Dans une publication sur sa page Facebook, Jean Bonin, cadre du FPI et analyste politique, donne les atouts et faiblesses de Jean-Louis Billon, potentiel candidat du PDCI-RDA à la prochaine élection présidentielle en Côte d’Ivoire.
Ci-dessous l’intégralité de la publication de Jean Bonin concernant Jean-Louis Billon
Chapitre 2 – Jean-Louis Billon
On lui prête des ambitions présidentielles. Il se chuchote même qu’il pourrait être le cheval du PDCI en lieu et place de Bedié. Si tel était le cas, dispose-t-il des atouts nécessaires pour être un cheval gagnant ? Analysons.
A – Faiblesses :
1 – Jean-Louis Billon, son positionnement politique
Élu maire indépendant de Dabakala en 2001, puis président du conseil régional du Hambol sous la bannière du RHDP en 2012, année où il sera également nommé ministre du commerce au titre de ce parti jusqu’en 2017 ; date où il finit par virer au PDCI. Est-ce son point de chute définitif, lui qui depuis un moment fait une cour assidue à Gbagbo Laurent et Charles Blé Goudé qu’il a durement combattu à l’époque de la refondation, notamment sur la gestion du terminal à conteneurs du port d’Abidjan.
Cette image de girouette politique lui colle à la peau et fait qu’il n’a pas la totale confiance des caciques et autres militants de 1ere heure du PDCI et qui explique certainement qu’il ne soit qu’un « secrétaire exécutif adjoint » et non un vice-président du parti. Peut-on être le candidat d’un parti quand on en est même l’un des vice-présidents ? À méditer.
2 – son bilan politique
Maire de Dabakala durant 11 ans, puis président du Conseil Régional du Hambol de 2013 à 2017, le moins qu’on puisse dire c’est que ni sa fortune personnelle ni son entregent dans les milieux d’affaires, encore moins les nombreux postes ministériels qu’il a occupés n’ont permis d’offrir à sa commune la vivacité économique et le développement dont les populations étaient en droit d’attendre de lui.
Contrairement à des hommes d’affaires tels que Zadi Kessy ou Aboulaye Diallo qui ont transformé de fond en comble leur localité, Yocolidabouo et Djekanou. Son bilan en tant que gestionnaire de collectivités territoriales ne plaide pas en sa faveur, notamment en ce qui concerne sa capacité à développer la Côte d’Ivoire. Qui ne peut pas le moins pourra difficilement le plus.
3 – impassible et inactif
Il est notoirement inconnu du grand public, notamment en zone rurale, qui ne sait de lui que les quelques informations qui circulent sur les réseaux sociaux où il n’est pas vraiment présent et actif. On ne le voit pas non plus animer des meetings dans les quartiers, villages et hameaux. Pour l’heure est essentiellement un phénomène urbain qui se contente de critiquer le pouvoir sans lui-même s’illustrer par des contrepropositions percutantes ou rassurantes.
4 – Il n’a pas un bastion
Comme de nombreux technocrates qui s’initient à la politique il n’a pas de bastion acquis à sa cause comme un Soro à Ferké ou un Affi dans la région du Moronou. Est-ce possible d’avoir un destin national lorsqu’on a pas un fort ancrage dans sa propre localité ?
5 – manque de charisme
À l’instar de la plupart des cadres du PDCI, exceptés KKB et Yasmine Ouegnin, il apparaît comme quelqu’un qui est incapable de s’assumer politiquement et qui espère être adoubé par le PDCI et/ou avoir l’onction de Bedié pour oser vraiment se lancer. Cette stratégie attentiste, essentiellement basée sur l’adoubement par un tiers, fait qu’il hésite à s’affirmer et donc à prendre en main son propre destin (de présidentiable).
6 – un faible positionnement à l’international
Il est quasiment impossible de nos jours de se forger un destin national dans un État comme la Côte d’Ivoire sans « fréquenter » les hommes politiques et d’affaires qui y ont de solides intérêts. Sa posture d’homme d’affaires devrait normalement lui ouvrir ses portes, malheureusement il semble être en bisbilles avec certains gros investisseurs étrangers longtemps établis en Côte d’Ivoire, tel que Bolloré.
B – Atouts
1 – Le soutien PDCI
S’il bénéficie de l’appui de l’appareil politique du PDCI, parti dans lequel il semble isolé par manque de soutiens de poids, cela pourrait lui permettre de combler son conséquent retard sur le terrain. Encore faut-il que cet adoubement se fasse le plus tôt possible. Or, Bedié a annoncé que que la convention en vue de la désignation du candidat du PDCI aurait lieu au 2ème semestre de… 2020. Soit approximativement à un petit trimestre de la présidentielle. Autant dire que les jeux sont faits…
2 – Moyens financiers
Il a hérité de son père un groupe financier puissant, ce qui est de nature à lui assurer des moyens conséquents pour le financement de sa campagne. C’est un atout non négligeable.
3 – sa jeunesse
À 54 ans, il est relativement jeune, même si on peut regretter qu’il adopte des attitudes de « vieux ». Sa relative jeunesse est un indéniable atout dans le marigot politique ivoirien qui a plus que jamais besoin qu’on y injecte du sang neuf, d’hommes compétents et intègres.
4 – un vrai patriote
Tant à la présidence de la chambre de commerce qu’au ministère du commerce il a défendu le « Made il Côte d’Ivoire » et s’est fait le chantre de la bonne gouvernance. C’est un indéniable atout dans pays gangrené par la corruption et le clientélisme.