Décaissements au cameroun : la banque mondiale exprime son inquiétude

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La Banque mondiale a soulevé des préoccupations majeures concernant le rythme d’exécution des projets qu’elle finance au Cameroun. Malgré une augmentation notable des engagements financiers de l’institution, la capacité du pays à décaisser ces fonds reste faible. Cette situation, mise en lumière lors de la Revue conjointe du portefeuille tenue à Yaoundé le 14 avril 2025, pourrait compromettre l’atteinte des objectifs de développement.

Faible rythme de décaissement : un obstacle majeur

Le directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Cameroun, Cheick Fantamady Kanté, a exprimé son inquiétude face à la performance des projets. Il a noté une progression positive des engagements, mais a souligné une performance globale du portefeuille qui reste très moyenne. Selon lui, si cette tendance ne s’inverse pas rapidement, les résultats attendus de ces projets ambitieux pourraient être sérieusement compromis.

Les chiffres présentés par le représentant de la Banque mondiale sont éloquents. Actuellement, 69 % des fonds engagés n’ont pas encore été décaissés, ce qui représente un montant considérable de 3,08 milliards de dollars sur un total de 4,47 milliards. L’âge moyen des projets en cours est de quatre ans, ce qui accentue la préoccupation. En mars 2025, le taux de décaissement annualisé s’élève à seulement 15 %, alors que l’objectif annuel fixé était de 20 %. Cette contre-performance persiste depuis l’année fiscale 2018, période durant laquelle le taux de décaissement avait atteint 17,9 %.

Cette faible capacité d’absorption des financements constitue un véritable frein au développement du Cameroun. Les projets soutenus par la Banque mondiale visent des secteurs essentiels tels que les infrastructures, la santé, l’éducation et l’agriculture. Un décaissement lent des fonds retarde inévitablement la mise en œuvre de ces initiatives et limite leur impact sur la population.

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Les causes profondes du blocage

Plusieurs facteurs structurels expliquent cette lenteur dans l’exécution des projets. Cheick Fantamady Kanté a identifié des problèmes récurrents qui entravent le bon déroulement des opérations. Il a mentionné la durée excessive des délais entre l’approbation des projets et leur entrée en vigueur. De plus, les retards dans la mise en œuvre des Plans d’action de réinstallation (PAR) constituent un obstacle significatif. Les délais importants observés dans les procédures de passation des marchés contribuent également à cette situation préoccupante.

Au-delà de ces lenteurs administratives, d’autres difficultés viennentComplexifier le processus. Le directeur des opérations de la Banque mondiale a évoqué des « goulots d’étranglement de toute nature ». Cela inclut les retards dans la mobilisation des contreparties nationales, la complexité des procédures de passation de marchés et les blocages institutionnels qui peuvent survenir. Tous ces éléments conjugués freinent considérablement l’exécution effective des projets financés.

Vers une amélioration progressive

Malgré ces défis, des signes encourageants d’amélioration se manifestent. La Banque mondiale et les autorités camerounaises travaillent conjointement pour inverser cette tendance. Cheick Fantamady Kanté a souligné les efforts de réajustement en cours, notamment une meilleure coordination entre les partenaires. « Afin d’inverser la tendance, des solutions émergent. Il s’agit notamment de l’alignement des processus de préparation des projets par la Banque mondiale, d’une part, et de leur maturation par le Cameroun, d’autre part », a-t-il expliqué.

Cette nouvelle approche collaborative semble déjà porter ses fruits. Le directeur des opérations s’est félicité des progrès réalisés récemment. « Cet alignement nous a permis, depuis déjà mai 2024, de préparer ensemble et maturer le financement additionnel du Projet de développement du secteur des transports, le PforR IMPACT, ainsi que tout récemment le projet Sewash et le Projet villes et gestion foncière durables. C’est tout simplement une prouesse », a-t-il déclaré avec optimisme. Ces initiatives témoignent d’une volonté commune de surmonter les obstacles et d’améliorer l’efficacité de la coopération pour le développement du Cameroun.

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