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- Bénin : Renaud Agbodjo, de la robe d’avocat au costume de candidat présidentiel
- L’appel à candidature
- Un Conseil national pour présenter les résultats du processus de désignation
- Renaud Agbodjo et Judes Lodjou désignés dans la douleur
- Michel Sodjinou donne le coup de grâce
- Les Démocrates foncent à la CENA
- Renaud Agbodjo : « Nous allons réconcilier le peuple béninois avec lui-même »
- Un CV modeste !
Dans la douleur, le Parti Les Démocrates (LD) a finalement désigné son duo candidat pour la présidentielle d’avril 2025. L’avocat Renaud Agbodjo et son colistier Judes Lodjou ont été officialisés dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 octobre après plusieurs heures de tractations. Avocat de Boni Yayi et d’autres personnalités de l’opposition, l’ancien président de l’Union des Jeunes Avocats du Bénin (UJAB) devient le candidat des Démocrates à 43 ans.
Bénin : Renaud Agbodjo, de la robe d’avocat au costume de candidat présidentiel
À la différence du candidat de la mouvance présidentielle, Renaud Agbodjo est un militant politique, membre du parti Les Démocrates, même s’il est très peu connu sur la scène politique. Avocat du parti, il s’est montré comme l’une des figures médiatiques stratégiques du parti ces derniers mois. Son face-à-face avec le porte-parole du gouvernement est encore vif dans les esprits. C’est d’ailleurs l’une des sorties médiatiques qui l’a le plus révélé.
Le 2 septembre 2025, Romuald Wadagni est officialisé candidat de la mouvance et la pression monte sur le parti Les Démocrates. Tous les regards étaient maintenant tournés vers le parti de Boni Yayi, principale formation de l’opposition. Dans la foulée, une lettre de soutien du député Basile Ahossi, membre influent du parti LD, au candidat de la mouvance suscite polémique. Boni Yayi sort de son mutisme et tente de rassurer les militants. Pendant cette intervention, il profite pour annoncer le processus devant conduire à la désignation du duo candidat.
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Suite aux rumeurs faisant croire que l’ancien président voulait imposer un candidat, il rassure qu’il n’en est rien. « Je vous rassure que le processus est en cours. Le président ne choisira personne de manière solitaire, je vous donne cette assurance. Cela va se faire dans la transparence, conformément à nos dispositions statutaires », avait-il indiqué.
L’appel à candidature
Pour montrer la transparence autour du processus, le parti Les Démocrates lance un appel à candidature pour recueillir les dossiers des candidats à la candidature. 34 prétendants, dont Renaud Agbodjo, s’annoncent. Mais sur cette liste de présidentiables, les attentions n’étaient pas focalisées sur le jeune avocat. « Il n’était pas classé parmi les favoris. On voyait beaucoup plus le député Éric Houndété, son collègue Nourénou Atchadé, Nourou Dine Saka et, dans une mesure donnée, Daniel Edah », a confié une source proche du parti.
Au début du processus, le nom de Renaud Agbodjo n’était pas cité comme probable candidat des Démocrates. Sur ce coup, le parti a réussi à créer la surprise. Le profil du jeune avocat a commencé par attirer l’attention lorsque la question de l’autoparainnage a provoqué la mise à l’écart de tous les députés candidats. En effet, pour éviter le risque d’invalidation de son dossier, le parti a décidé de former un duo sans élu, détenteur de parrainage.
La question a créé des divergences internes poussant Éric Camille Houndété et Joël Godonou à saisir la Cour constitutionnelle contre la décision du parti. Avant que la haute juridiction n’ait le temps de se prononcer, les requérants ont retiré leur plainte. Éric Houndété se soumet à la décision du parti, mais avec pincements au cœur. Il n’a d’ailleurs pas manqué de l’exprimer.
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Pour lui, agiter l’autoparainnage pour mettre de côté des candidatures est une manière de se faire peur. Éric Houndété est formel : la présence de députés dans le duo ne peut nullement conduire à l’invalidation de la candidature. Mais il n’est pas arrivé à convaincre ses pairs.
Un Conseil national pour présenter les résultats du processus de désignation
Le 9 octobre 2025, les membres du Haut Conseil et des différentes coordinations sont invités à participer au Conseil national le dimanche 12 octobre. L’ordre du jour porte sur la désignation du duo candidat.
C’est à la suite de cette convocation que le nom de Renaud Agbodjo a fuité. Certains médias locaux avaient même confirmé l’information. Dans la foulée, le parti reporte le Conseil national au lundi 13 octobre.
Renaud Agbodjo et Judes Lodjou désignés dans la douleur
Des divergences ont surgi au sein du parti après la présentation des résultats de la commission chargée d’examiner les dossiers de candidature. Les rumeurs n’avaient pas tort. Renaud Agbodjo est le profil retenu. Il est crédité pour son profil jeune, moins connu de la scène politique. Mais ça ne passe pas comme une lettre à la poste. De longues tractations reprennent pour résoudre un problème majeur.
Selon les informations reçues de sources internes, les divergences autour de la désignation ont conduit l’un des députés du parti à réclamer sa fiche de parrainage. Michel Sodjinou, élu du pari dans la 19e circonscription, envoie un huissier au siège du parti pour lui retirer sa fiche de parrainage.
Cette action met Les Démocrates en grande difficulté. Boni Yayi refuse de remettre la fiche et ordonne l’ouverture du Conseil national tardivement, avec une forte mobilisation de militants qui ont veillé toute la nuit. C’est désormais la course contre la montre, le parti fait économie des lourds protocoles et passe à l’essentiel. Renaud Agbodjo et Judes Lodjou sont désignés pour représenter Les Démocrates à l’élection présidentielle d’avril 2026, au poste de président de la République et de vice-président de la République.
Michel Sodjinou donne le coup de grâce
Face au refus de Boni Yayi de restituer la fiche de parrainage, le député mécontent sollicite l’intervention du tribunal de première instance de Cotonou. Le même jour, et un peu plus tard dans la soirée, la décision est tombée. Le président du parti Les Démocrates est sommé de restituer la fiche du député. Plus loin, le juge donne la possibilité à la CENA de procéder à l’annulation de la fiche détenue par le parti et d’en délivrer une nouvelle au titulaire.
Les choses sont allées très vite. Dans une célérité indescriptible, la Commission électorale nationale autonome (CENA) s’exécute. Le nombre de fiches de parrainage des Démocrates est réduit à 27. Celle de Michel Sodjinou est invalidée et une nouvelle lui est délivrée.
Les Démocrates foncent à la CENA
Toutes les tentatives pour ramener le député mécontent dans les rangs sont restées vaines. Pressé par la fermeture du portail qui devenait imminente, le parti décide de déposer son dossier avec la fiche invalidée. Avant de prendre départ pour la CENA, les responsables ont indiqué dans un communiqué qu’ils ont l’intention de saisir la Cour constitutionnelle pour faire constater l’incompétence du tribunal de Cotonou dans le dossier.
22 h 20 : le convoi du parti s’est immobilisé à la CENA avec une foule surexcitée. Renaud Agbodjo et son colistier devant, chemise décontractée et casquette rouge à l’effigie du parti. Le président de la CENA accueille ses hôtes et les dirige vers la cabine technique. Après quelques minutes, le duo et ses accompagnateurs ressortent. Le dossier a été déposé, mais il est incomplet.
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En remettant le récépissé provisoire de dépôt de candidature à Renaud Agbodjo, Saka Lafia précise que le parti a 72 heures pour compléter son dossier. Dans ces 72 heures, le parti doit surtout convaincre le député Michel Sodjinou afin de récupérer sa nouvelle fiche de parrainage, sans quoi il devra suivre la présidentielle depuis les bancs de touche.
Renaud Agbodjo : « Nous allons réconcilier le peuple béninois avec lui-même »
Dans sa première prise de parole en tant que candidat, Renaud Agbodjo se veut rassurant. « Le parti Les Démocrates ne va pas décevoir les Béninois et les Béninoises. Le parti Les Démocrates participera à l’élection présidentielle du 12 avril 2026 », a-t-il déclaré.
Le candidat apprécie la ferveur qui entoure le processus. Il espère que cette ferveur sera conservée pour une élection inclusive. « Il faut bannir toutes sortes de procédés qui visent à éviter la compétition », a-t-il lancé.
Un CV modeste !
Jusqu’à sa désignation, Renaud Agbodjo n’était pas connu comme un politicien de terrain. On est en présence d’un technocrate, technicien du droit et habitué des prétoires. Maître Renaud Vignilé Agbodjo est né le 17 septembre 1982 dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire, à Sinfra. Il est originaire du village d’Igbodja, à quelques kilomètres de Savè, une ville du centre-Bénin.
L’ancien militant de la jeunesse étudiante catholique de Côte d’Ivoire et de l’Union des Étudiants de l’Université de Parakou (UNEUP) a obtenu une maîtrise en droit privé en 2007 à l’Université de Parakou au Bénin et un Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat obtenu en 2010 à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. Deux ans après, Renaud Agbodjo prête serment à la Cour d’appel de Cotonou le 15 novembre 2012.
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Jeune avocat, il s’est retrouvé avec de gros dossiers qualifiés de politico-judiciaires. Me Renaud Agbodjo a défendu des personnalités comme Laurent Mètognon, Sébastien Ajavon, Boni Yayi et Reckya Madougou.
En 2023, il décide de s’impliquer activement en politique. C’est ainsi qu’il adhère au parti Les Démocrates, principale formation politique de l’opposition. Il devient conseiller juridique du parti qu’il défend dans les procédures judiciaires.
