72 heures après l’interpellation d’Olivier Boko, le mystère persiste quant au lieu où il est gardé. Lors d’un point de presse tenu mardi, ses avocats ont déclaré qu’il était introuvable, n’ayant pas pu entrer en contact avec lui. Aux dernières nouvelles, deux endroits sont évoqués comme possibles lieux de détention de l’homme d’affaires.
Olivier Boko introuvable : deux lieux de garde à vue évoqués, les avocats dans le flou
Au Bénin, une affaire de tentative de coup d’État secoue l’actualité depuis mardi. De nombreux aspects de cette affaire restent encore flous. Lors d’une déclaration de presse mercredi, le Procureur spécial de la Criet a confirmé l’interpellation de l’homme d’affaires Olivier Boko, sans toutefois préciser le lieu où il est gardé. Ses avocats n’ont, eux non plus, aucune information à ce sujet. Face aux médias, ils ont affirmé que leur client avait été enlevé et qu’ils n’avaient aucune nouvelle de lui.
Ces dernières heures, certaines sources avancent deux lieux possibles où l’ami personnel du président Patrice Talon pourrait être gardé : les locaux de la Brigade criminelle ou encore la Direction générale de la police républicaine. Selon Bip FM, une radio basée à Cotonou, son épouse aurait pu entrer en contact avec lui. Le média semble un peu plus affirmatif sur le lieu. « Selon plusieurs sources bien informées, Olivier Boko serait gardé à la Direction de la police nationale. Les mêmes interlocuteurs, généralement bien informés, ont déclaré à Bip radio que son épouse a pu le voir », a rapporté la radio ce vendredi.
Ses avocats disent qu’ils sont toujours en attente de pièces complémentaires sur l’enquête. Impossible de savoir s’ils ont pu échanger avec leur client ou non. À Cotonou, l’opinion publique s’interroge sur le mystère entourant le lieu de détention d’Olivier Boko. Certains évoquent une mesure de sécurité pour éviter d’éventuelles manifestations, compte tenu de l’influence de l’homme. Les cas Azannai, Ajavon et même celui de Patrice Talon dans le passé font sans doute figure d’exemples.
Qu’en est-il d’Oswald Homeky ?
Contrairement à Olivier Boko, les informations semblent plus claires concernant la situation de l’ancien ministre des Sports. Il a été arrêté à son domicile alors qu’il s’apprêtait à remettre une somme de 1 500 000 000 FCFA au Commandant de la Garde républicaine dans le cadre du projet de coup d’État, selon le Procureur. Selon les avocats de la défense, Oswald Homeky est gardé à la Brigade criminelle. Visiblement, il a pu échanger avec eux.
Les faits présentés par le Procureur spécial accablent les deux hommes, qui sont les principaux suspects dans cette affaire. Selon les déclarations du Procureur, Olivier Boko et Oswald Homeky auraient projeté de perpétrer un coup d’État le vendredi 27 septembre 2024. Dans la mise en œuvre de leur plan, ils auraient tenté de convaincre le Commandant de la Garde républicaine avec les 1 500 000 000 FCFA.
Ce dossier, digne d’un scénario de film rocambolesque, n’a visiblement pas encore livré tous ses secrets. L’opinion publique est divisée. Certains suspectent un montage grossier, tandis que d’autres prennent l’affaire très au sérieux. D’ici là, la justice fera la lumière sur cette affaire.
Contexte et timing
L’arrestation d’Olivier Boko, un proche du président Patrice Talon, a plongé les Béninois dans la stupéfaction. Accusé de tentative de coup d’État, l’homme d’affaires se retrouve au cœur d’une affaire qui soulève de nombreuses interrogations. Alors que le procureur spécial de la Criet affirme détenir des preuves accablantes, les avocats d’Olivier Boko dénoncent une arrestation arbitraire. Cette affaire s’inscrit dans un contexte où le président Patrice Talon tente de gérer les ambitions présidentielles au sein de son entourage.
L’affaire éclate à 20 mois de l’élection qui doit marquer l’alternance après les deux mandats de Patrice Talon. Depuis plusieurs mois, bien qu’il soit discret, Olivier Boko est porté par plusieurs mouvements qui l’invitent à se présenter afin de succéder à son ami Patrice Talon. L’intéressé n’a jamais répondu publiquement, mais les appels à sa candidature prenaient de l’ampleur chaque week-end.
Olivier Boko, candidat en 2026 ? Le président Patrice Talon s’est montré peu enthousiaste à cette idée. « Je ne sais pas s’il est candidat », a-t-il déclaré en décembre dernier lors d’un entretien médiatique. Interrogé sur un éventuel soutien à son ami, Patrice Talon a répondu sans ambages : « Je ne suis pas du genre à faire la promotion de ma famille, de mes amis, de mes proches en matière politique. »
Plus loin, le chef de l’État a désapprouvé la précipitation avec laquelle la question de sa succession est abordée, alors même qu’il reste concentré sur des projets de développement. Il a réaffirmé qu’il quittera le pouvoir en 2026. Constitutionnellement, la question de son départ ne se pose plus, mais pour lui, il n’est pas encore temps de se lancer dans des calculs politiques pour désigner son successeur.
Avec cette affaire de tentative de coup d’État, tous ceux qui suscitaient la candidature d’Olivier Boko viennent de subir un coup dur. Désormais refroidis, et en bons politiciens béninois, certains seraient déjà en train de chercher un plan B pour se repositionner. D’ailleurs, depuis le début de cette histoire, un seul mouvement pro-Boko s’est exprimé pour lui apporter son soutien. Il s’agit de « OB26« , dirigé par Jean-Eudes Mitokpè, qui a dénoncé un « acharnement politique » contre son leader charismatique.