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- Tensions Nigéria et Burkina Faso : un incident militaire qui vire à la crise diplomatique
- Pourquoi l’atterrissage du C-130 à Bobo-Dioulasso pose problème
- Les soupçons de Ouaga dans l’affaire des 11 soldats nigérians
- Comment le Burkina Faso a détecté et contraint l’avion nigérian à se poser
- L’option militaire évoquée à Abuja, mais largement contestée
- AES, CEDEAO : un contexte régional explosif
- Abuja dément la convocation de son ambassadeur par les autorités portugaises
D’intenses négociations diplomatiques sont présentement en cours entre le Nigéria et Burkina Faso. Objectif pour Abuja : récupérer son avion C-130 et ses onze membres des forces spéciales présentement détenus à Ouaga.
Tensions Nigéria et Burkina Faso : un incident militaire qui vire à la crise diplomatique
Cela fait maintenant une semaine que de grosses tensions sont nées entre le Nigéria et le Burkina Faso. L’affaire a démarré le 7 décembre dernier avec la tentative de coup d’État avortée au Bénin. Le géant sous-régional est intervenu militairement pour mettre en déroute les putschistes béninois.
L’affaire aurait pu s’arrêter là, mais non. Un avion C-130 de l’armée nigériane a survolé le ciel burkinabè sans autorisation préalable. Cet appareil ne se serait signalé aux autorités du Burkina qu’une fois en détresse et pour demander une autorisation de se poser à l’aéroport de Bobo-Dioulasso.
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Pourquoi l’atterrissage du C-130 à Bobo-Dioulasso pose problème
De là, plusieurs interrogations sont nées. Le Burkina Faso se demande ce que cherchait le C-130 dans son ciel sans autorisation. Du côté nigérian, on évoque une mission au Portugal. Cette réponse appelle deux autres questions à Ouaga. Pourquoi passer par Ouaga pour aller au Portugal, qui se trouve à l’opposé ? Et sinon, pourquoi ne pas avoir demandé l’autorisation avant de faire pénétrer l’engin dans l’espace aérien du Burkina Faso ?
Du côté nigérian, on explique que le ciel burkinabè n’a été pénétré qu’une fois la détresse constatée. Dans ce cas, pourquoi l’avion ne s’est-il pas posé au Bénin, au Togo ou au Ghana, avec qui le Nigéria entretient de bien meilleures relations ?
Les soupçons de Ouaga dans l’affaire des 11 soldats nigérians
Une bonne partie des membres du système sécuritaire du Burkina Faso redoute donc un parachutage de terroristes ou d’armes par cet avion sur le sol burkinabè. Cet avion C-130 est spécialisé dans l’acheminement de matériel militaire lourd ou sensible, voire dans l’insertion et l’extraction de forces spéciales sur tout terrain.
Comment le Burkina Faso a détecté et contraint l’avion nigérian à se poser
Selon une source confidentielle à Afrique Sur 7, l’avion C-130 a été détecté alors qu’il avait désactivé son signal. Il aurait été repéré dès son entrée dans le ciel burkinabè par la défense aérienne. C’est après observation de son changement d’allure qu’aurait été prise la décision de brouiller l’appareil électroniquement pour le contraindre à se poser à l’aéroport de Bobo-Dioulasso.
Depuis, aussi bien l’appareil que ses onze occupants sont retenus à Ouaga. Les téléphones sonnent, mais aucune issue n’est encore trouvée. Le Burkina Faso aurait un certain nombre d’exigences, à savoir des aveux du Nigéria sur les raisons de la présence de l’appareil dans la zone. Pour le moment, Abuja refuse de se plier à une telle demande, qui porterait une grosse atteinte à son image au plan régional.
Comme l’affaire des 49 soldats ivoiriens bloqués plusieurs semaines au Mali, tout laisse penser que les 11 soldats nigérians pourraient durer à Ouaga.
L’option militaire évoquée à Abuja, mais largement contestée
Dans l’état actuel du dossier, le Nigéria est en faute. Il n’est donc pas en position de force au point de bander les muscles, bien malgré son rang de première puissance militaire d’Afrique de l’Ouest.
Dans le cas où le Nigéria s’engagerait dans une attaque contre le Burkina Faso, il ferait planer sur l’intégrité physique de ses gars un énorme risque. Quel pourrait être l’objectif d’une utilisation de la force ?
Il faut aussi noter que le Burkina Faso est membre de l’AES et que l’alliance a déjà prévenu de sa solidarité active en cas d’attaque de l’un de ses membres. La Confédération des États du Sahel a d’ailleurs déclaré que les enquêteurs avaient « mis en évidence l’absence d’autorisation de survol du territoire burkinabè pour cet engin militaire ».
Elle a ajouté que le bloc régional « condamne avec la plus grande fermeté cette violation de son espace aérien et de la souveraineté de ses États membres ».
AES, CEDEAO : un contexte régional explosif
Le Nigéria, en cas d’utilisation de la force, passerait par quel pays pour atteindre le Burkina Faso ? Outre peut-être le Bénin dans la CEDEAO qui n’y a pas un grand intérêt, le Ghana et le Togo ne devraient pas autoriser le passage d’avions nigérians dans leur ciel pour attaquer le Burkina Faso. La Côte d’Ivoire non-plus, malgré ses relations difficiles avec son voisin.
À noter que les armées de l’AES, au contraire des autres forces militaires d’Afrique de l’Ouest, sont les seules à vivre la guerre au quotidien depuis plusieurs années. Elles sont donc plus aguerries en la matière, ce qui devrait faire réfléchir par deux fois toute armée tentée d’en découdre avec elles.
Quel bénéfice pourrait tirer le Nigéria d’une guerre contre le Burkina Faso, le Mali et le Niger ? Aucun ! Le Nigéria, confronté au terrorisme et au grand banditisme endémique sur son sol, désorganiserait sa société en engageant son armée dans une telle guerre.
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Alors qu’un rumeur circulait sur la convocation de l’ambassadeur nigérian par les autorités portugaises, Kimiebi Ebienfa, porte-parole du ministère des affaires étrangères du Nigéria, a démenti l’information.
« La prétendue convocation de l’ambassadeur du Nigéria à Lisbonne par les autorités portugaises au sujet d’un avion de l’armée de l’air nigériane se rendant au Portugal pour maintenance est une fausse information », a-t-il déclaré face aux journalistes, tel que rapporté par le confrère punchng.

