Les catholiques du Comité laïc de coordination (CNC) ont organisé des manifestations contre le maintien du président Joseph Kabila au pouvoir. Ces manifestations ont violemment été reprimées et de nombreuses messes ont été dispersées dans des églises à coup de gaz lacrymogènes et de tirs à l’arme de guerre. Au-delà de cette sévère répression, l’Église a prouvé qu’elle restait une autorité morale dont la voix porte en RDC.
Les catholiques du Comité laïc de coordination remontés contre Kabila
Ce dimanche 31 décembre 2017, les chrétiens catholiques avaient prévu descendre dans les rues de Kinshasa, la capitale congolaise, pour exiger la mise en oeuvre intégrale de l’accord Saint-Sylvestre qui prévoit une gestion consensuelle du pays et une prolongation d’une année minimum du règne du président Joseph Kabila, dont le second et dernier mandat constitutionnel est arrivé à terme le 19 décembre 2016.
Face à cette perspective de marche dite pacifique, le pouvoir a dépêché des policiers et des militaires lourdement armés un peu partout dans les rues de la capitale. Les forces de l’ordre congolaises ont mené ainsi des opérations musclées dans les lieux de culte, déterminées à étouffer tout mouvement de grogne contre le Président Kabila.
Cette répression s’est terminée dans le sang et le bilan des victimes diverge d’une partie à une autre. Au total, selon les Nations unies, au moins huit personnes ont été tuées lors des rassemblements. Les catholiques du Comité laïc de coordination (CNC) parlent de dix manifestants morts sous les balles, tandis que le gouvernement évoque quatre victimes, dont un policier.
De son côté, l’Église catholique se dit vraiment peiné par cet agissement et dénonce les violences commises dans l’enceinte de ses lieux de culte. « Nous sommes touchés au cœur. Des paroissiens ont été abattus à bout portant », commente un membre de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco).
Par ailleurs, cette situation montre bien que l’Église joue un rôle important dans les mobilisations en RDC, où on n’avait plus vu autant de monde tenter de manifester dans les rues de Kinshasa après les répressions de janvier 2015, puis en septembre et en décembre 2016, quand plusieurs dizaines de manifestants ont perdu la vie dans l’attente d’élections en RDC.