Ce jeudi, le parti Les Démocrates (LD), dirigé par l’ancien président Boni Yayi, s’est enfin prononcé sur l’affaire de la tentative de coup d’État, qui agite l’actualité au Bénin depuis quelques jours, impliquant Olivier Boko et Oswald Homeky. Dans une déclaration rendue publique, le principal parti d’opposition a adopté une position jugée ambiguë par de nombreux observateurs.
Bénin : le parti Les Démocrates (LD) s’exprime enfin sur la tentative de coup d’État
Après un long silence, Les Démocrates ont finalement réagi, mais avec une prise de position qui manque de clarté. Le parti réaffirme son attachement à la démocratie et à l’État de droit, ce qui est en cohérence avec ses valeurs politiques. Toutefois, en analysant la déclaration, il apparaît que la réaction manque de fermeté et de transparence, contrairement aux premières prises de position exprimées par d’autres acteurs politiques. Certes, le parti reconnaît que « le dossier est encore entouré de mystère », mais cela n’explique pas complètement l’attitude ambiguë adoptée. Si le parti a décidé de se prononcer, il est attendu qu’il dispose d’éléments suffisants pour afficher une position claire et sans équivoque.
Du côté des autres formations politiques, la condamnation de cette tentative présumée de coup d’État a été ferme et sans ambiguïté. L’UP le Renouveau, le Bloc Républicain ainsi que la FCBE ont exprimé de manière vigoureuse leur rejet de toute tentative de déstabilisation. Le parti Restaurer l’Espoir de Candide Azannai, farouche opposant au régime en place, a quant à lui minimisé l’affaire, estimant qu’il s’agit d’une simple « imagination ». Selon lui, « il n’y a jamais eu une tentative de coup d’État », une opinion qu’il a soutenue en fournissant des arguments détaillés.
Une position ambivalente de la part des Démocrates
À l’inverse, le principal parti d’opposition, Les Démocrates, est resté flou, alternant entre revendications et une condamnation timide de la situation. Le parti a réaffirmé son attachement aux « principes de dévolution du pouvoir politique par l’organisation d’élections inclusives, transparentes et crédibles ». Il a également rappelé que les forces armées béninoises sont tenues de rester en dehors de la vie politique, conformément à l’engagement pris lors de la Conférence nationale de se cantonner à leurs missions régaliennes de défense de l’intégrité du territoire national.
La déclaration des Démocrates laisse entendre, sans le dire explicitement, que le régime en place pourrait avoir une part de responsabilité dans le climat actuel. Le parti affirme que jusqu’en 2016, sous les régimes politiques précédents, des élections inclusives, transparentes et crédibles ont été organisées dans un climat politique apaisé. Mais selon eux, « sous le président Patrice Talon, le pays n’a connu aucune véritable élection démocratique« . Ils ont par la suite enchainé avec une série de revendications dénonçant la gestion politique actuelle.
Le Secrétaire à la Communication des Démocrates, Guy Mitokpè, a insinué lors de la déclaration publique que la tentative de coup d’État évoquée par le gouvernement ne fait que révéler la profondeur de la crise politique dans laquelle se trouve le Bénin depuis l’arrivée au pouvoir de Patrice Talon. Il a également invité le chef de l’État et son gouvernement à « renouer avec les valeurs démocratiques et l’État de droit », tout en les exhortant à éviter ce qu’il a qualifié de « coups d’État institutionnels« , qu’il considère comme des terrains fertiles pour les coups d’État militaires.
Appel à un dialogue politique inclusif et élections de 2026 en ligne de mire
Profitant de cette affaire de tentative de Coup d’Etat, Les Démocrates ont réitéré leur appel à un « dialogue politique inclusif« , une demande constante de la part du parti pour régler les questions des « détenus politiques, exilés politiques » et « procéder courageusement au réexamen du code électoral« . Ils ont également souligné que le gouvernement de Patrice Talon est en perte de vitesse, invitant les Béninois à rester vigilants et à faire pression pour que les élections prévues en 2026 soient « transparentes, inclusives et pacifiques ».