Au Bénin, la mouvance présidentielle mise sur Romuald Wadagni pour conserver le pouvoir en 2026. Un choix surprenant au regard des exigences des réformes politiques engagées et mises en œuvre par le régime sortant lui-même. Romuald Wadagni est un présidentiable pressenti depuis très longtemps pour être dans les startingblocks, mais il a toujours affiché une posture « non partisane » qui en réalité l’éloigne de la scène politique. Sa désignation par la mouvance suscite des interrogations sur la survie du système partisan, qui semble désormais aux abois.
Présidentielle 2026 au Bénin : la mouvance se rabat sur Romuald Wadagni, un « non partisan »
Comme en 2021 où ils ont tous deux choisi Patrice Talon, le Bloc Républicain (BR) et l’Union Progressiste le Renouveau (UP-R) s’accordent à nouveau sur un choix commun. Pour la succession de Patrice Talon en 2026, les deux grands blocs politiques de la mouvance ont désigné Romuald Wadagni au poste de président pour composer le duo candidat.
Ces deux partis politiques, fruits de la réforme du système partisan, sont donc tombés sous le charme d’un profil technocrate, non partisan. Proche du président de la République et l’une des pièces maitresses de la rupture depuis 2016, l’argentier national a toujours montré une posture « apolitique ». D’ailleurs, il est difficile aujourd’hui de lui attribuer la couleur d’un parti politique.
En 2022, son nom a été cité pour la première fois en liant avec un parti politique, mais c’était un court épisode. Il avait été cité comme membre du bureau politique à la création de l’UP-R, avant d’être retiré. Selon les informations recoupées à l’époque, le ministre de l’Économie et des Finances n’était membre d’aucun des deux partis dont la fusion a donné naissance à l’UP-R.
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Il n’y a donc pas de doutes apparents sur sa neutralité au sein de la mouvance. Personnellement, il n’a jamais ouvertement et publiquement montré son désir de briguer la magistrature suprême. À toutes les occasions, il a toujours exprimé un désintérêt, arguant qu’il préfère se concentrer sur sa mission de ministre. Dans un entretien accordé à RFI en juin 2022, le ministre d’Etat Romuald Wadagni a affirmé qu’il ne pensait pas à la présidentielle de 2026.
Il y a tellement à faire que c’est totalement indécent pour moi de penser à ça. Je vais vous dire quelque chose. Et cela a été ma stratégie durant toute ma carrière. Je m’attache chaque jour à bien faire ce que j’ai en face de moi. Je suis convaincu que quand je profite de chaque instant pour bien faire ce qui est attendu de moi, les opportunités s’ouvrent.
Romuald Wadagni, Juin 2022
En 2023, il a clairement indiqué, dans un post Facebook, qu’il lui « semble indécent et prématuré de s’engager dans le débat sur les élections présidentielles de 2026 à ce jour ». Par la suite, un jeune étudiant a été condamné par la CRIET à une amende d’un million de francs CFA pour avoir suscité la candidature du ministre Romuald Wadagni.
Une succession de faits pour rappeler qu’il est resté intransigeant sur la question et ne voulait en aucun cas être mêlé à une initiative de candidature. Si aujourd’hui, le BR et l’UP-R s’accordent pour le désigner, c’est qu’il a finalement reconsidéré sa position. Il est vrai qu’il ne s’est pas encore prononcé, mais cette décision n’a certainement pas été prise à son insu.
Un technocrate bien connecté au-delà des frontières béninoises
Romuald Wadagni est indiscutablement l’artisan de premier plan de la santé économique actuelle du Bénin reconnue par les institutions internationales. Plusieurs fois distingué meilleur ministre des Finances d’Afrique par le magazine Financial Afrik, il a à son actif un parcours international avec 17 années passées chez Deloitte.
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Nommé ministre en 2016, il s’impose par la rigueur et de profondes réformes ayant métamorphosé l’administration économique. Sur la gestion de la dette publique, Romuald Wadagni a tenu le pari de la transparence budgétaire et d’une croissance soutenue estimée à plus de 7,5 % en 2024. Il a également assuré les succès successifs du pays sur les marchés financiers avec un eurobond. Expert-comptable, il a été président du Conseil des ministres de l’UEMOA, gouverneur du Bénin au FMI et à la Banque mondiale.
Qui pour affronter Romuald Wadagni ?
Après la désignation de Romuald Wadagni par la mouvance, tous les regards sont à présent tournés vers l’opposition. Le candidat de l’opposition est vivement attendu. Des noms sont déjà agités du côté des Démocrates. Nourou-Dine Saka Saley, Eric Houndété ou Nourénou Atchadé ? La FCBE a également son mot à dire. Paul Hounkpè va-t-il retenter l’aventure après son échec de 2021 en tant que colistier d’Alassane Soumanou ?