La Côte d’Ivoire, présentement au cœur d’une crise liée aux élections présidentielles, provoque des inquiétudes. Paris, l’allié de toujours, commence à accentuer la pression sur le Président Alassane Ouattara et ses proches.
La France recadre clairement Alassane Ouattara
Les contestations nées de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire ont fait plus de 80 morts. La situation revenue au calme reste toujours préoccupante du fait de la position toujours radicale des opposants. Ces derniers réclament toujours l’annulation de la « réélection sulfureuse » du Président Alassane Ouattara qui a enjambé l’article 35 de la constitution lui interdisant un troisième mandat. Si la rencontre Alassane Ouattara – Henri Konan Bédié a fait renaître l’espoir d’une paix durable, certaines revendications de l’opposition n’ont jusqu’ici obtenu aucun début de réponse. Certains leaders politiques engagés dans la bataille pour faire annuler la réélection de Ouattara sont en prison. Le cas Pascal Affi N’Guessan est un meilleur exemple. Le président du FPI, par ailleurs porte-parole de la CNT qui veut forcer le départ de Ouattara, a été arrêté et est toujours en détention après les manifestations qui ont suivi le mot d’ordre de désobéissance civile lancé par l’opposition.
Côte d’Ivoire : Jean-Yves Le Drian demande de la célérité à Ouattara
Paris prend désormais position de façon claire. Le patron de la diplomatie française, M. Jean-Yves Le Drian, a incité le Président Alassane Ouattara à tenir les engagements pris de sa volonté de ramener le calme dans le pays. « Il importe, pour éviter des dérives et des violences, que le président Ouattara prenne les initiatives nécessaires pour que la sérénité revienne et que l’union nationale soit au rendez-vous », a-t-il déclaré sur les chaînes de télévision française BFM et RMC. Si la rencontre avec Henri Konan Bédié a montré une certaine volonté d’Alassane Ouattara d’aller à la paix, la lenteur avec laquelle il pose les actes attendus par l’opposition ne confirme pas les bonnes intentions. « Je sais qu’il en a l’intention, je souhaite qu’il le fasse vite », conseille Jean-Yves Le Drian au Président Alassane Ouattara.
Le conflit politique en Côte d’Ivoire
Paris rompt le silence qu’il s’était imposé en ce qui concerne le cas Alassane Ouattara. Le président ivoirien avait affirmé qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 conformément à la constitution ivoirienne. Il avait même été directement félicité par le Président français Emmanuel Macron qui reconnait là la marque d’un homme d’État qui respecte sa parole tout en donnant l’exemple. Contre tout attente, Alassane Ouattara a opéré un revirement extraordinaire en citant un cas de force majeur. Selon le Président ivoirien, le fait que le candidat désigné de son parti, feu M. Amadou Gon Coulibaly, soit décédé constitue un cas de force majeure qui justifie sa candidature. Cet acte est une violation de la constitution ivoirienne adoptée en 2016 qui précise en son article 35 que le « Président de la République est élu pour cinq (5) ans au suffrage universel direct. Il n’est rééligible qu’une fois. » Alassane Ouattara, il faut le rappeler, est le Président de la Côte d’Ivoire depuis le 6 mai 2011.
Les revendications de l’opposition ivoirienne
L’opposition exige une commission électorale conforme aux normes africaines. Elle réclame l’annulation de la réélection du Président Ouattara qui, selon elle, est interdit de candidature. Le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire est mis dans la balance. Il est jusqu’ici à Bruxelle malgré son acquittement par la CPI après un procès marathon qui a duré près de 10 ans. L’État ivoirien a longtemps refusé de lui donner un passeport diplomatique puis un passeport ordinaire (ces derniers jours, un passeport lui a été remis, mais personne ne connait la date de son retour en Côte d’Ivoire). La révision du fichier électoral est réclamée tout comme la recomposition du Conseil constitutionnel qui, dans son état actuel, serait acquis à la cause de Ouattara et de son parti politique. Il est également exigé l’abandon des poursuites et l’annulation des condamnations à 20 ans de prison contre des opposants ivoiriens.
Guillaume Soro, l’ancien allié d’Alassane Ouattara, est depuis plusieurs mois exilé à Paris suite à sa condamnation dans une affaire de « recel de détournement de deniers publics » et « blanchiment de capitaux ». Laurent Gbagbo est lui aussi condamné à 20 ans de prison pour un supposé détournement de fonds de la BCEAO. Charles Blé Goudé, le président du Cojep est lui aussi condamné à « 20 ans de prison, 10 ans de privation de ses droits civiques, 200 millions de francs CFA » (300 000 euros) de dommages et intérêts à verser aux victimes » pour des « actes de torture, homicides volontaires et viol »