des chemins
Entre appels à la retenue des autorités et colère montante des populations, la Côte d’Ivoire se retrouve à nouveau au bord d’une crise politique majeure. La mort du jeune homme de Bonoua vient rappeler les souvenir encore vivace de la décapitation à Daoukro du jeune Toussaint Koffi et de l’agression à la machette des usagers du fameux gbaka vert.
Dans ce pays où un commentaire irrespectueux vaut mobilisation de toutes les forces de l’État, y compris des offres de primes à la dénonciation, retrouver les fameux chauffeurs du 4×4 de la mort sera un test pour les autorités sécuritaires. Le procureur de la République, M. Koné Braman Oumar est forcément attendu sur ce dossier après ses innombrables menaces contre les auteurs d’insultes ou de commentaires déplacés sur les réseaux sociaux et lors des manifestations de l’opposition. Son attitude face à ce cas d’assassinat intéresse très fortement l’opinion nationale.
