La relative accalmie constatée ces dernières semaines entre le Mali et la France n’est désormais qu’une simple vue de l’esprit. Dimanche 31 juillet 2022, le gouvernement de transition a fustigé les récents propos d’Emmanuel Macron tenus à l’encontre du Mali.
Mali: Assimi Goita intransigeant face à Emmanuel Macron
C’est une véritable réponse du berger à la bergère qui consacre indubitablement la nouvelle montée des tensions entre le Mali et la France. Flegmatique et imperturbable, tel un chef de guerre, mû par la défense des intérêts de son pays, le Colonel Assimi Goita n’a pas fait dans la dentelle pour répondre à une énième pique du président français Emmanuel Macron.
Ce dernier avait notamment affirmé lors de la conférence de presse conjointe avec le président Emballo Sissoko à l’occasion de sa visite officielle en Guinée Bissau que les résultats de Wagner dans la lutte contre le terrorisme dans le pays sont inefficaces. Il a par ailleurs fustigé les autorités maliennes d’exercer de la violence sur certains groupes ethnique ciblés.
Ces propos ont du mal à trouver une résonnance à Bamako. Au contraire, ils ont ulcéré et courroucé les autorités de la transition qui répliquent.
Dans une note publié dimanche 31 juillet, le gouvernement de Transition avec à sa tête, le Colonel Assimi Goita, s’est indigné contre les déclarations d’Emmanuel Macron.
« Le gouvernement du Mali condamne avec la dernière rigueur ces propos haineux et diffamatoires du Président Français et prend à témoin l’opinion nationale et internationale sur ces accusations qui sont de nature à susciter la haine ethnique et à porter atteinte au vivre ensemble, à la cohésion, ainsi que à l’harmonie entre les Maliens », indique le communiqué.
Par ailleurs, Assimi Goita a invité la France et son président Emmanuel Macron à abandonner leur posture paternaliste. « Le gouvernement du Mali « exige du Président Macron d’abandonner définitivement sa posture néocoloniale, paternaliste et condescendante pour comprendre que nul ne peut aimer le Mali mieux que les Maliens eux-mêmes », peut-on lire dans le communiqué.
Un divorce consommé entre Bamako et Paris
Le désamour entre Bamako et Paris n’a cessé d’accroître depuis l’arrivée au pouvoir du Colonel Assimi Goita le 28 mai 2021 à l’issue d’un coup d’Etat contre l’ancien président défunt, Ibrahim Boubacar Keita. Ces crispations ont atteint leur paroxysme avec l’expulsion de l’ancien ambassadeur de France à Bamako par les autorités de la Transition il y a quelques mois.
Ces dernières reprochaient à l’ambassadeur de vouloir diviser les Maliens par ses propos. Le gouvernement de Transition avait également suspendu les deux médias français, RFI, France 24 appartenant au groupe France Média Monde. Ces deux médias sont accusés de se comporter comme la radio Mille collines qui a participé à encourager la haine au Rwanda et ainsi entraîné le génocide dans le pays.
Mais le point culminant de cette crise est sans doute le départ des forces Barkhane du territoire malien, demandé par Bamako.